| HIBOU, subst. masc. A. − Rapace nocturne existant sous diverses espèces, généralement caractérisé par des aigrettes sur le front, un bec crochu, de gros yeux ronds tournés vers l'avant, réputé pour son cri et pour nicher dans un trou ou un nid abandonné. Le hibou hue, (h)ulule; hibou empaillé. Quand ils apercevaient sur une porte un hibou crucifié, ils entraient dans la ferme et disaient : − « Vous avez tort, − ces animaux vivent de rats, de campagnols... » (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 177) : Au-dessus, dans les greniers, gîtaient, pendant le jour, les hiboux, les chouettes et les choucas avec leurs oreilles de plume, leurs têtes de chat et leurs rondes prunelles phosphorescentes. Le toit effondré en vingt endroits laissait entrer et sortir librement ces aimables oiseaux...
Gautier, Fracasse,1863, p. 9. ♦ Hibou commun. Moyen-duc sédentaire en Europe (cf. Privat-Foc. 1870). B. − Fam. [À propos d'une pers.] 1. Subst. + de hibou ♦ Air, aspect, mine de hibou. Air triste, mélancolique. ♦ Yeux de hibou. Yeux ronds et fixes. En attendant que la nuit vienne, elle darde [la France] stupidement sur le soleil ses grands yeux ronds, (...) ses grands yeux de hibou prévus par le poète (Verlaine,
Œuvres posth., t. 3, Les Imbéciles, 1896, p. 75).Qui de nous n'a rencontré l'homme d'affaires standard, ses quatre-vingts kilos bien posés sur d'épaisses semelles de crêpe, nous fixant de ses yeux de hibou derrière ses lunettes de fausse écaille (Morand, Excurs. immob.,1944, p. 159). ♦ ,,Un nid, une retraite de hiboux. Vieille demeure inhabitée`` (Ac.). 2. Loc. verb. ♦ Être un (vrai) hibou. Fuir la société, se tenir à l'écart des autres personnes. On disait de J.-J. Rousseau : « C'est un hibou. − Oui, dit quelqu'un, mais c'est celui de Minerve... » (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 107). ♦ Faire le hibou. Rester à l'écart des autres personnes, sans rien dire (cf. Rob.). ♦ Demeurer, vivre en hibou. Vivre en solitaire. Tu connais Filoutin, ce vieux célibataire Qui demeure au Marais en hibou solitaire? (Barbier, Satires,1865, p. 18). Prononc. et Orth. : [ibu] init. asp. ,,Le hibou et non pas l'hibou`` (Fér. 1768 et Fér. t. 2 1787). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [xie-xives. gl. judéo-fr., v. Levy Trésor, s.v. ibou]; 1530 huiboust (Palsgr., p. 18); 1535 [date de l'éd. B] (jouer) au hybou (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, p. 137, var. des éd. B. et E.). Orig. inc. (FEW t. 21, p. 238a), peut-être onomatopéique, d'après le cri du hibou : hou*, houhou*. Fréq. abs. littér. : 316. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 423, b) 754; xxes. : a) 424, b) 323. Bbg. Paris (G.). Romania. 1882, t. 11, p. 163. |