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GRAS, GRASSE, adj.
I. − [Dans des syntagmes figés] Qui est constitutivement en rapport avec la graisse (v. ce mot A 1).
A. − Qui est de la nature même de la graisse.
1. CHIMIE
a) Corps gras (plus rarement corps gras neutre). Substance d'origine organique, liquide ou plus ou moins solide à l'état naturel, constituée par un mélange d'esters de glycérol et de certains acides particuliers, pauvres en oxygène, dits acides gras (infra b). Synon. glycéride (d'apr. Duval 1959).Corps gras naturel, d'origine animale; industrie des corps gras alimentaires; pénurie de corps gras. Il faut très peu de suc pancréatique sans doute pour donner à la bile la possibilité d'agir sur les corps gras (C. Bernard, Notes,1860, p. 41).En chauffant cet acide [sulfurique] avec les corps gras neutres, − dans l'espèce la graisse de phoque, − il pouvait isoler la glycérine (Verne, Île myst.,1874, p. 182) :
1. Un jeune savant français réussit ainsi à prouver, dans ses Recherches chimiques sur les corps gras (1823), que ces derniers (huile, graisse, suif, beurre, etc.) étaient des individus chimiques parfaitement définis, composés d'un acide gras (acide margarique, oléique, stéarique, etc.) et de glycérine. P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p . 228.
Huile grasse. V. huile I A 6.
b) Acide gras. Acide qui entre dans la composition d'un corps gras et en détermine la spécificité. Acides gras essentiels, non saturés. Les acides gras peuvent se former en certaine proportion dans le canal intestinal (C. Bernard, Notes,1860, p. 41).V. ex. 1 et 2.
c) Série grasse. ,, Partie de la chimie organique qui comprend les corps développés en chaîne ouverte, et, en particulier, les corps gras `` (Duval 1959). Synon. série aliphatique, série acyclique (usuel).Parmi les composés auxquels les carbures acycliques peuvent conduire (...), se trouve le groupe très important des corps gras naturels (...); c'est de là que vient le nom de série grasse ou encore de série aliphatique, par lequel on désigne souvent l'ensemble des carbures acycliques et de leurs dérivés (Ch. Moureu, Notions fondamentales de chim. organique, Paris, Gauthier-Villars, 1913, p. 69).
2. Cour. Matière grasse (plus rarement substance grasse). Toute substance lipidique quelle que soit sa consistance. Synon. corps gras.Matières grasses alimentaires, concrètes. [L'olivier] accumule lentement dans son fruit les substances grasses, riches en carbone (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 135).Le jeûne mobilise les protéines et les matières grasses des organes (Carrel, L'Homme,1935, p. 373).En partant de lait contenant de 3,5 à 4 % de matière grasse, on arrive à obtenir une crème à environ 40 % de matière grasse (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 42) :
2. Lipides d'origine animale/Lipides d'origine végétale. − Pour ne pas manquer des acides gras indispensables il est recommandable de consommer des matières grasses animales et des matières grasses végétales en quantités à peu près équivalentes... Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 47.
B. − Qui est en relation étroite avec la graisse.
1. Foie gras. V. foie B 1 en partic.
2. MÉD. Diabète gras. ,, Type classique de diabète sucré débutant généralement dans la deuxième moitié de la vie chez les obèses`` (Méd. Biol. t. 2 1971). On s'est beaucoup occupé à une certaine époque de différencier le diabète gras et le diabète maigre (Le Gendre dsNouv. Traité Méd., fasc. 7, 1924, p. 422).
II. − Qui comprend de la graisse ou un corps gras.
A. − [Le corps gras entre dans la composition de l'élément envisagé]
1. [Correspond à graisse A 1] .
a) [En parlant d'un être animé] Qui a de la graisse (v. ce mot A 1 a) en abondance, ce qui lui donne une apparence épaisse. Synon. (partiel) adipeux; anton. maigre.
α) [En parlant d'une pers.]
[En parlant de la pers. entière] Gras capucin, marchand, personnage; gens, rentiers gras; gros et gras; dodu et gras; gras et bien portant. Au premier coup d'œil, c'était un peu aussi le même homme, gras et d'une physionomie très-fine sous un masque empâté (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 184).Les enfants gras livrés vivants à la furie des enfants maigres (Michelet, Insecte,1857, p. 283).La dame est un peu grasse et l'on entre en carême (Apoll., Casanova,1918, I, 9, p. 980).Il est costaud mais un peu gras (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 209).
