| GRAILLONNER, verbe intrans. [Correspond à graillon2] A. − Tousser, se racler la gorge pour expectorer des graillons. Son souffle graillonnait avec de menus sifflements (Genevoix, Raboliot,1925, p. 36).Il toussotait, graillonnait, tâtait de mille manières sa gorge et ses bronches; il se mettait en position de suffoquer, si bien que la crise ne pouvait plus ne pas se produire (Duhamel, Cécile,1938, p. 124). B. − P. ext. [Avec influence de grailler1] Parler d'une voix rauque et enrouée, avec des raclements de gorge. La voix graillonne. Pendant que la vieille se hâtait d'essuyer du pied cette ordure [son crachat], il graillonna surérogatoirement quelques doléances préalables (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 14). − Arg., vx. Parler en prison d'une fenêtre à l'autre. Le règlement des prisons défend de graillonner (Vidocq, Voleurs, t. 1, 1836, p. 193). Prononc. et Orth. : [gʀ
ɑjɔne], (il) graillonne [gʀ
ɑjɔn]. Warn. 1968 : ,,parfois [gʀa-]``. Cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 85 : ,,Mais l'[ɑ] est légèrement moins fréquent dans les dérivés`` (que dans graillon. Ce qui s'explique par l'éloignement de la syll. p. rapp. à l'accent). Le verbe est admis ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1808 (Hautel). Dér. de graillon2*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 10. DÉR. 1. Graillonnement, subst. masc.a) Action de tousser, de se racler la gorge pour expectorer des graillons. Le graillonnement d'un épais crachat qu'il envoie sur le tapis (Goncourt, Journal,1890, p. 1185).b) P. ext. Action de parler d'une voix rauque et enrouée en se raclant la gorge. Synon. graillement.Sa conversation n'était qu'un graillonnement indistinct, duquel émergeaient de temps à autre les rares vocables dont elle se sentait sûre (Proust, Swann,1913, p. 204).− [gʀ
ɑjɔnmɑ
̃] et [gʀa-]. − 1reattest. 1890 (Goncourt, loc. cit.); de graillonner, suff. -(e)ment1*. 2. Graillonneur, -euse, subst.Celui, celle qui graillonne continuellement. (Dict. xixeet xxes. excepté. Ac.). Et tout vieux graillonneur, tout lecteur édenté De monsieur de Voltaire est encore enchanté (Pommier, Crâneries,1842, p. 137).− [gʀ
ɑjɔnœ:ʀ] et [gʀa-], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1756 (Théâtre des boulevards, Le Remede à la mode, II, 108 ds Quem. DDL t. 15); de graillonner, suff. -eur2*. BBG. − Sain. Arg. 1972 [1907] p. 65. |