| HANNETON, subst. masc. A. − Insecte coléoptère d'assez grosse taille, généralement brun roux, aux antennes frangées. Piocher la terre pour s'emparer du ver blanc, qui, trois années durant avant de devenir hanneton, ronge les racines de nos foins (Michelet, Oiseau,1856, p. 317).Parmi les coléoptères, le hanneton commun (melolontha vulgaris), est un des plus redoutables. − Cet insecte (...) dépouille complètement les arbres de leurs feuilles (Du Breuil, Cult. arbres,1876, p. 241).De gros hannetons, ouvrant des ailes de gaze fripée, s'enlevaient soudain d'un vol lourd (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 128) : 1. C'était le temps des hannetons. (...) je ne dédaignais pas la compagnie de quelqu'un de ces animaux. À la vérité, il ne s'agissait plus de l'attacher à un fil pour le faire voler, ni de l'atteler à un petit chariot (...). J'en tenais un sous un verre renversé. (...) je contemplais sa longanimité à promener lentement ses six bras par l'espace, dans l'espoir toujours déçu de s'accrocher à un corps qui n'y est pas. − C'est vrai que les hannetons sont bêtes! me disais-je.
Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 74. ♦ Hanneton foulon. Au bord de la mer, on rencontre un autre hanneton, près du double en volume du hanneton vulgaire et aux élytres brunes parcourues par des marbrures blanches : c'est le Hanneton foulon (Melolontha fulo) (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 249). − En appos. Brodequins couleur hanneton et puce (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 245).Robe de tussor « hanneton » (Femina, 1eraoût 1908, 355 ds Quem.DDL t. 16). − Loc. verb. ♦ [P. réf. au vol lourd du hanneton qui se cogne aux obstacles] Être étourdi (etc.) comme un hanneton. Elle allait çà et là comme un hanneton; elle courait à l'étourdie (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 427). ♦ Attraper des hannetons. Se livrer à des occupations futiles. D'autres vont pêcher la baleine : Moi j'attrappe les hannetons (G. Fourest, La Négresse blonde, Paris, J. Corti, 1964 [1909], p. 89). − P. anal., PASSEMENTERIE, vx. Soucis d'hanneton [sic] ou sourcils de hanneton. Frange à petites houppes rappelant les antennes du hanneton. Une de ces somptueuses robes (...), toute passementée de cannetille, et de ce qu'on appelait alors des sourcils de hannetons (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 177). B. − P. métaph. et au fig. 1. Personne d'aspect lourd et maladroit, stupidement agitée, irréfléchie ou de comportement nuisible. Ô critiques! éternelle médiocrité qui vit sur le génie pour le dénigrer ou pour l'exploiter! race de hannetons qui déchiquetez les belles feuilles de l'art! (Flaub., Corresp.,1853, p. 261).Le vulgaire hanneton auquel on me présenta, et qui pirouetta pour me dire bonjour avec une lourde désinvolture qu'il croyait élégante (Proust, Guermantes 2,1921, p. 433).Un hanneton du nom d'Henri de Kérillis, a fondé un centre de propagande électorale, où l'on imprime des affiches d'une rare niaiserie (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 229) : 2. ... ce n'était pas par malhonneté, mais par bêtise, que le banquier avait agi, (...) c'était un niais, un pauvre hanneton, ne voulant jamais en faire qu'à sa tête, sans demander conseil à personne, et sans écouter aucun avertissement.
Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 868. 2. Familier a) Idée fixe, manie, folie douce. Peu s'en fallut qu'une petite main brûlante, en se posant sur ce crâne solennel et illusionné, n'en fît sortir le hanneton qui bourdonnait là depuis si longtemps (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 261).Il allait, les yeux obliques, le front penché, et l'on se demandait ironiquement quel hanneton lui dévorait le crâne (Zaccone, Hist. bagnes, t. 1, 1876, p. 216). ♦ Avoir un hanneton (dans le cerveau, etc.). Avoir l'esprit un peu dérangé. Il y a vraiment des jours où elle a l'air d'avoir un petit hanneton (Gyp, Raté,1891, p. 279). b) [Pour exprimer une certaine intensité, une qualité partic.] (N'être) pas piqué des hannetons. Synon. fam. de (n'être) pas piqué des vers.Une jeunesse entre quinze et seize, point piquée des hannetons, un vrai bouton de rose (Larch. 1858, p. 653).Il fait à Aix, l'hiver, un petit froid qui n'est pas piqué des hannetons. Ça cingle, le vent (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 237).Il m'a offert un déjeuner qui n'était pas piqué des hannetons, et m'a vivement conseillé de m'installer chez lui (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 340). REM. Hannetonnier, -ière, adj.,rare. Qui évoque le hanneton. Il avait gardé, du bébé, le bon rire, la mobilité d'esprit hannetonnière, l'oubli facile des petits embêtements de la vie (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., II, p. 68). Prononc. et Orth. : [antɔ
̃] init. asp. Fér. 1768 et, à titre de variante, Fér. Crit. t. 2 1787 : haneton. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [Fin xies. haneton entomol. (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, no576)]; ca 1135 (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 1059); 2. a) 1611 estourdi comme un hanneton (Cotgr.); b) 1675 hanneton; cf. FEW t. 16, p. 144a adj. « étourdi » (Widerhold ds FEW t. 16, p. 143b); c) 1787 subst. masc. « individu étourdi » (Fer. Crit.). Emploi fig. de l'a. b. frq. hano « coq » (cf. néerl. leliehaantje « scarabée qui vit dans les lis », all. de Rhénanie Hahn « punaise des baies », angl. cockchafer « hanneton »); suff. dimin. -eton*. 2 sans doute p. allus. au vol maladroit du hanneton; cf. FEW t. 16, p. 144a. Fréq. abs. littér. : 168. Bbg. Genaust (H.). Vox rom. 1972, t. 31, pp. 388-390. - Quem. DDL t. 16, 19. - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 48-49; p. 85. |