[Avec un compl. prép. de désignant une partie du corps] [Le fils de pacha] Pieds, tête énorme, gras de figure, air stupide (Delacroix, Journal,1832, p. 123).Je veux te voir (...) rebondi! gavé! gras du bide! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 689).
[Avec compl. prép. de désignant la graisse qui cause l'embonpoint] :
3. Il a engraissé. Il est gras et blême; gras d'une graisse toute en blancheur et en ballotements. Il en a les yeux presque cachés, de cette graisse. Giono, Gd troupeau,1931, p. 224.
Loc. fam. N'être pas gras de lécher les murs. Être bien nourri (v. Zola, Terre, 1887, p. 389).
Expr. compar. usuelles (pour insister sur l'embonpoint de la pers.).
Gras à lard. Gras à lard comme te voilà, tu ferais pas mal sur un cheval! (Céline, Mort à crédit,1936p. 694).
Gras comme... (plus rarement aussi gras que...).Gras comme un loir, un moine; grasse comme une caille (v. caille1B 2 a). Mais, sur mon honneur, le voilà devenu aussi gras qu'un cochon (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 801).Quand Jean-Jacques revint à Paris, gras comme un chanoine (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 246).
Expr. compar. pop. ou fam. (pour insister, par antiphrase, sur la maigreur). Gras comme une belette à jeun (Carabelli, Lang. pop.). Gras comme un cent de clous (Lar. Lang. fr.).
Emploi subst.
masc. ou fém. Personne grasse. De cette lecture [de Darwin] mal comprise, il se faisait une idée révolutionnaire du combat pour l'existence, les maigres mangeant les gras, le peuple fort dévorant la blême bourgeoisie (Zola, Germinal,1885, p. 1524).Les membres d'une même famille (...) pouvaient n'avoir pas les mêmes goûts en amour, le père préférer les blondes ou les grasses, le fils les brunes et les maigres (Aymé, Jument,1933, p. 239).
masc. à valeur de neutre, rare. Embonpoint. Son profil qui (...) ressemble étonnamment à celui de Georges Sand, moins le gras de Georges Sand (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1850, p. 94).
[En parlant d'une partie du corps] Bras, corps, cou, visage, seins, tissus gras; main, cuisses, épaules grasse(s). Enfin Madame elle-même tendit sa jambe, une belle jambe normande, grasse et musclée (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1187).Avec ses doigts gras et ronds comme des boudins (Mirbeau, Journal femme,1900, p. 34).C'est un gros homme, son cœur trop gras a cédé tout à coup (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1195) :
4. Dame Léonarde, la mère noble de la troupe, était vêtue tout de noir comme une duègne espagnole. Des coiffes d'étamine encadraient sa figure grasse à plusieurs mentons, pâlie et comme usée par quarante ans de fard. Des tons d'ivoire jauni et de vieille cire blêmissaient son embonpoint malsain, venu plutôt de l'âge que de la santé. Gautier, Fracasse,1863, p. 27.
β) [En parlant d'un animal] Brochet, mouton, poulet gras; gras bestiaux, troupeaux; caille, marmotte grasse. Dont la bouche donnait assez bien l'aspect d'un gros et gras limaçon vu par-dessous et rampant (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 211).De beaux champs nus des deux bords de la maison aussi loin qu'on peut voir, un jardin de légumes, de belles vaches grasses dans le clos (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 239).V. capitaliste ex. 7.
[Avec compl. prép. de désignant la cause] Nous avons appâté nos lignes d'un de ces vers gras de terreau, rouge et rebondi (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 231).
[À la suite d'un engraissement] Chapon gras. Un petit homme (...) qui tenait sous chacun de ses bras une oie grasse dont la tête pendait et lui tapait sur les cuisses (Zola, Ventre Paris,1873, p. 635).
En partic.
Bœuf gras. V. bœuf B 2 a spéc.
Les sept vaches* grasses.
Tuer le veau* gras.
b) [En parlant d'une chose] Qui contient une certaine quantité de graisse ou de matière grasse, naturellement ou sous l'effet de certaines opérations.
α) [En parlant de choses non-comestibles] Enduit, liquide, parfum gras; pâte grasse. Elle lui présenta un peigne et des épingles pour corriger sa coiffure, ainsi que des fards gras et secs pour ses lèvres et ses joues (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 127).Une peinture grasse, bien chargée en huile, sera (...) une peinture convenant le mieux pour une longue durée (Coffignier, Coul. et peint.,1924, p. 578).C'était une grosse brune dont le bras nu laissa sur le veston noir du docteur une trace de crème grasse autour du col (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 225).
