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GRATTER, verbe
I. − Emploi trans.
A. − Trans. dir.
1. Frotter (avec quelque chose de dur, un instrument anguleux, aigu ou râpeux) en entamant légèrement (un objet, une surface) pour nettoyer, polir, etc. Synon. racler.
a) Qqn gratte qqc.Gratter une façade, une muraille, un métal; gratter des carottes; gratter le plancher avec une paille de fer, une casserole avec une cuiller; gratter doucement, furieusement, légèrement, proprement. Émilie (...) grattait les légumes avec le plus coquet couteau à manche d'écaille que l'on puisse voir (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 213).Le vieux vida sa pipe sur le gravier, gratta la terre du talon pour ensevelir la cendre (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 45) :
1. « Seigneur, Seigneur! − cria tout à coup l'Archange, − voici les Juifs et les Persans, que nous avions oubliés! » Allah, pris de court, retourna la marmite; mais, même en grattant le fond et en récurant les bords, il ne put emplir qu'une seule et dernière cuillerée. Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 174.
Emploi abs. J'en aurai pour plus de quinze jours à laver le plancher. Il faudra gratter, ce sera terrible (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 354).
Gratter une allumette. Frotter une allumette pour l'enflammer. Synon. (faire) craquer.Les allumettes! Il en gratta une, qui ne prit pas, en compta cinq autres dans la boîte, gratta la seconde avec une émotion infinie. La flamme jaillit (Montherl., Songe,1922, p. 115).
Gratter le sol, la terre. Labourer superficiellement. Ah! les plaines au pied du Taurus, (...) quel paradis délicieux! On n'a qu'à gratter la terre, les moissons poussent, débordantes (Zola, Argent,1891, p. 64).Emploi abs. Les cultures ont vite cessé. Ils grattent un peu autour des villages. Mais qui récolte? (Barrès, Cahiers, t. 10, 1914, p. 364).
P. ext. Cultiver. Ça n'aurait pas empêché l'ouvrier de gratter la terre, le savant de piocher sa table de logarithmes ou même l'ingénieur de construire ses joujoux pour grandes personnes (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1045).Ces demi-privilégiés des campagnes, dont la tâche quotidienne est de gratter le sol, dix, douze, quatorze heures par jour, selon les saisons (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 369).
Loc. fig., fam. Plutôt gratter la terre avec mes ongles que de... Plutôt m'abaisser à n'importe quelle extrémité que de... J'aimerais mieux gratter la terre avec mes ongles que de me séparer de cela (Balzac, Goriot,1835, p. 27).
Au fig., fam. Gratter du papier, le parchemin. Gagner sa vie en faisant des écritures (notamment dans les carrières juridiques et administratives); [en parlant d'un écrivain] produire des écrits médiocres (cf. gratte-papier, gratteur de papier). Peut-être irais-je en Italie (...). Puis Paris − chercher un trou où gratter un papier officiel (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1892, p. 163).
b) Qqc. gratte qqc.[Le suj. désigne un instrument] Des maçons s'appelaient du haut des échelles, au milieu d'un bruit de truelles grattant les murs (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 977).
Emploi abs. Plume qui gratte. Plume qui accroche, qui ne court pas facilement sur le papier. L'engourdissement de mes doigts entraîne l'engourdissement de ma cervelle. Une plume qui gratte, et mon style est embarrassé (Gide, Journal,1916, p. 565).
2. Racler (avec les ongles ou les griffes) dans un mouvement de va-et-vient.
a) [L'obj. désigne une surface extérieure à la personne] Gratter un vêtement, gratter sa manche pour enlever une tache. Bruit de crabes grattant les bordages de leurs griffes crochues (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 720).On entendit le mourant pousser un souffle embarrassé, et ses mains qui grattaient le drap (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 198).
P. ext. [L'obj. désigne une surface meuble; le suj. désigne gén. un animal] Remuer (avec les ongles, les griffes, les ergots, les sabots). Synon. farfouiller (fam.), fouiller (fam.), fourrager.Gratter le sol. Les poules grattaient avec frénésie le fumier d'or (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 612).Des alezans qui arquent le col et grattent la terre d'un sabot aristocratique (Green, Journal,1938, p. 150).
