| * Dans l'article "GRÈVE1,, subst. fém." GRÈVE1, subst. fém. Terrain plat et uni, généralement constitué de sable et de graviers, sis au bord d'un cours d'eau ou de la mer. Sauter, se briser, s'échouer, s'étaler sur la grève; amener, tirer, abandonner (qqc.) sur la grève; longer, galoper le long de la grève. Le ruisseau s'étalait sur une longue grève plate, d'où émergeaient par places de gros galets noirs (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 230).Une épave abandonnée par les flots sur la grève (Queneau, Pierrot,1942, p. 24).La mer qui bat les grèves de Rimini en s'y brisant répète le nom de Malatesta (Montherl., Malatesta,1946, II, 4, p. 468) :Ils voulurent revoir la plage; ils redescendirent la valleuse; ils s'assirent devant la mer. Les flots d'une récente tempête avaient amené sur la grève des coquilles des profondeurs, des épaves et des lambeaux d'algue arrachés; les vagues encore gonflées étourdissaient par une clameur continue.
Gide, Tentative amour.,1893, p. 78. − [Avec un compl. prép. exprimant la nature] La rivière était bordée par des grèves de sable (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 4).La mer abandonne dans sa retombée une grève de galets et de détritus (Malraux, Espoir,1937, p. 797). − P. ext. Synon. de rivage.M. de Chateaubriand, gentilhomme breton, né sur les grèves de l'océan (Lamart., Confid.,1851, p. 284).Il atteignit la grève Des mers dans le pays qui fut depuis Assur (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 48). − HIST. Place de Grève. [À Paris; devenue place de l'Hôtel de Ville] Place située en bordure de la Seine, où se faisaient les exécutions publiques. Être roué, pendu en place de Grève. Il fallait traverser la moitié de Paris, et descendre sur la place de Grève, en face de l'Hôtel de Ville (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 396).Quand on brûlera des Juifs en place de Grève, il attisera le bûcher (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 352).Les marchands de la rue Saint-Denis sont allés en place de Grève assister au supplice du marquis de Courboyer (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 90). ♦ Absol. La Grève. Ces désœuvrés étaient là, silencieux, immobiles, attentifs comme l'est le peuple à la Grève, quand le bourreau tranche une tête (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 7).Dans trois jours la justice l'y reprendra, et elle sera pendue en Grève (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 446).Quai de la Grève. Il prit sa course, galopa dégingandé, éperdu, le long du quai de la Grève (Zola,
Œuvre,1886, p. 7).Lieu d'embauche. Une des grèves les plus curieuses de Paris est celle qui se tient rue Vaucanson, au coin de la rue Réaumur (Rappel, oct. in Fustier, Suppl. à Delvau (1889) ds Fr. mod. t. 16 1948, p. 300). ♦ [P. réf. aux chômeurs en quête de travail, qui se rassemblaient sur la place de Grève] Être en grève. À la recherche d'un travail. C'est pas possible, il prend ses ouvriers à la grève ce gâche-métier là (Poulot, Sublime,1872, p. 136). REM. Grevette, subst. fém.,région. (Aisne). Terre de qualité inférieure, faite de sables graveleux. Le comte l'entraîna dans la cour, rectangle de grevette (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 79). Prononc. et Orth. : [gʀ
ε:v]. Ds Ac. dep. 1694; ds Ac. 1694 et 1718, s.v. greve. Étymol. et Hist. Ca 1140 (G. Gaimar, Hist. des anglais, éd. A. Bell, 4711). Du lat. pop. *grava « gravier » (attesté en lat. médiév. 876 ds Nierm. au sens de « plage »), d'orig. prélatine; la très grande extension du mot hors de l'aire gallo-romane (A. Långfors ds Romania t. 50, p. 631) rend improbable une orig. gauloise (cf. FEW t. 4, p. 259). Bbg. Darm. Vie 1932, p. 78. - Quem DDL t. 1. - Rigaud (A.). Sous les ponts de Paris. Vie Lang. 1968, pp. 550-560. - Thurneysen 1884, p. 102. |