Eaux grasses. V. eau I B 2 a.
Emploi subst. masc. Matière grasse ou substance qui contient une certaine quantité de graisse. Vaisselle épaisse, tournant au jaune, où le gras des eaux de l'évier restait en noir dans les égratignures des couteaux (Zola, Assommoir,1877, p. 451).Le fard et le gras, dont elle enduisait ses bras, sa gorge et son visage (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 479).
Gras de cadavre. Synon. de adipocire (v. adipo-).
β) [En parlant de choses comestibles; avec nuance valorisante] Depuis quelque temps, je déjeune avec une bonne soupe grasse (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 219).[Avec nuance dépréciative] Elle avait fabriqué avec de la céréaline et du saindoux fondu des espèces de beignets gras et lourds qu'ils mangeaient avec un peu de cassonade (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 326).
Qui contient une assez grande quantité de matières grasses. Anton. maigre.Jambon gras, viande grasse. Fromage gras. ,,Fromage renfermant au moins 40 grammes de matières grasses pour 100 grammes de fromage après complète dessication`` (Clém. Alim. 1978). Comme la servante apportait le dessert, un fromage gras et des fruits (Zola, Terre,1887, p. 152).Dans les fromageries où l'on fabrique des fromages absolument gras (...) on met en présure le lait vierge de tout écrémage (Pouriau, Laiterie,1895, p. 379).
Loc. fig. Faire ses choux gras de qqc. V. chou D.
Emploi subst. masc. Matière grasse, partie grasse de la viande (ou d'un mets). Le gras du jambon, d'une viande; dépourvu de gras. On rationnait tellement le bout de gras qu'on faisait plus la soupe qu'une seule fois par jour (Céline, Mort à crédit,1936, p. 622).Je conseille donc aux jeunes d'adopter la méthode des jolies femmes et de soigner leur ligne, de préférer le maigre au gras (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 219) :
5. − Auguste, donnez-moi les gras, cria Quenu. Et lorsqu'il tint le plat, il fit glisser doucement dans la marmite les gras de lard, en les délayant du bout de la cuiller. Les gras fondaient. Zola, Ventre Paris,1873, p. 687.
Au gras. Accommodé avec du gras ou du jus de viande. Le père Hucheloup mourut. Avec lui disparut le secret des carpes au gras (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 314).Le riz n'est même plus au gras maintenant (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 160).
Loc. fig. Discuter le bout de gras avec qqn. V. bout II B 1 arg.
P. ext., pop. À base de graisse ou d'aliments comportant de la graisse, essentiellement animale. Régime gras.
En partic. [Dans le domaine des prescriptions de l'Église] :
6. Et puis, vous vous imaginez que les Bénédictins se nourrissent constamment de viandes et c'est absolument faux; la vérité est que nous usons d'aliments gras, plusieurs fois la semaine, sauf en Carême et en Avent. Ajoutez à ces deux saisons, où nous sommes voués au maigre, les Quatre-Temps, les Vigiles, la Semaine Sainte, d'autres fêtes et vous constaterez que nous pratiquons l'abstinence, les deux tiers de l'année, et endurons au moins une centaine de jeûnes. Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 219.
[En parlant de jours ou de périodes] Où la consommation d'aliments carnés est permise. Lundi, mardi* gras; semaine grasse. Les jours maigres, les légumes et les poissons revenaient au même prix que la viande les jours gras (Goncourt, Journal,1894, p. 547).
Emploi adv. Manger gras. Manger des aliments carnés. Il était très pieux, à la différence des deux Krafft, père et fils, qui faisaient les esprits forts, tout en se gardant bien de manger gras le vendredi (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 96).
Emploi subst. masc. Mets à base d'aliments carnés; p. ext., repas où l'on sert de tels mets. On servait pour eux du gras et un souper qui tentait violemment les jeûneurs (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 247).Le substitut s'aperçut de la stricte observance des lois ecclésiastiques que sa femme lui imposait les jours maigres, et il ordonna à ses gens de lui servir du gras pendant toute l'année (Balzac, Double fam.,1830, p. 281).À l'abbaye de Saint-Wast il y avait un réfectoire pour le gras. Il (...) n'était pas aussi grand que celui où l'on mangeait maigre (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 341).Faire gras. Manger de la viande ou des mets préparés avec de la graisse animale. Le grand homme d'Aps avait une dispense de Monseigneur et faisait gras, seul de la famille (A. Daudet, Roumestan,1881, p. 64).Mais, si Miraut faisait gras le vendredi saint, je m'imaginerais qu'il est juif et je le prendrais en horreur (A. France, Opinions J. Coignard,1893, p. 92).
