| * Dans l'article "HIVERNAGE,, subst. masc." HIVERNAGE, subst. masc. Action d'hiverner; résultat de cette action. A. − Langage courant 1. [À propos de certains animaux; correspond à hiverner A 1 c] ZOOL. Le retour de certaines constellations (...) en un point déterminé du ciel, coïncide avec le retour des saisons, (...) avec l'hivernage de certains animaux... (M. Boll, Qq. sciences captivantes,1941, p. 189). 2. [À propos de pers.; correspond à hiverner A 1 b] Il va à Nice, cette fois, et espère dans ce dernier hivernage, clôturer la série de ses hivers loin de Paris (Goncourt, Journal,1895, p. 855).Je me décide à lui parler de ce projet d'hivernage à St.-Clair (Gide, Journal,1916, p. 569). B. Domaines spéciaux 1. AGRIC. − ,,Labour qu'on donne avant l'hiver aux terres ou aux vignes`` (Ac.; dict. xixeet xxes.). − Séjour des bestiaux à l'étable, dans la bergerie. Sur le sol battu qui, malgré le râteau, avait gardé, de l'hivernage des moutons, une odeur ammoniacale si aiguë, que les yeux en pleuraient (Zola, Terre,1887, p. 241). − Fourrage de graminées et de légumineuses qu'on sème ensemble au printemps ou en automne, destiné à la consommation d'hiver du bétail. Synon. vieilli et région. dravière.Hivernage de seigle et de vesce. (Dict. xixeet xxes.). 2. CLIMATOL. Saison pluvieuse des pays tropicaux. Nous étions dans la saison de l'hivernage, et conséquemment des orages et des ouragans; mais nous ne nous étions pas attendus à éprouver des temps aussi constamment mauvais (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 244).L'hivernage s'avançait, traversé d'immenses rafales de vent qui poussaient devant elles les nuages, et ils ne crevaient pas (Psichari, Voy. Centur.,1914, p. 48). 3. MAR. [Correspond à hiverner A 1 a] Temps de relâche des navires dans un port pendant l'hiver. Un navire pris au piège des glaces de l'hivernage (Gracq, Beau tén.,1945, p. 173). − P. méton. Port abrité où les navires relâchent. Trouvant un hivernage sur les lieux mêmes, dans l'Inde, quand la routine voulait qu'on fût les chercher à douze ou quinze cents lieues de là, à l'île de France (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 284). C. − Au fig. Et quand s'éveilleront du haut des citadelles tant de veilleurs sortis d'un terrible hivernage (Péguy, Ève,1913, p. 748).Notre furieuse exigence de neutralité dans le drame actuel, le plus grand de l'histoire, est le désir de ne pas sortir d'un hivernage politique qui dure depuis le xvesiècle (Morand, Flagell. Séville,1951, p. 295) : Une force invincible unit toujours les Baillard à la montagne sainte. C'est assez pour que nous maintenions sur eux notre regard, durant ces misérables années d'un hivernage sans sommeil, durant ces cinq années où, séparés les uns des autres, ils vivent en veilleuses.
Barrès, Colline insp.,1913, p. 248. REM. Hivernement, subst. masc.,synon. de hivernage,rare. Il s'assurait que la frêle forteresse de bois était pourvue d'eau, de bois et de vivres, et s'abandonnait alors à la mollesse de l'hivernement, fumant d'innombrables pipes (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 118). Prononc. et Orth. : [ivε
ʀna:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1226 ybernage « semailles d'hiver » (Don faits aux Templiers d'Orléans par Malemore, Arch. Loiret, Inv. de 1766 ds Gdf.); xiiies. yvrenage (Cart. du Val St Lambert, Richel. 1. 10176, fo34c, ibid.); 2. 1636 (Monet : Hiverner, tenir an hivernage); 1797 en partic. « temps de relâche pour les bateaux » (Voy. La Pérouse, t. 3, p. 160); 1867 « séjour du bétail dans l'étable » (Littré). Dér. de hiverner*; suff. -age*; pour le sens 1 cf. lat. médiév. hibernaticum, hivernaticum, hivernagium « semailles du blé d'hiver » (868 ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 47. |