Emploi abs. Les petits sillons de sable où les lapins ont gratté fraîchement (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 279).La terre fraîche attire les bêtes : celles qui grattent et fouissent, les rats, les taupes, les renards avides de vers blancs (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 32).
b) [L'obj. désigne le corps ou une partie du corps, notamment une partie du corps qui démange] Gratter une croûte, une plaie. Lucien (...) gratta, à la pointe d'un ongle tout luisant de vernis, deux ou trois boutons qui rosissaient sur sa joue (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 45).Alors les voilà, ces petits mignons! s'écria Lulu en grattant de son index courbe la joue des jumeaux (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 161).
Emploi abs. Tu as tort de gratter comme ça! lui dit-elle le lendemain matin. Tu irrites. Oh! ce qu'il est enflammé, celui-ci! et elle touchait le bouton du menton (Gide, Caves,1914, p. 794).
[P. méton. de l'obj.] Vois-tu la paresseuse Hursida, grattant au soleil les poux de sa tête (Flaub., Tentation,1849, p. 472).Sa spatule en bois d'aloès qui lui sert à gratter sa lèpre (Green, Journal,1948, p. 216).
Locutions
Loc. proverbiales, au fig., fam. Gratter qqn où ça lui démange. Parler à quelqu'un de ce qui lui plaît et à quoi il est sensible, caresser ses faiblesses. Synon. chatouiller.Il y a toujours en lui un certain endroit chatouilleux d'amour-propre où vous n'avez qu'à le gratter pour le faire sourire (Sainte-Beuve, Pensées,1846, p. 31).Trop parler nuit, trop gratter cuit (cf. cuire II C 2).
Loc. fig., fam., vx. Gratter l'épaule de qqn. Chercher à se le rendre favorable. Synon. flatter. (Ds Ac. 1798-1878).
3. P. ext., fam. [Le suj. désigne un inanimé; l'obj. désigne une partie du corps ou p. méton. une pers.] Provoquer une sensation désagréable de démangeaison ou d'irritation. Synon. chatouiller, démanger, grat(t)ouiller (fam.), irriter, picoter, râper.Col qui gratte; ça me gratte (à la jambe, etc.). Ces bonnes petites faînes huileuses qui grattent la gorge et font tousser (Colette, Cl. école,1900, p. 10).Et un autre trouvera qu'il y a quelque chose qui le gratte dans la bouche. Et il s'approchera d'une glace, ouvrira la bouche (Sartre, Nausée,1938, p. 200).
En partic.
[Le suj. désigne un liquide ou une émanation] Synon. picoter, piquer, racler, râper.Vin qui gratte le gosier. L'odeur du vinaigre la grattait délicieusement à la gorge (Zola, Ventre Paris,1873, p. 778).
[Le suj. désigne un son] Des romances qui grattaient l'oreille, dont les notes fausses troublaient l'air tranquille et agaçaient les nerfs des dents ainsi que des gouttes de vinaigre (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1033).Les notes, les sons, ses doigts qui couraient sur les touches, les vibrations des cordes qui lui grattaient les nerfs (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 733).
Emploi abs. :
2. ... le sommeil qui avait failli venir s'en fut. Le lit lui fit mal. Le creux central, hostile, grattait. La fraîcheur des bordures latérales ne durait pas. Il se retourna, regonfla l'oreiller, retrouva un peu de confort et de douceur. Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 247.
Poil à gratter. Bourre piquante du fruit de l'églantier qui se vend en poudre dans les magasins de farces et attrapes. Je (...) crus d'abord qu'un mauvais farceur avait couvert mes draps de poil à gratter. Quelque temps il y eut une lutte entre la démangeaison et le sommeil (Gide, Si le grain,1924, p. 557).Tu te rappelles quand on lui a mis du poil à gratter dans le dos et qu'on a soufflé de la poudre à éternuer dans le nez des voyageurs (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 178).Poudre à gratter, synon. vieilli.Les deux fils de madame de Lespoisse mettaient dans son lit de la poudre à gratter (A. France, Barbe-Bleue,1909, p. 35).P. métaph. Et la critique, Vif-Argent, qu'est-ce que c'est, s'il vous plaît? − La poudre à gratter de l'opinion publique (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 61).