2. P. anal.
a) [L'accent est mis sur l'idée de consistance onctueuse et/ou visqueuse]
α) [En parlant d'une matière plus ou moins malléable]
Qui a une consistance visqueuse, souvent sous l'effet de l'humidité. Boue grasse, sable gras. À travers l'eau des ornières, la terre grasse, les mottes molles, les prés détrempés et gluants, nous sommes arrivés au bois (Goncourt, Journal,1866, p. 300).Le terrain était gras (Auto,1937).
Argile grasse. Argile très plastique. On a cru pouvoir distinguer les argiles grasses des argiles maigres en attribuant 60 de silice et 40 d'alumine aux premières, et 80 de silice et 20 d'alumine aux secondes (Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 318).
Spécialement
INDUSTR. DU CHARBON. Charbon, houille gras(se). Charbon riche en produits bitumeux, caractérisé par une fusion pâteuse avec gonflement qui donne le coke, après disparition des matières volatiles. Anton. charbon, houille maigre.Une autre classe des charbons proprement dits (charbons gras pour les forges, houilles à gaz, ou houilles flambantes), formés à plus grande profondeur que les houilles cellulosiques (E. Schneider, Charbon,1945, p. 294) :
7. La houille brûle facilement; elle est dite grasse [it. ds le texte], demi-grasse [it. ds le texte] ou maigre, suivant qu'elle est plus ou moins riche en matières volatiles et qu'elle s'agglutine plus ou moins en brûlant. Ce sont les houilles grasses qui servent à fabriquer le gaz d'éclairage. Boule, Conf. géol.,1907, p. 100.
CONSTRUCTION. Mortier gras. Mortier qui contient beaucoup de liant (chaux ou ciment). Anton. mortier maigre.Les artistes du XIIedessinaient à l'ocre rouge sur fond de mortier gras (Maillet, Peint. relig.,1934, p. 39).
β) ŒNOLOGIE. [En parlant d'un vin]
Moelleux, qui a de la chair. Si l'on fait tourner du vin gras et charnu dans un verre, des gouttes adhèrent aux parois et descendent lentement comme des larmes (R. Dumay, Guide du vin, Paris, Stock, 1967, pp. 382-383).
Atteint de graisse (v. ce mot B 1).
Rem. Ce dernier sens n'est guère attesté dans les ouvrages spécialisés actuels, mais apparaît dans les dict. gén. qui signalent aussi l'emploi subst. masc., synon. de graisse B 2.
γ) [En parlant de phénomènes atmosphériques] Le brouillard gras des nuits d'hiver leur glaçait la peau (Flaub., 1reéduc. sent.,1845, p. 171).La nuit est trouble, l'air chargé d'une humidité grasse (Genevoix, Nuits de guerre,1917, p. 219).Un vol pesant d'oiseaux passait dans le matin brumeux et gras, au-dessus des terres gluantes (Camus, Env. et endr.,1937, p. 94).
Temps gras. Temps humide et brumeux (cf. Bonn.-Paris 1859, Soé-Dup. 1906). Le temps était si gras qu'il n'avait été possible de les distinguer [des îles] que lorsque nous en fûmes très-près (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 374).
[En parlant du ciel] Couvert. Et à l'entrée de la nuit, l'horizon était si gras, que j'aurais pu en être très-près sans la voir [la côte] (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797p. 241).
δ) [En parlant d'une surface] Visqueux. Trottoir gras. Une petite pluie fine, pénétrante, avait rendu le pavé gras et glissant (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 82).Mais la berge grasse, indéfiniment plate laisse voir sous sa tourbe une terre noire (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 177).
b) [L'accent est mis sur l'idée de volume]
α) [En parlant d'une matière ou d'un objet palpable, ou d'une forme]
Plante grasse. Plante à tiges et feuilles épaisses, charnues. Toutes les espèces de plantes grasses dont les feuilles semblent être des éponges pleines d'eau (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 181).L'arbre entier était couvert de cette bizarre plante grasse grimpante, qui semble un cactus, lance en tous sens des rameaux, tous exactement de même grosseur (Gide, Voy. Congo,1927, p. 849) :
8. L'enfant revient; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards; Il la veut arracher, mais la tige est tenace; Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards. Gautier, Poés.,1872, p. 225.
