| GRASSEYER, verbe intrans. A. − Parler en articulant avec la partie postérieure de la cavité buccale. Godefroid ne grasseyait pas, ne gasconnait pas, ne normandisait pas, il parlait purement et correctement (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 604). − [En incise ou avec compl. d'obj. interne] Dire quelque chose en grasseyant. Dites-donc, Mademoiselle Marthe, voilà une lettre que l'ouvreuse m'a dit de vous remettre, grasseya une grosse fille roupieuse (Huysmans, Marthe,1876, p. 12).Grasseyant de lourdes gracieusetés (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 727). B. − PHONÉT. R grasseyé. ,,Vibrante uvulaire produite par la vibration de la luette contre la partie postérieure du dos de la langue`` (Ling. 1972). Cf. Saussure, Ling. gén., 1916, p. 74. ♦ Grasseyer l'r (rare). Ainsi en français, l'usage général de grasseyer l'r n'empêche pas beaucoup de personnes de le rouler (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 164.). REM. Grasseyant, -ante, part. prés. en emploi adj.Sa voix était éraillée, sa prononciation grasseyante (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 211). Prononc. et Orth. : [gʀasεje] ou [-se-], (il) grasseye [gʀasεj]. Var. [gʀ
ɑ-] ds Warn. 1968. Conjug. : toujours avec -y-, contrairement aux verbes en -ayer (il balaie ou balaye). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1530 je grassie, il grassie (Palsgr., p. 612); 1611 grassier et graissayer (Cotgr.); 1660 grassayer (Oudin Fr.-Esp., s.v.; Oudin Esp.-Fr., s.v. cecear); 1694 grasseier (Ac.). Dér. de gras* (cf. parler gras); suff. -eyer (v. -oyer). Fréq. abs. littér. : 16. DÉR. Grasseyement, subst. masc.Prononciation de quelqu'un qui grasseye. L'insupportable grasseyement des faubourgs de Montluçon (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 161).− [gʀasejmɑ
̃]. Var. [gʀ
ɑ-] ds Warn. 1968. Ds Ac. dep. 1694. Ds Ac. 1694 et 1718 : grasseiement; ds Ac. 1740-1932 : grasseyement. La forme grassaiement (Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 92) s'explique par confusion avec les dér. des verbes en -ayer du type bégaiement. − 1reattest. 1694 (Ac.); de grasseyer, suff. -(e)ment1*. BBG. − Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 132. |