4. Effacer (ce qui est sur une surface) en raclant (avec l'ongle ou un instrument aigu). Synon. enlever, ôter.Gratter un chiffre, une inscription; gratter des gouttes de cire, une tache; gratter la boue, la terre de ses chaussures; gratter une étiquette, un prix, un vernis. Ce mot a été gratté (Ac.). MmeJacquemart l'entendit déplacer une casserole, puis gratter sur le fourneau, avec un couteau, les traces du lait brûlé (Arland, Ordre,1929, p. 353).Ces gelées de groseilles qui se laissent odieusement gratter sur les tartines (H. Bazin, Vipère,1948, p. 10) :
3. L'accusation repose sur ce fait que l'adresse du « petit bleu » est grattée et que le nom du destinataire a été effacé pour y inscrire celui d'Esterhazy. Le colonel Picquart est accusé d'avoir fait ce faux pour détourner sur Esterhazy des soupçons qui se sont trouvés vrais. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 484.
Au fig., fam., souvent iron. Gratter la croûte, le décor, le vernis. Révéler la véritable nature de quelqu'un en dépassant l'aspect superficiel et vain de son être. Ses mauvaises manières [d'une faubourienne] semblent empruntées : grattez la croûte de sauvagerie et vous trouverez la civilisée (Larbaud, Jaune,1927, p. 279).P. méton. Gratter qqn. Dépasser l'aspect extérieur de. Eh bien! grattez l'ironiste, vous trouvez l'élégiaque (Barrès, Barbares,1888, p. 192) :
4. ... je connais mon monde. En France, il ne faut pas gratter beaucoup de l'ongle une fille de grande seigneurerie pour retrouver la paysanne, et la plus mijaurée des duchesses a la même santé de corps ou d'âme que sa fermière... Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 3, p. 1618.
5. Au fig., fam. ou pop.
a) Recueillir péniblement et peu à peu (tout ce qui peut être utilisé, une somme d'argent). Synon. racler, fouiller.Elle les avait ramassés [les 2 300 F], grattés ici et là, sur les uns, sur les autres, par emprunts de deux cents, de cent francs (Goncourt, G. Lacerteux,1864, p. 146).Les caisses de l'Universelle étaient vides, il en avait gratté jusqu'aux centimes (Zola, Argent,1891, p. 347).
b) Gagner (de petits profits), souvent de manière illicite. Synon. grappiller (fam.), grignoter.Gratter les fonds de tiroir. Gratter un peu d'argent, quelques francs; une affaire où il y a peu à gratter. Y a rien à gratter (...). Hier soir, elle m'a jeté mes vingt sous à la figure! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 25).
[P. méton. de l'obj.] Anciens domestiques devenus capitalistes à force de gratter leurs maîtres (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 242).
Emploi abs. Gratter sur tout, sur la dépense. En vain est-ce de vos bons deniers que vous courez les chemins, la duchesse croit toujours que vous êtes en mission, tous frais payés, et que vous grattez encore (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 588).Aux yeux de tous, nous étions des salariés qui, de plus, grattions aux dépens d'eux sur les subsides (Gide, Journal,1932, p. 1101) :
5. Je ne sais trop où je trouvais de l'argent, cette année-là, car je ne faisais plus de cours. Sans doute économisais-je sur les cinq francs que ma mère me donnait chaque jour pour déjeuner, et je grattais un peu, de-ci, de-là. En tout cas j'organisais mon budget en fonction de ces orgies. Beauvoir, Mém. J. fille,1958, p. 292.
6. Arg., pop., SPORTS. Dépasser, surclasser (un concurrent, un véhicule) en le gagnant de vitesse. Synon. devancer, distancer, doubler, griller (fam.).Gratter un adversaire, un concurrent dans une côte. L'ingénieur de papa, qui m'emmenait le dimanche et grattait toutes les voitures (Arnoux, Gentilsh. ceinture,1928, p. 194).Tu as eu le temps de courir à Mauriac, dans le tacot du garage à Piarasse, loué par toi d'avance (...). Ma voiture était au même garage. Elle t'aurait gratté en cinq minutes (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 230).