Chaux grasse. Chaux qui foisonne beaucoup. Anton. chaux maigre.Les chaux grasses proviennent de la calcination des calcaires presque purs (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 155).L'emploi des mortiers bâtards obtenus par mélange de Portland et de chaux grasse est d'un usage courant (Cléret de Langavant, Ciments et bétons,1953, p. 154).
CONSTRUCTION et MENUIS. [En parlant d'une pierre taillée ou d'une pièce de bois] Trop épais pour la place qu'elle doit occuper. Tenon gras (Jossier 1881). Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Avoir du gras, être en gras (cf. Chabat t. 2 1876 et Chabat 1881). On taille en gras une clef, pour ne la terminer qu'à la pose afin d'être certain d'obtenir des joints réguliers dans un arc ou dans une platebande (Noël1968, s.v. gras (en)).
IMPRIMERIE
Encre grasse. Encre épaisse. Fréquemment il arrive que les lettres des saints parchemins, écrites d'une encre grasse et plutôt collées qu'imprimées sur la peau imperméable, se détachent et tombent (Tharaud, Ombre de la Croix,1917, p. 280).Transformer la photographie fugitive en une image supérieure, susceptible d'être imprimée aux encres grasses (Prinet, Phot.,1945, p. 53).
[En parlant d'un caractère ou d'un filet] Dont l'épaisseur est plus importante que celle du caractère ou du filet normal. Répertoires des hommes et des chevaux de l'escadron, en belle ronde et en deux couleurs, rehaussés çà et là d'accolades vigoureuses, d'accouplements de filets gras et maigres où se sentait la main artiste du tambour (Courteline, Train 8 h 47,1888, III, p. 30).Deux affiches, imprimées par Roll, reproduisant, en caractères gras, la péroraison de la lettre de Zola (Martin du G., J. Barois,1913, p. 373).
Emploi subst. masc. Typographie en caractères gras. Le gras doit être utilisé sans excès, pour un mot ou une phrase que l'auteur veut faire ressortir (Impr.1977).
BEAUX-ARTS
[En parlant d'une matière]
Crayon gras. Crayon à mine tendre donnant un trait large et noir. Les mêmes lettres majuscules au crayon gras, bleu (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 56).
Couleur grasse. Couleur de consistance épaisse. [Dans un tableau de Frans Hals à Harlem] pâtes épaisses et coulantes, fermes et pleines, grasses et minces suivant les besoins (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 283).[Rousseau peint par petites taches] il met ainsi une vibration lumineuse que Dupré et Huet empâtaient dans leur couleur grasse (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 362).
[En parlant d'une teinte] [Sur la plage de Scheveninguen] Les noirs y sont pleins, les blancs savoureux, simples et gras (Fromentin, Maîtres autrefois,1876p. 149).La lumière est précisément le contraire de celle de l'Île-de-France, cette dernière enveloppante et comme matérielle où le moindre objet se nuance de mille teintes grasses (Gilles de La Tourette, L. de Vinci,1932, p. 2).
[En parlant de l'aspect d'une œuvre, d'une forme] [La technique de Roll] s'en tient (...) à une facture grasse et franche (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 227).En glissant paisiblement, le pinceau [de Chardin] a tracé sur la grosse toile des contours gras (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914p. 274).[Des dessins de Maxime Delhomas] d'un trait gras qui contourne et, en même temps, précise (Toulet, Notes art,1920, p. 9).
Emploi subst. masc. Trait gras. Il s'y trouve, dans ces croquis [japonais], tous les contrastes amusants des gras et maigres (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 223).
Emploi adv. Peindre gras. ,,Peindre par couches épaisses`` (Ac. 1835-1932).
Emploi subst. masc. Le gras de. La partie charnue de. Le gras du bras, de la main, des fesses, du mollet, du pouce. Ces muscles sont très-considérables dans l'homme qui a les gras de jambe plus forts qu'aucun quadrupède (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 383).Il avait une balle dans le gras de la cuisse, tout en haut (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Prisonn., 1884, p. 286).J'avais le gras d'une paume mis à vif (Montherl., Olymp.,1924, p. 248).
