| * Dans l'article "HAINEUX, -EUSE,, adj." HAINEUX, -EUSE, adj. A. − Qui éprouve de la haine. Synon. malveillant, vindicatif; anton. affectueux, tendre.Âme haineuse, caractère haineux. Madame Camusot, quoique d'une nature âpre, haineuse et tracassière, fut (...) abasourdie (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 586).Venez vous venger de moi avec malignité comme le savent les femmes haineuses (Claudel, Tête d'or,1890, 3epart., p. 154) : 1. ... il se sentait une réelle sympathie pour ces gens enfermés dans des monastères, persécutés par une haineuse société qui ne leur pardonne ni le juste mépris qu'ils ont pour elle ni la volonté qu'ils affirment de racheter, d'expier, par un long silence, le dévergondage toujours croissant de ses conversations saugrenues ou niaises.
Huysmans, À rebours,1884, p. 90. − [P. méton.] J'ai cru un moment que (...) vous étiez ce bras armé dans l'ombre, cette main haineuse et vengeresse (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 307). B. − Qui traduit la haine. Des voix presque haineuses l'approuvèrent (Benjamin, Gaspard,1915, p. 39).Déjà ennemi par le regard et le pli haineux de la bouche (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 163).Suarès (...) ne pourrait oublier (...) certain article haineux et d'une effroyable injustice, qu'il n'avait pu se retenir d'écrire récemment contre Chopin (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1185) : 2. Sa figure s'était creusée, son regard était haineux et peureux, comme une bête à qui l'on a fait mal; s'ils avaient pu, ses yeux l'auraient tué. − Il la lâcha. Elle courut, pour se mettre à l'abri, à l'autre coin de la pièce.
Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1381. − [P. méton.] Jalousie, passion(s) haineuse(s). La plupart des idéologies collectives passionnelles, persécutrices ou haineuses, se greffent sur une grande peur qui cherche soit à se rassurer, soit à se délivrer en explosant au dehors (Mounier, Traité caract.,1946, p. 612) : 3. Je lui en voulais atrocement. Les scènes étaient incessantes. Chaque repas était une orgie de larmes et de cris. Je regardais avec un mépris haineux s'étaler l'impudeur incroyable de cette femme vertueuse qui se roulait de colère deux fois par jour.
Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 268. Prononc. et Orth. : [εnø] et [e-], fém. [-ø:z] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 haïnus « détesté, haï » (Wace, Brut, 13378 ds T.-L.); 2. a) ca 1165 haïnos « naturellement porté à la haine » (B. de Ste-Maure, Troie, 13547, ibid.); b) 1365 [ms.] « inspiré par la haine » (Psautier de Metz, éd. F. Apfelstedt, 108, 2 : perolles heynouse). Dér. de haine* (haigne en a. fr.); suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 350. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 503, b) 404; xxes. : a) 607, b) 476. DÉR. Haineusement, adv.Avec haine, par haine. Il zébrerait volontiers, haineusement, à coups d'ongles et écorcerait comme des oranges les joues vermillonnées de Marseau (Renard, Poil Carotte,1894, p. 132).Il s'est tourné vers Brunet et le regarde haineusement (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 218).− [εnøzmɑ
̃] et [e-] init. asp. Att. ds Ac. 1932. − 1resattest. a) mil. xives. (Roques t. 1 1936, IV-V, 5838, odiose : haingneusement), b) fin xives. haineusement (E. Deschamps, Pour sa langue refrener, 32 ds
Œuvres complètes, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 167); du rad. de haineux, haineuse (haigneux, haigneuse en m. fr.), suff. -(e)ment2*. − Fréq. abs. littér. : 15. |