B. − Pronominal [Correspond à A 2 b]
1. Réfléchi
a) Dir. et indir. Frotter le corps ou une partie du corps qui démange ou qui irrite. Chat, singe qui se gratte; se gratter sans arrêt, jusqu'au sang; envie, manie de se gratter; se gratter le dos, les jambes, les mains, les boutons. Ils se grattent soudain l'annulaire de l'ongle de leur pouce (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 262).Il joue avec un coupe-papier de fer qu'il coule sous sa manchette pour se gratter l'avant-bras (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 164).
En partic. Se gratter la tête, le front, l'oreille. Passer la main, les doigts, les ongles ou un objet faisant le même office dans ses cheveux, sa tête, sur son front, etc., en un geste instinctif de perplexité, d'énervement, d'embarras ou d'ennui, pour se donner une contenance. Il se grattait la tête : − À mon avis, l'opération doit être douloureuse (Camus, Peste,1947, p. 1229).Baissant la tête, le professeur se gratta l'oreille et parut réfléchir (Green, Moïra,1950, p. 93).
Arg. Se gratter.Hésiter, être dans l'indécision (d'apr. Esn. 1966). Cf. Simonin, Du mouron pour les petits oiseaux, Paris, Gallimard, 1973 [1960], p. 129.
Loc. proverbiale. Qui se sent galeux*, (qu'il) se gratte (Ac.).
Rem. À la constr. se gratter les bras correspond la constr. trans. gratter ses bras, moins cour. Elle le voit, debout, grattant d'une main sa tignasse, avec sa chemise déboutonnée sur sa chair de poulet (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1017). Gavoille, avec simplicité, continuait de gratter sa cuisse (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 354).
b) Dir., au fig., pop. et arg. Ne pas obtenir ce que l'on désire ou espère. Synon. se fouiller (fam.).Tu peux toujours te gratter. D'ailleurs tu seras pas reconnu [malade]. Fricot : Pour ça, mon vieux plein de vent, tu peux te gratter (Courteline, Gaîtés Esc.,1886, VII, 1, p. 91).Qu'est-ce que vous avez?... Bande de paumés! Bande de saindoux! (...) Allez vous-en vous gratter! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 530).
2. Réciproque. Loc. proverbiale, au fig., vieilli, iron. ou péj. Ce sont deux ânes qui se grattent. ,,Ce sont deux personnes qui se flattent l'une l'autre`` (Ac. 1798-1932).
C. − Trans. indir.
1. Vieilli. Gratter (à la porte, à la vitre, au carreau, au volet). Frotter discrètement, faire un léger bruit avec les ongles pour demander à entrer ou avertir d'une présence. Synon. toquer (région. ou fam.).Au premier coup de minuit, je viens t'appeler. Marius : Tu gratteras doucement au rideau de fer (Pagnol, Marius,1931, II, 5, p. 133).
Emploi abs. Nos mains touchent une porte; ne trouvant pas de sonnette, je gratte doucement. Fontanet frappe plus fort (A. France, Vie fleur,1922, p. 300).
2. Fam. Gratter de [Le compl. désigne un instrument de mus. à cordes]Jouer un peu, ou plus ou moins bien, de (cet instrument). Synon. fam. racler.Gratter de la guitare, du violon, de la mandoline. Et Boris avait gratté de la guzla en chantant des chansons d'Orel pour me faire plaisir, car c'est un brave garçon sympathique (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 18).
Rem. On rencontre en ce sens, des emplois trans. dir. Gratter sa guitare, son violon, son banjo. Pozzo se remit à gratter sa guitare (...). C'était un murmure passionné, accompagné de petites notes légères (Zola, E. Rougon, 1876, p. 310).
