| HÉRÉSIE, subst. fém. A. − THÉOL. Doctrine, opinion qui diffère des croyances établies, condamnée par l'Église catholique comme contraire aux dogmes. Anton. orthodoxie.Hérésie cathare; abjurer l'hérésie. L'hérésie est moins à craindre aujourd'hui que l'irréligion (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 418).Qu'était l'hérésie albigeoise? Un mouvement politique (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 67) : 1. ... [le mouvement gnostique] est en outre à l'origine du manichéisme et peut-être encore, soit à travers le manichéisme, soit plutôt directement, de plusieurs hérésies du moyen âge. La gnose serait donc l'une des plus anciennes hérésies chrétiennes et une hérésie singulièrement tenace.
Philos., Relig., 1957, p. 34-7. − P. ext. Doctrine contraire aux dogmes établis d'une religion. Christianisme : hérésie de la religion juive (Renard, Journal,1903, p. 869). − Loc. verb., vx et fam. Il ne fera point d'hérésie. ,,Se dit d'un homme sans esprit`` (Ac.; ds Littré, DG). B. − P. anal. 1. Doctrine, opinion, méthode qui choque les opinions couramment admises. Ses hérésies politiques me mettaient tout hors de moi-même (Michelet, Journal,1820, p. 125).Le goût de la liberté, la mode et le culte du bonheur du plus grand nombre, dont le xixesiècle s'est entiché, n'étaient à ses yeux qu'une hérésie qui passera comme les autres (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 129).La technique active semble à mi-chemin entre la psychanalyse et la psychothérapie. Beaucoup de psychanalystes l'ont repoussée comme une hérésie (Choisy, Psychanal.,1950, p. 206) : 2. Mettre ou faire mettre en prose un poème; faire d'un poème un matériel d'instructions ou d'examens, ne sont pas de moindres actes d'hérésie. C'est une véritable perversion que de s'ingénier ainsi à prendre à contre-sens les principes d'un art...
Valéry, Variété III,1936, p. 50. 2. Ce qui heurte la tradition, les us et coutumes; défi au bon sens, à l'usage établi. a) Péj. Autre hérésie : un ministre, dit-on, n'est pas obligé de suivre aux Chambres ses projets de loi (Chateaubr., Mél. pol.,1816, p. 92).Restaurée sans trop d'hérésies, elle [la vieille église Saint-Martin-du-Val] était actuellement englobée dans un hospice (Huysmans, Cathédr.,1898, p. 385). b) GASTR. En cet Armagnac, où l'on cuit presque tout encore à la fine graisse d'oie, user du beurre pour les aliments paraissait une hérésie (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 245). REM. 1. Hérésiologie, subst. fém.Étude des hérésies. L'hérésiologie chrétienne est un champ si trouble qu'on n'y peut suivre aucune piste sans s'égarer (Renan, Hist. peuple Isr., t. 5, 1892, p. 77). 2. Hérésiologique, adj.Qui se rapporte à l'hérésiologie. Des notices hérésiologiques plus ou moins suspectes (Philos., Relig., 1957, p. 42-11). 3. Hérésiologue, subst. masc.Celui qui écrit sur les hérésies. Saint Épiphane, hérésiologue, ne nous offre pas (...) un enseignement didactique sur la divinité (Théol. cath.t. 4, I 1920, p. 1077). Prononc. et Orth. : [eʀezi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 eresie « opinion condamnée par l'Église catholique comme contraire aux dogmes » (Ph. de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1022); 2. ca 1140 fig. heresie « action contraire aux opinions de l'Église » (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1115); 3. fin xiies. iresie « pratique contraire aux idées généralement admises » ici « sodomie » (Conon de Béthune, Chanson, éd. A. Wallensköld, X, 31). Empr. au lat.haeresis « doctrine, système », eccl. « doctrine contraire aux dogmes de l'Église catholique », du gr. α
ι
́
ρ
ε
σ
ι
ς « action de prendre; choix »; dér. de α
ι
̔
ρ
ε
́
ω « prendre ». Fréq. abs. littér. : 469. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 837, b) 444; xxes. : a) 692, b) 625. |