Emploi abs., pop. Le jour que je me suis marié, la mienne [ma femme] se faisait déjà pincer le gras par le cousin de mon beau-frère, un nommé Gustave (Aymé, Rue sans nom,1930, p. 199).
β) Domaine des sons
Sourd, comme empâté. Bruit, timbre gras. À partir du premier fa jusqu'au si aigu, sonorité grasse et pleine [de la harpe] (Widor, Techn. orch. mod.,1904, p. 162).La queue de la corvée refluait dans un gras clapotis de boue agitée (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 255).
[Bruit d'orig. hum.]
Articulé avec l'arrière-gorge et des vibrations de la langue et/ou de la luette. Parole grasse, patois gras. Ceci prononcé par un employé (...) avec l'accent gras, lent et doux et têtu des Picards (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., 1893, p. 207).Son ton bas et confidentiel de vieux diplomate contrastait avec la voix grasse et surexcitée de Viviani (Morand, Londres,1933, p. 58).J'entends (...) son rire débonnaire, gras et prolongé (Arnoux, Solde,1958, p. 12).
Emploi adv. Parler gras. ,,Grasseyer`` (Ac. 1835-1932). Rire gras. ha! Ha! Ha! ... Il riait gras (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 28).
Toux grasse. Toux qui révèle la présence de mucosités dans la gorge. Anton. toux sèche.Sa voix éteinte faisait entendre le sifflement gras de l'asthme (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 123).Sorte de gros polichinelle turc qui n'avait rien de remarquable qu'un nez énorme, une toux grasse et constante, une main estropiée (Du Camp, Nil,1854, p. 98).Elle toussa deux ou trois fois par quintes dures et grasses (Arnoux, Suite var.,1925, p. 77).Emploi adv. Jérôme Savrit se retourna sur son oreiller, toussa gras, éternua, cracha du bitume, puis il s'assoupit à demi, rêvassant (Arnoux, Nuit St-Avertin,1942, p. 9).
c) [L'accent est mis sur l'idée d'abondance, de richesse]
α) [Abondance et richesse matérielles]
[En parlant d'une région et de ce qu'elle produit] Sol, pays gras; gras pâturages, grasses récoltes. Après les guerres de religion, cette grasse Flandre, si longtemps dévastée, avait fini par atteindre la paix et la sécurité civile (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 32).Même au milieu des plus riches, des plus grasses campagnes normandes, j'ai la nostalgie de la lande (Mirbeau, Journal femme,1900, p. 57).Nous sommes en Normandie, la terre est grasse et facile (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 239).
[En parlant d'une pers. ou d'un établissement] Opulent, riche/enrichi. Grasse métairie. Une femme de droguiste, lequel droguiste s'était retiré gras d'une fortune (Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 628).Visiter sur une mule les grasses abbayes (Flaub., Tentation,1849, p. 439).
En être plus gras. En être plus riche, plus content, plus avantagé. En serez-vous plus gras, pour m'avoir dit des injures? (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 117).Et je le nourris toujours, monsieur, je le nourris plus que jamais, aujourd'hui. (Avec amabilité.) Sans savoir, hélas! si j'en serai plus gras! (Labiche, Deux papas,1845, 10, p. 406).V. enfuir (s') ex. 4.
[En parlant d'une vie ou d'une situation] Confortable à cause de la richesse. Saleur (...), craignant de gâter sa vie grasse d'enrichi, retournait à l'église (Zola, Vérité,1902, p. 228).
[En parlant d'une somme d'argent] Important, généreux. Gras pourboire, grasse prébende. Une grasse subvention ne se ferait pas attendre (Coppée, Contes en prose,1882, p. 168).Il ne s'agissait que de toucher un mois de gras salaire (Peyré, Matterhorn,1939, p. 110).Or qui donc est avec l'Angleterre (...)? (...) des officiers mués en aventuriers (...). Et qui, en attendant, touchent les soldes grasses de l'Empire britannique (L'Œuvre,2 févr. 1941).
Arg. Argent ou bénéfice. Soixante balles de gras [pour ma semaine de travail] (Le Breton, Loi,1955, p. 122).
Expr. pop. ou arg.