II. − Emploi intrans., arg., très fam. ou pop. Travailler, avoir un emploi rétribué. Synon. bosser (très fam., pop.), peiner, trimer (pop.).Gratter dur pour gagner sa vie; chercher, trouver à gratter. Je suis courageuse, Marcel. Mon homme, dis! Je gratterai (Carco, Équipe,1919, p. 200).« Mais qu'est-ce que vous entendez par vivre? » Pour lui, vivre, c'était travailler, gratter (Montherl., J. filles,1936, p. 1003).
REM. 1.
Gratterie, subst. fém.Synon. rare de grattage et grattement.Mon oncle, qu'agaçait l'éternelle gratterie du balai sur le carreau (Fabre, J. Savignac,1863, p. 130).
2.
Grat(t)on,(Graton, Gratton) subst. masc.,alpinisme. Petite aspérité du roc, servant de prise. Sur un gratton minuscule, tout l'art du grimpeur consiste à trouver la position du pied la plus efficace, puis à la maintenir sans le moindre mouvement (Grande encyclop. de La Montagne, Paris, Atlas, 1978, p. 1998).
3.
Grattures, subst. fém. plur.Débris provenant d'un grattage. Grattures de cuivre. (Dict. xixeet xxes., sauf Ac.).
Prononc. et Orth. : [gʀate], (il) gratte [gʀat]. Att. ds Ac. dep. 1694. Trait d'union pour les mots constr. avec gratte- : gratte-ciel, gratte-cul, etc. Plur. : base verbale inv., hésitation pour le 2eterme des gratte-ciel ds Rob. et Lar. Lang. fr., mais -ciels ds la docum. (cf. Tharaud, Mille et un jours de l'Islam, II, 1939, p. 159); des gratte-papier ds Lar. Lang. fr. mais -papier(s) ds Rob. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) 1160-74 abs. « frotter légèrement la peau avec les ongles ou quelque chose de semblable » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3978); 1180-90 trans. « id. » (Renart, éd. M. Roques, 17405); b) 1723 emploi abs. « provoquer une sensation désagréable d'irritation » (Recueil de chansons sur l'usage du Caffé, du Chocolat et du Ratafiat, p. 17 : un chocolat qui gratte); 2. 1176-81 « fouiller le sol avec la patte, le sabot, etc. » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5623); 3. a) ca 1223 abs. « labourer superficiellement » (G. de Coinci, Miracles de la Vierge, éd. Fr. V. Kœnig, II Mir. 20, 468); b) ca 1260 « frotter quelque chose de dur en entamant très légèrement la surface » (E. Boileau, Métiers, 158 ds T.-L.); c) 1283 « faire disparaître ce qui est sur la surface ainsi frottée » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1082); d) 1690 gratter le parchemin « gagner sa vie à copier » (Fur.); 4. a) 1847 « recueillir tout ce qui peut être utilisé » (Balzac, Cous. Pons, p. 96); b) 1841 « voler, piller » (E.M. de Saint-Hilaire, Physiol. du troupier, Paris, Aubert, p. 94); 5. 1853 « jouer médiocrement d'un instrument » (Du Camp, Mém. suic., p. 3 : grattant des rebecks). B. Intrans. 1. 1663 gratter à la porte (Molière, Remerciements au roi); 2. 1900 « travailler » (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 143). C. Réfl. 1. 1160-74 « se frotter légèrement la peau avec les ongles » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 645); 2. 1886 « se fouiller, se brosser » (Courteline, Gaîtés esc., Bleus arrivent, p. 91). Gratter, qui se rattache à la racine germ. *gradi-, remonte soit à l'a. b. frq. *krattôn « frotter en raclant » (cf. EWFS1-2); soit plus vraisemblablement au germ. occ. *krattôn de même sens (cf. Brüch; REW1-3); cf. a. h. all. krazian, krazôn « déchirer, gratter, graver »; m. h. all. kratzen, kretzen « gratter »; all. kratzen « id. ». Le germ. a pénétré en lat. vulg. où l'on a grattare « gratter » (1023 ds Nierm.) qui a lui-même de nombreux représentants romans. Fréq. abs. littér. : 1 058. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 506, b) 1 578; xxes. : a) 2 006, b) 2 010. Bbg. Quem. DDL t. 17. - Walt. 1885, p. 67.