| GUÉRITE, subst. fém. A. − Petite loge destinée à abriter contre les intempéries une sentinelle en faction. Guérite de factionnaire; faire sentinelle dans une guérite; monter la garde devant une guérite. Oh! les longues nuits de faction à la porte des ministères, la vieille guérite où la pluie entre, les pieds qui ont froid (A. Daudet, Lettres moulin,1869, p. 253).C'étaient des récits de sentinelles surprises, qu'on retrouvait le lendemain, écroulées dans leurs guérites, avec un couteau fiché entre les omoplates (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 261). − P. métaph. Une jolie petite chemise soufrée, bien raide et bien rêche, une vraie guérite, avec un bonnet cornu (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1404). B. − Baraque, construction légère destinée à abriter un employé, surtout pour un poste de contrôle, de surveillance. Guérite d'aiguilleur, de douanier, de gardien, de péage. Il ne voulut même pas repasser devant la guérite où travaillait Yvonne (Queneau, Pierrot,1942, p. 219) : Il restait là, assis dans cette guérite vitrée, toutes ses heures libres, en surveillance. Le tender lui cachait le mécanicien; mais, grâce à son poste élevé, il voyait souvent plus loin et plus vite que celui-ci.
Zola, Bête hum.,1890, p. 224. C. − P. anal. 1. Fam. et p. plaisant. Confessionnal. Ces longues séances dans l'étroite guérite en bois de l'église des Minimes (Bourget, Disciple,1889, p. 83).Comme il serait simple à présent de me jeter dans la guérite d'un confesseur! (Gide, Journal,1912, p. 358). 2. Vieilli. Siège à capote, généralement en osier, servant à s'abriter du soleil ou du vent. J'avais remarqué, au milieu de la terrasse, un groupe diplomatique, assis en rond dans des rockings et dans des guérites d'osier (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 88).Au jardin, sous le marronnier, dans une petite guérite en sparterie et en toile au fond de laquelle j'étais assis et me croyais caché aux yeux des personnes qui pourraient venir faire visite à mes parents (Proust, Swann,1913, p. 83). 3. Vx. Refuge [La voûte du chemin de fer] présente des recoins, des angles, vraies guérites à voleur (Grison, Paris, 1882, p. 17). Prononc. et Orth. : [geʀit]. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. a) Ca 1223 loc. a la garite! « sauve qui peut » (G. de Coinci , Miracles N.D., éd. V.F. Kœnig, II Mir. 29, 947); b) 1223 guarite « ouvrage de protection » (employé au fig. pour désigner la Vierge) (Id., ibid., 943). Prob. issu de garrette « guérite » (ca 1200, Destruction Rome, 1058) avec substitution du suff. -ite* (sans doute sur le modèle de fuite* (fuir*) au suff. -ette*, ce mot étant lui-même dér. de l'a. fr. guarir/garir « protéger » (v. guérir), cf. a. prov. a la guerida! « sauve qui peut » (1270-74, N'Austorc de Segret ds Provenzalische Inedita, éd. C. Appel, p. 16, 39); garida « abri sur les remparts » (ca 1219, Croisade albigeoise, éd. P. Meyer, 8200). L'explication de Corom. 2, 682 selon laquelle garite proviendrait de la substantivation de gari te « sauve-toi » est rejetée avec raison par FEW t. 17, p. 592, note 2, puisqu'on n'a aucun ex. de formation de ce genre, cf. DEAF, s.v. garir, 272. Fréq. abs. littér. : 124. Bbg. Archit. 1972, p. 172, 213 - Quem. DDL t. 16. |