| HERSE, subst. fém. A. − Instrument aratoire (porté ou traîné par un attelage, un tracteur) composé d'un châssis muni de dents, qui sert à ameublir la couche superficielle du sol, à rompre les mottes d'une terre labourée ou à recouvrir les semences. Herse articulée, rigide, souple; herse traînante, traînée; herse à chaînons, à clavier, à disques; herse à dents inclinables, à dents indépendantes, à dents souples. Des hommes (...) binent la terre avec des hoyaux; d'autres traînent une herse légère que deux paysans maintiennent par derrière, afin qu'elle ne saute pas par-dessus les mottes de terre avant de les avoir écrasées (Du Camp, Nil,1854, p. 200).N'ayant ni rouleau émotteur, ni canadienne pour réduire en poudre le sol, ils [nos pères] employaient une charrue de bois étroite, de poids léger, qu'ils passaient et repassaient sur le guéret. Une herse aux dents de bois de même alternait avec le soc (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 160). ♦ Herse rotative. Herse (...) ,,dont les pointes sont disposées suivant les génératrices de tambours cylindriques à axes inclinés latéralement afin de provoquer leur rotation pendant la marche`` (Agric. 1977). ♦ Herse roulante. Herse dont les dents sont fixées sur des cylindres. Les herses roulantes appelées aussi herses norvégiennes (...), émotteuses, sont à un ou plusieurs compartiments (Passelègue, Mach. agric.,1930, p. 91). − HÉRALD. Figure du blason représentant cet instrument. D'azur à trois herses d'or (Lar. 19e). − En herse. En forme de herse (gén. en forme de losange). Elles [des outardes] volaient en herse par bandes de cinquantaine (Guèvremont, Survenant,1945, p. 76). B. − P. anal. 1. a) Grille composée de pièces de fer et de bois, terminée à la partie inférieure par de fortes pointes, qui s'abaissait et se relevait au moyen d'un contre-poids et d'un treuil pour défendre l'entrée des fortifications, des châteaux-forts. Abattre, baisser, lever, remonter, faire/laisser tomber la herse; herse sarrasine. La herse pendue entre deux gargouilles n'en peut plus de rouiller (Céline, Voyage,1932, p. 370) : 1. Le pont-levis (...) faisait (...) l'office d'un large bouclier opposé à l'ennemi; mais celui-ci (...) pouvait parvenir à l'abaisser. Il fallut donc opposer un autre obstacle. Ce fut la herse [it. ds le texte], espèce de lourde grille en fer (...). Cette machine s'élevait ou s'abaissait, en glissant dans des rainures pratiquées aux parois des murailles du passage. On élevait la herse à l'aide d'une machine, et, à l'approche d'un danger, on la laissait tomber.
Mérimée, Ét. arts Moy.-Âge,1870, p. 236. − HÉRALD. Herse sarrasine. Figure du blason formée de six pals alésés et aiguisés par le bas, avec traverses jointes par de gros clous, représentant la herse des places fortifiées. Herse sarrasine abaissée, levée, ouverte. Coulisse ou Herse sarrasine (...), on la dit coulissée de... s'il y a un Émail distinct pour les côtés (P.-B. Gheusi, Le Blason, Paris, M. Darantière,1933, p. 336). − P. métaph. Dessous [une petite pente] (...) c'est toute une herse d'arbres serrés (Giono, Batailles ds mont.,1937, p. 99).Son regard, plongeant dans les ténèbres de la chapelle, aperçut une herse de petites flammes (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 774). b) P. ext. Grille établie en travers d'un passage, d'un cours d'eau, interdisant l'accès à un lieu. Monte-Cristo chercha la porte du petit enclos, et ne tarda point à la trouver. C'était une petite herse en bois, roulant sur des gonds d'osier et se fermant avec un clou et une ficelle (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 32).Auprès du moulin Des cadavres étaient arrêtés par la herse (Coppée, Théâtre, Guerre Cent ans, 1878, p. 183). 2. Spécialement a)
α) SPECTACLE (théâtre, cin.). Rangée de lampes invisibles aux spectateurs suspendue horizontalement au-dessus de la scène. Herse électrique; allumer les herses; lumière des herses : 2. Quant à la scène, elle a acquis elle aussi une unité indépendante. Retranchée de la salle par la fosse d'orchestre et par son propre exhaussement, cuirassée de décors, hérissée de herses et de tous les artifices de sa machinerie, elle s'abrite derrière l'opacité du rideau comme derrière la transparence de la paroi de lumière que dresse la rampe.
Serrière, T.N.P.,1959, p. 58.
β) Grand chandelier d'église triangulaire ou en forme d'if. Il n'y a qu'à brûler pauvrement et fidèlement comme cette flamme aiguë et frissonnante aux pieds de mon Seigneur. Comme les quinze cierges sur la herse à l'Office de Ténèbres que l'on éteint l'un après l'autre (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 146). b) ARCHIT. ,,Épure tracée sur le sol et qui représente la projection générale des pans de toits d'un comble sur les plans de lattis supérieurs et ramenés ensuite dans un même plan`` (Chabat t. 2 1876). ♦ Herse de la croupe. ,,Ensemble des pièces de bois qui se croisent dans la charpente d'un pavillon carré`` (Rob., Lar. Lang. fr.). c) TECHNOL. ,,Cadre en bois pour tendre les peaux à sécher`` (Mots rares 1965). REM. Hersé, -ée, adj.,hérald. [En parlant d'un château, d'une tour, d'une porte] Qui est représenté avec une herse abattue. Synon. coulissé.D'azur, à la tour d'argent, hersée de sable, au chef d'or (Lar. 19e). Prononc. et Orth. : [ε
ʀs] init. asp. Att. ds Ac. 1694-1932. Homon. erse. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 herce « instrument d'agriculture » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 108); 2. a) 1319 erche « chandelier d'église » (Arch. du Pas-de-Calais, A 374 ds Gay); b) 1765 théâtre « tablette sur laquelle on met des lampions pour éclairer la scène » (Encyclop.); 3. 1358-59 herce « grille mobile défendant l'accès d'une place forte » (J. Delaville-Le Roulx, Comptes de la ville de Tours, I, p. 26); 4. 1501 erche « cadre pour tendre les peaux » (G. Cohen, Livre de conduite du régisseur..., p. 529); 5. 1643 mar. herse « corde qui sert à attacher les poulies » (G. Fournier, Hydrographie, p. 758), v. erse1; 6. 1752 « dispositif muni de pointes dirigées vers le haut, servant à barrer une route » (Trév. Suppl.); 7. a) 1782 charpent. herses de la croupe (Encyclop. méthod. Mécan. t; 1, p. 607); b) 1866 archit. « épure d'un comble » (Littré). Du lat. hirpex, hirpicis « herse (instrument aratoire) ». L'aspiration initiale de herse est prob. une expr. onomatopéique de l'effort nécessité par le hersage (FEW t. 4, p. 432b). Au sens 2 a, lat. médiév. hercia (ca 1070 ds Nierm., 1198 ds Du Cange). Fréq. abs. littér. : 165. |