| HISTORIER, verbe trans. A. − Vieilli. [À propos d'un récit oral ou écrit] 1. [Le suj. désigne une pers.] Dire, raconter (quelque chose) avec des détails; enjoliver (quelque chose) : 1. ... notez pour vous aussi les indices de romans à faire (...) ce sera joli de travailler à qui mieux mieux tous les trois dépeçant chacun et historiant notre canton de Vaud.
Sainte-Beuve, Corresp., t. 3, 1839, p. 127. − P. anal. [À propos d'un tableau] :
2. Ce thème [de La Ronde de nuit] était trop banal pour qu'il [Rembrandt] ne l'historiât pas de quelque manière, et d'autre part trop précis pour qu'il y mît beaucoup d'invention.
Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 297. 2. P. méton.; [le suj. désigne un élément de récit, de conversation] Agrémenter. Le dîner fut (...) extrêmement gai, plein de bonhomie, historié par de grosses plaisanteries (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 204). B. − Dans le domaine des arts décoratifs, des beaux-arts. 1. [Le suj. désigne une pers.] Décorer (le support d'une œuvre) de scènes mythologiques, religieuses, d'ornements divers. Il y a bien aussi les dames du monde qui historient le parchemin (Huysmans, Oblat, t. 2, 1903, p. 103). − Historier de.Elles brodent des étoffes précieuses, qu'elles historient de compositions (Faral, Vie temps St Louis,1942, p. 140). ♦ P. ext. On ne l'a point plaqué d'or [un salon], historié de statues, enluminé de peintures (Taine, Notes Paris,1867, p. 30). − Emploi adj. ♦ Chapiteau historié. Chapiteau qui porte des peintures ou des sculptures représentant des êtres animés, des scènes religieuses : 3. Le plus joli chapiteau historié [it. ds le texte] que je connaisse se trouve à Issoire (...) il représente des vierges ailées et des guerriers endormis revêtus de cottes de mailles.
Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 326. ♦ Lettre, lettrine historiée. Lettre, lettrine qui est décorée et, plus particulièrement, qui est ornée de scènes relatives au sujet de l'écrit. La lettre ornée lui avait inspiré l'ambition de la lettrine historiée, puis de la miniature détachée du texte (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 133). 2. P. méton.; [le suj. désigne une scène, un ornement] Décorer (son support). Le triomphe de Flore historiait l'espace d'une haute tapisserie (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 401). − P. ext. Petits boutons de porcelaine historiant les coutures de sa blouse (Adam, Enf. Aust.,1902p. 262). 3. [Le suj. désigne un peintre] Représenter (quelqu'un) sous les traits, dans le costume d'un personnage tiré de l'histoire ou de la fable. Un des plus délicieux portraits de femme que jamais Rubens ait conçus ou historiés en portrait allégorique (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 95). REM. Historieur, subst. masc.Celui qui enluminait les manuscrits au Moyen Âge. Le fisc vient de le louer à Guillaume Alixandre, historieur (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 65). Prononc. et Orth. : [istɔ
ʀje], (il) historie [istɔ
ʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xives. historyer « raconter en historien » (Froissart, Chron., éd. L. Mirot, livre 3, § 72, t. 12, p. 237) − 1675 (Widerhold Fr.-all. d'apr. FEW t. 4, p. 439b); repris par la lexicogr. dep. 1840 (Ac. Compl. 1842); 2. 1409-10 historier « représenter des événements » (Compt. de la fabrique de S.-Pierre, A. Aube, 61559, fo123 vods Gdf. Compl.); 1487 adj. histoiré (Archives du Nord, B 3501, no123744, Fo53 ds IGLF); 1542 historier « orner d'enjolivements » (Du Pinet, Pline, IV, 8 ds Gdf. Compl.). Empr. du lat. médiév.historiare (ca 1150 ds Latham), attesté en b. lat. au sens de « chercher à s'informer », dér. de historia, v. histoire. Fréq. abs. littér. : 65. |