| GRILLON, subst. masc. Insecte noir, sauteur, à grosse tête, dont les élytres courts produisent une stridulation (chez le mâle) et qui recherche le soleil, les endroits chauds. Synon. cri-cri.Le chant nocturne, le cri tremblé du grillon; grincement, crépitement, crissement des grillons. Il y a des grillons dans cette cheminée; les grillons font du bruit toute la nuit dans ce jardin (Ac. 1835-1932). Les grillons des champs; le grillon de l'âtre, du foyer; les grillons se plaisent surtout dans les boulangeries (Ac. 1878-1932). Les champs aussi sont pleins d'insectes affairés. Foule de gens de tous aspects, de tous degrés. Noir serrurier, en bas, le grillon lime et grince (Ch. Cros, Coffret santal,1873, p. 73).Les cigales crissent et les grillons stridulent (Maran, Batouala,1921, p. 62) :On entend dans le soleil de l'air et dans le soleil de la terre, les abeilles qui travaillent musicalement, en conformité avec les poésies, et le grillon qui, malgré les fables, chante sans modestie et remplit à lui seul tout l'espace.
Barbusse, Feu,1916, p. 96. REM. 1. Grelet, subst. masc.,var. région. Par d'autres fois, il faisait si doux qu'on entendait le grelet au dedans de la maison et le rossignol au dehors (Sand, Maîtres sonneurs,1853, p. 54). 2. Grillonner, verbe intrans.Imiter le chant du grillon. Voyage de trois jours à Chaumot. Les bouillottes grillonnent, rossignolent (Renard, Journal,1901, p. 649). 3. Grillonnement, subst. masc.Les vieux. Celui-là sent comme un petit « grillonnement » dans la tête. L'autre vient d'avoir le pied écrasé par une bûche de bois. Un autre a un mal de dents perpétuel (Renard, Journal,1897, p. 426). Prononc. et Orth. : [gʀijɔ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1485 [date de l'éd.] (J. Corbichon, Propr. des choses, XVIII, 56 ds Gdf. Compl. [ms. Paris, Bibl. nat. fr. 22533, p. 335 : grille gresillon]). Forme tardive issue d'un croisement entre grillet et gresillon, qui aurait pu s'opérer dans la région parisienne (cf. ca 1676, Ménage ds Gdf., s.v. grillet 1 : Les Poitevins disent un grelet, les Angevins un gresillon et les Normands un criet, il faut dire un grillon avec les Parisiens). Grillet, dont l'aire anc. paraît avoir couvert la Normandie, le Centre, l'Est et le domaine fr.-prov. (a. fr. grislet xiiies. [date du ms] ds Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, XXXIX, 1 var.), dérive d'un type grill- (correspondant à l'a. prov. grilh ds Rayn.) issu du lat. grillus, gryllus « grillon » par l'intermédiaire d'un *grīllius (cf. FEW t. 4, p. 269b). Gresillon (dep. fin xiies. ds T.-L.) dont l'aire anc. paraît avoir couvert un triangle dont les pointes seraient Bayeux, Paris et La Rochelle, est issu, non de grésiller, var. pic. et plus tardive de griller (FEW t. 4, p. 269b), mais plutôt forgé sur les formes greill, grel (et aussi grelet), qui représentent un type *grĭll(i)us (cf. FEW t. 4, p. 269b) dont l'aire est contiguë à celle de gresillon (cf. FEW t. 4, p. 268b et 269a), d'apr. l'alternance gresler/gresiller (cf. grêle et gresil), transposée ici du fait de l'anal. de bruit entre le grillon et la grêle. Fréq. abs. littér. : 277. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 308, b) 643; xxes. : a) 438, b) 306. Bbg. Millepierres (F.). Les Insectes. Vie Lang. 1969, p. 444. |