| HOUPPE, subst. fém. A. − Assemblage de brins de laine, de soie, de fils liés ensemble à une extrémité de manière à former une touffe et qui sert d'ornement. Synon. pompon.Houppe de couleur; jupe frangée de houppes; bonnet, coussin orné de houppes. Au sommet de la tête quelques femmes portent encore une calotte d'or ciselé, en forme de coupe renversée; du milieu de cette calotte sort un gland d'or qui porte une houppe de perles, et qui flotte sur le derrière de la tête (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 197).Il [un Grec] portait le tarbouch de feutre rouge, inondé par derrière d'une longue houppe de soie floche bleue (Gautier, Rom. momie,1858, p. 154).L'oriflamme était en forme de gonfalon à deux queues, faite d'une étoffe (...) qu'on nommait sandal, et toute bordée de houppes de soie verte (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 210).V. cramignole ex. ♦ HÉRALD. Élément du timbre des blasons des dignitaires ecclésiastiques représentant la houppe de soie qui orne leurs chapeaux. (Dict. xixeet xxes.). − Houppe (à poudrer/à poudre [de riz]). Instrument en duvet (de cygne, d'oie) ou en matière textile soyeuse qui sert à appliquer la poudre de riz. Synon. houppette.Boîte à houppe. Saint-Jean m'a dit qu'au moment où il avait approché la houppe de sa tête, il s'était levé furieux en disant : « Ah! tout ce que vous voudrez, excepté cette farine-là » (Sand, Mauprat,1837, p. 101).Les très belles houppes sont en pur duvet de cygne. La qualité moyenne se fait en duvet d'oie (...) avec environ un dixième de duvet de cygne. Il se fait aussi des houppes de velours (Lar. mén.1926, p. 668).Sur sa table de travail un poudrier d'argent était ouvert, laissant voir une houppe ronde et blanche, pareille à un petit nuage (Green, Moïra,1950, p. 158). B. − [P. anal. de forme] 1. Touffe d'éléments naturels partant d'un même point ou d'une surface circonscrite et qui généralement s'épanouissent à leur extrémité libre. Houppe de feuilles, de fleurs, de lichen. Cette verrue était de la grosseur d'un pois chiche, et surmontée d'une petite houppe de poils très-délicats (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 72).Au lieu de feuilles qui recueillent la pluie, ce sont des houppes de petits tubes qui plongent dans l'humidité ambiante et l'absorbent (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 80).Un lièvre sortit des ronces − elle vit son œil effaré, bombé, sa houppe de queue noire et blanche (Pourrat, Gaspard,1930, p. 229). − Houppe (de cheveux). Synon. huppe, toupet.Riquet à la houppe, cf. étymol. 1 c. Sur son crâne très gras moutonnait un léger duvet blond châtain, avec une petite houppe dans le milieu (Barrès, Serv. All.,1905, p. 182).Un instant, il rebroussa du plat de la main, rêveur, la houppe grise qui couronnait son front hâlé (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 63). − Houppe (de plumes). Synon. aigrette, huppe.Houppe du cacatoès. Poules cochinchinoises, ces poules toutes noires avec leurs houppes blanches (Goncourt, Journal,1895, p. 814). − Houppe des arbres. Synon. cime, houppier.Houppe des noisetiers, des oliviers, des saules. Rien ne bouge, pas plus la haute houppe des palmiers que les noirs écueils du fleuve (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 203).La houppe obscure d'un pin se juxtapose à la montagne couleur de tourterelle (Claudel, Connaiss. Est,1907p. 81). 2. Spécialement a) ANATOMIE ♦ Houppes nerveuses. Papilles qui terminent certains nerfs. Houppes nerveuses de la langue, du palais. Le sens du goût est celui qui paraît (...) avoir le plus de rapport avec le toucher; les saveurs ne sont en effet que le tact propre de la langue et du palais; les molécules sapides s'appliquent sur leurs houppes nerveuses (...) comme des parties plus matérielles à la surface de la main et au bout des doigts (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 27).N'est pas gourmand qui veut. (...) il est des individus à qui la nature a refusé une finesse d'organes, ou une tenue d'attention sans lesquelles les mets les plus succulents passent inaperçus. La physiologie a déjà reconnu la première de ces variétés, en nous montrant la langue de ces infortunés mal pourvue des houppes nerveuses destinées à inhaler et apprécier les saveurs (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 150).Jamais ses narines (...) n'ont mieux goûté, savouré, filtré au travers d'invisibles cils, les trillions de houppes nerveuses, un air plus riche, plus dense, chargé d'odeurs (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1395). ♦ Houppe du menton. Petit muscle conoïde implanté de chaque côté de la symphyse du menton. Certains commis de marchands ont l'habitude de placer la main qui tient la longe appliquée en arrière de la houppe du menton (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 244). ♦ Houppes de Monks. ,,Petites élévations du péritoine du mésentère dues à la présence de pelotons graisseux dans la lunette de Monks`` (Méd. Biol. t. 2 1971). b) TECHNOL., vx. Récipient conique muni d'une touffe de poils qui permet de diviser les parcelles de soufre à étendre sur les végétaux. Boîte à houppe. Les houppes ou boîtes à soufrer (...) consistent en une capacité percée d'orifices de petit diamètre, à travers lesquels le soufre tombe quand on agite la boîte (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 281). Prononc. et Orth. : [up] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. houp! (v. hop). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1350 houpe « assemblage de bouts de fil, de laine, de soie, en touffe, en bouquets » (G. Le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, II, 154); b) 1559 houppe ornith. (J. Amyot, Comment on pourra recevoir utilité de ses ennemis, 10 ds Hug.); c) 1697 Riquet à la houppe [titre d'un conte de Ch. Perrault]; 2. 1409 « sommet d'un arbre » (doc. ds Gdf.). Mot de l'extrême Nord du galloroman où il a développé les sens de « touffe » et de « cime d'arbre »; vient prob. de l'a. b. frq. *huppo « touffe » que l'on peut restituer d'apr. le flam. hoppe « touffe d'herbe, toutes sortes de végétaux qui sortent de terre » et le rhénan hupp, huppen « tas de paille, de lessive, etc., en forme de pyramide »; cf. FEW t. 16, p. 268. Fréq. abs. littér. : 105. DÉR. Houpper, verbe trans.Disposer en houppe; garnir de houppes. Houpper de la soie (Rob.). Houpper de la laine. ,,La peigner`` (Rob.). − [upe] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1798. − 1resattest. a) fin xiiies. huppé « qui a une houppe » (G. de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 280), b) α) 1587 se houpper « se garnir de houppes (en parlant de la toison d'un bélier) » (P. de Ronsard, Élégies ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 18, p. 250, 54),
β) 1680 houpper « disposer en houppes » (Rich.); de houppe, suff. -é* puis dés. -er. |