Il y a gras. Il y a beaucoup (à gagner). Fougères regarda la pratique sans rire, car monsieur Vervelle présentait un diamant de mille écus à sa chemise. Fougères regarda Magus et dit : « Il y a gras! » en employant un mot d'argot, alors à la mode dans les ateliers (Balzac, P. Grassou,1840, p. 449).Elles ne manquent jamais d'examiner les lieux dans lesquels elles se trouvent, et s'il y a gras (s'il y a du butin à faire), elles renseignent le mari ou l'amant, qui a bientôt dévalisé la maison (Vidocq, Voleurs, t. 1, 1886, p. 33).
Il n'y a pas gras. Il n'y a pas beaucoup. Il n'y a jamais gras dans une caisse de ce genre (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 690).Il ne restera pas gras pour le dîner (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 912).
C'est pas gras (ou var.). Ce n'est pas beaucoup. Montespan et sa femme doivent avoir cent cinquante ou cent soixante mille francs de rente (...) ça ne fera pas gras pour chacun (Gyp, Cœur Ariane,1895, p. 79).[Le garçon :] C'est pas gras, cinq ronds de pourboire (Magnane, Bête à concours,1941, p. 448).
β) [Idée de temps (agréablement) prolongé] Faire (plus rarement dormir) la grasse matinée. Dormir tard, se lever tard dans la matinée. Pour la première fois depuis trois ans, j'avais dormi la grasse matinée (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 257).Elle se levait la première et, comme nous faisions la grasse matinée, elle nous apportait le petit déjeuner au lit (Sartre, Huis clos,1944, 5, p. 142).
[Sans le verbe faire/dormir] Plaisir de la grasse matinée :
9. Plus jamais redorant tes ombres satinées, La vieille aux doigts de feu qui fendent les volets Ne viendra t'arracher aux grasses matinées Et rendre au doux soleil tes joyeux bracelets... Valéry, Alb. vers anc.,1900, p. 91.
P. anal. Il y avait un divan où j'ai dormi de grasses après-midi (Zola, T. Raquin,1878, I, 2, p. 55).
3. Au fig. Truculent, licencieux. L'autre [avait] le récit gras et merveilleusement salé (Goncourt, Journal,1864, p. 11).Tandis que le gendarme et le brigadier, riant toujours et lui criant, de loin, de grasses plaisanteries de caserne (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Crime père Bonif., 1884, p. 157).Cet entretien [entre Zola et Goncourt] dut être d'un comique assez gras (Sartre, Sit. I,1947, p. 300) :
10. La cuite, la rixe, les propos gras, les pinçages de fesses, quand il y en avait, voilà comment chez moi, on manifestait son contentement. Arnoux, Zulma,1960, p. 26.
Vx. Cause grasse. ,,Cause que les clercs du palais choisissaient ou inventaient pour plaider entre eux, aux jours gras, et dont le sujet était plaisant`` (Ac. 1798-1932).
B. − [Le corps gras n'est pas considéré comme entrant dans la composition de l'élément envisagé]
1. Enduit ou imprégné de graisse (v. ce mot A 1) ou d'un corps gras.
a) [Sous l'effet d'un phénomène naturel; en parlant des cheveux ou de la peau] Qui présente un aspect luisant dû à une sécrétion graisseuse, plus ou moins abondante, de la peau. Anton. sec.Soins pour les peaux grasses (Quillet Méd.1965, p. 315).Les cheveux gras nécessitent des shampooings hebdomadaires, parfois même plus rapprochés, alors que les cheveux secs ont assez de deux shampooings mensuels (Quillet Méd.1965p. 317).
b) [Sous l'effet d'une action humaine] MÉGISSERIE. Cuir gras, peausserie grasse. ,,Cuir auquel on a fait absorber, au cours des opérations de corroyage, une quantité importante de corps gras, généralement en vue d'imperméabilisation`` (Rama 1973). D'autres délivraient de la ficelle qui les entortillait leurs portefeuilles de cuir gras (Gozlan, Notaire,1836, p. 262).
Corroyage en gras. Le corroyage en gras qui produit les cuirs à empeigne, à équipement, à bourrellerie, à courroie et l'ensemble des cuirs dits cuirs industriels (Bérard, Gobillard, Cuirs et peaux,1947, p. 97).
