| HARANGUEUR, -EUSE, subst. Vieilli, souvent péj. Celui, celle qui fait une harangue (avec des intentions considérées comme démagogiques). Mirabeau était né Démosthène, suivant Joubert. Mais je crois qu'il était la caricature de Démosthène. C'était un harangueur de place, ou si vous voulez un tribun fougueux (Chênedollé, Journal,1811, p. 60).Un harangueur de réunion publique, qui a nom Anatole France, disait très bien hier : « Nous aurons raison, parce que nous avons raison. » (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 525) :Le peuple d'Athènes gouvernait lui-même; des harangueurs s'adressaient à ses passions sur la place publique; la foule souveraine était composée de sculpteurs, de peintres, d'ouvriers...
Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 536. − [P. allus. littér. à la comédie d'Aristophane Les Harangueuses ou l'Assemblée des Femmes] Il n'est pas jusqu'aux saint-simoniens qui ne se trouvent dans Aristophane; que lui avaient fait ces pauvres gens? La Comédie des Harangueuses est pourtant leur complète satire (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1836, p. 664). Rem. Le fém. harangueuse est rare. On en relève un emploi adj. : L'incompatibilité du socialisme avec la démocratie harangueuse et parlementaire (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 217). − P. ext., fam. Celui, celle qui se plaît à discourir, qui fait des discours moralisateurs. M. Ratin, tout farci de latinité et d'ancienne Rome, mais bon homme au demeurant, était plus harangueur que sévère. À propos d'un pâté d'encre, il citait Sénèque (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 72). ♦ Péj., fam. C'est un grand harangueur, un harangueur éternel (Ac.). Prononc. et Orth. : [aʀ
ɑ
̃gœ:ʀ], fém. [-ø:z] init. asp. Att. ds. Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. (Seyssel, trad. de Thucydide, III, 6 ds Hug.). Dér. de haranguer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 14. Bbg. Quem. DDL t. 11. |