| HOURVARI, subst. masc. A. − VÉNERIE 1. Vx. Cri des chasseurs ou sonnerie de trompe pour ramener les chiens tombés en défaut : Le baron n'en continue pas moins : « Je veux ramener : Monsieur me soutient que nous en revoyons; que sa meute est dans le droit : les chiens se partagent, j'appuie les bons, je crie hourvari sur les autres; deux coquins de piqueurs, aussi savans que leur maître, se mettent à sonner; la tête tourne à la meute entière, la voie est tout-à-fait perdue, et la chasse est au diable : maintenant, je demande à qui la faute? »
Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 174. 2. Ruse d'une bête traquée consistant à revenir sur ses voies pour mettre les chiens en défaut. Faire un hourvari; saut en hourvari. Un retour : le limier a coupé la voie, l'a retrouvée en deux pirouettes rapides, affairées. Son fouet commence à tourniquer. Un hourvari : ce n'est pas le premier (Genevoix, Dern. harde,1938, p. 202). B. − Littér., vx. Difficulté inattendue. Les tracas d'une succession à liquider, (...) les courses nécessitées par des affaires insolites, ses débats avec sa femme (...); ce hourvari qui contrastait avec la tranquillité de sa vie ordinaire, empêcha le grand Minoret de songer à sa victime (Balzac, U. Mirouët,1841, p. 198). C. − Grand tumulte. Anton. calme, silence.Le hourvari des clameurs, des trompettes. Il y a là un étrange hourvari (Ac.). Il (...) n'avait pas encore lâché la crête de la muraille lorsqu'un hourvari violent annonça l'arrivée de la patrouille (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 551).Comme il reprenait haleine, une voix s'éleva dominant le hourvari. − Mais cassez-lui donc la gueule, Bon Dieu (Aymé, Rue sans nom,1930, p. 102).Le repos du prince Luigi ne sera plus troublé par le sabbat de l'Uni-Park, le hourvari obscène de ses haut-parleurs, le fracas répugnant de ses attractions (Queneau, Pierrot,1942, p. 218). Prononc. et Orth. : [uʀvaʀi] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1718; ds Ac. 1878 : hourvari ou ourvari. La var. sans h est attestée aussi ds Raymond 1832, Boiste 1834 et Littré mais non ds les dict. du xxes. ni ds la docum. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 201 la recommande. La graph. anc. hourvary ds La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 156, s'explique peut-être d'après vary et revary qui voisinent dans le même texte. Au plur. des hourvaris. Étymol. et Hist. 1. a) 1561 horvari « cri des chasseurs pour rappeler les chiens égarés par une ruse de l'animal poursuivi » (J. Du Fouilloux, Vénerie, éd. G. Tilander, 42, 28); b) [av. 1684, P. Corneille ds Dochez 1860] 1704 (Trév. : Hourvari, se prend généralement en parlant de tout désordre. On dit il y a eu un grand hourvari. Le vulgaire dit houvari. Tumultus); spéc. 1691 (Ozanam, p. 258 : Un vent qui vient dans quelques Isles d'Amérique tous les soirs de terre, accompagné de pluye et de Tonnerre, se nomme Hourvary); 2. a) 1571 apprendre toutes ruses et hourvaris (Gohory, Trad. d'Amadis, 34a, livre XIII d'apr. Vaganay ds Fr. mod. t. 6, p. 62); av. 1577 « ruse de l'animal poursuivi pour égarer les chiens sur une fausse piste » (Traité de la Vénerie de G. Budé, trad. par L. Leroy, éd. H. Chevreul, p. 14); b) 1676 « contretemps, obstacle » (MmeDe Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, t. 4, p. 526). Terme prob. composé de horva (1561, Du Fouilloux, op. cit., 58, 14) signifiant « il va en dehors, il sort (de la piste suivie) » et du cri hari, var. de haro*, attesté du xiiieau xvies. comme cri de ceux qui mènent des animaux (T.-L. et Gdf.) et signalé au xviies. comme cri des chasseurs pour mettre les chiens de garde (Vénerie royale, 1655, éd. 1888, p. 245 d'apr. Tilander Nouv. Essais 1957, p. 88); horva hari contracté en horvari ayant été normalement modifié en hourvari avec en outre l'influence de cris de chasseurs comme hou et houre. Cette hyp. est liée à l'étymol. proposée pour reva et revari (il reva parallèle à il hor(s) va + hari), v. Tilander, op. cit., pp. 174-190. L'hyp. d'une formation sur un rad. expressif hurr (d'où le cri houre, cf. FEW t. 4, p. 518 et Dauzat 1973) est moins satisfaisante, notamment pour expliquer -vari. Un croisement avec charivari* (cf. Dauzat 1973) ne peut être à l'orig. du terme mais c'est prob. le rapprochement, p. étymol. pop., de charivari et hourvari qui est à l'orig. de l'évolution de ce dernier vers le sens de « désordre, tumulte ». Fréq. abs. littér. : 23. |