2. Enduit, imprégné, taché de graisse (v. ce mot A 1) ou d'un corps gras. Il est venu lentement un petit pauvre vieillard, le collet de son paletot gras et lustré, monté jusqu'aux yeux (Gongourt, Journal,1860, p. 857).On y [dans des fosses] trouve aussi, tantôt une poire à poudre avec des balles, tantôt un vieux jeu de cartes gras et roussi qui a évidemment servi aux diables (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 439) :
11. Il y avait des débits de vin et d'huile au litre, fort ténébreux, car le peu de lumière qui y pénètre n'y rencontre que des douves brunes et violettes, ou par endroits du métal gras oint de vieille huile, incapable de reflets. Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 41.
[Avec compl. prép. de désignant ce qui rend gras] Gras de sueur. Le décolleté gras de cold-cream (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 354).V. estafilade ex. de Gautier.
REM.
Grasset, -ette, adj. dimin. de gras,fam. Un peu gras. C'est la plus fraîche des grand-mamans, encore blonde et déjà grassette (Amiel, Journal,1866, p. 441).Variante grassot. Air grassot de la mère (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 267).
Prononc. et Orth. : [gʀ ɑ], fém. [-ɑ:s]. Le timbre [ɑ] dans le masc. est anal. du fém. Homon. grâce. Le mot est admis ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1170 « bien en chair, fort, gros » (Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1805); 2. a) 1erquart xiiies. « riche, fait avec de la graisse » le crasse cuisine (Renclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. Van Hamel, CXLI, 9); b) 2emoitié xiiies. gras fromages (Chr. de Troyes, Erec, var. ms. H., éd. W. Foerster, 3128); 3. a) xiiies. « de consistance semblable à la graisse, riche, fertile » (Chron. en prose, Récits d'un ménestrel de Reims ds Bartsch Chrestomathie, 73, 5 : de voir que la terre est si crasse) cf. aussi dès le début xiiies. au fig. (Renclus de Molliens, Charité, 70, 8 ds T.-L. : Prestre n'as pas l'ame assez crasse); b) 1478-80 en faire ses choux gras (G. Coquillart, Plaidoyer, éd. M. J. Freeman, vers 214); c) 1478-80 grasses matinees (Id., Enquête, ibid., vers 804); 4. [xiiies. « qui a beaucoup de graisse, de basse qualité, grossier » grasses viandes (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, var. ms. B, éd. E. Walberg, 3617)]; 1401 « grossier, licencieux » (Lit. remiss. ann. 1401 ex Reg. 156 Chartoph. reg. ch. 447 ds Du Cange, s.v. grassus), d'apr. Tabarin, le sens de « licencieux, libre » se rattacherait au sens 5, certains écarts de lang. étant permis les jours gras (cf. G. Raibaud ds Fr. mod. t. 6, p. 360 et cause grasse « cause plaidée le mardi gras parce qu'elle porte sur des sujets licencieux » Est. 1549 et Ac. 1694); 5. xves. dimanche gras (Stat. de l'abb. de Déols, Mél. d'arch. et d'hist. de l'Ecole de Rome, p. 23 ds Gdf. Compl.); av. 1538 jours gras (P. Gringore, Œuvres complètes, éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, I, 206); 6. av. 1540 parler gras (R. de Collerye, Œuvres complètes, éd. Ch. d'Héricault, 76); 7. 2emoitié xvies. « sali, taché de graisse » (Amyot, Nicias, 1 ds Littré); 8. a) 1676 (d'une pièce de charpente ou d'une pierre de construction) « trop épais » (Félibien, p. 611); b) 1775 « épais, d'encrage large » (infra subst. 3). B. Subst. 1. ca 1265 « partie grasse, graisse » (Brunet Latin, Trésor, 222 ds T.-L.); 2. 1666 « partie charnue » le gras de la jambe (Furetière, Roman bourgeois, éd. Colombey, 78); 3. 1775 « épaisseur d'encrage » (d'un caractère) (Ms. Anisson, 22188, 188 vo, Mémoire sur la fonte des caractères ds IGLF : Dans les [filets] gras qu'on a employés jusqu'à ce jour, la régularité manque, ils n'ont pas tous le même gras). Du lat. crassus signifiant à l'orig. « épais », mais employé comme terme expressif pour signifier « gros »; le terme a évincé pinguis. La sonorisation de l'initiale, attestée dès le b. lat., est peut-être due elle-même à l'infl. de grassus. Fréq. abs. littér. : 2 751. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 933, b) 5 938; xxes. : a) 5 668, b) 3 458. Bbg. Grimaud (Fr.). Petit gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1973, p. 294. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 220, 224, 225, 226, 231, 236. - Quem. DDL t. 16.