| GOÉMON, subst. masc. Mélange d'algues marines brunes des genres fucus et laminaire, récoltées sur les côtes bretonnes et normandes, que l'on utilise comme engrais ou dont on extrait de la soude et de l'iode. Synon. varech.L'air froid était rempli de la senteur âcre du goémon (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 110).On les entendait remuer sur leurs matelas de goémons secs (Queffélec, Recteur,1944, p. 38).De charmants visages de veaux, (...) avec les petites herbes vertes dans le creux des oreilles comme le goémon dans le creux des rochers (Prévert, Paroles,1946, p. 9) :Deux longs sillons parallèles et boueux, les traces qu'avaient laissées les chars de paysans ramenant de la mer les moissons de goémons et de varech, s'enfonçaient vers les lointains. Et c'était tout Ruysdaël, dans sa grandeur sauvage...
Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 194. ♦ Goémon d'épave. Goémon rejeté à la côte par la mer. Le goémon d'épave, masses déracinées et rejetées par le flot, que les femmes recueillent et transportent pour amender les champs (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 336). REM. Goémoneux, euse, adj.,hapax. De goémon. Tourbes goémoneuses (Queffélec, Recteur,1944p. 97). Prononc. et Orth. : [gɔemɔ
̃] ou d'apr. Littré, [gɔ
εmɔ
̃]. Prononc. en 2 syll. : [gwe-, gwamɔ
̃] ds Barbeau-Rodhe 1930, Dupré 1972. Ds Ac. dep. 1762, goêmon (1762, 1798), puis goëmon (1835), puis goémon. Étymol. et Hist. xives. (?) goumon « varech; engrais fait du varech » (Acta SS Maii tom. 4 pag. 568 et 569 de S. Ivone ds Du Cange); 1681, août gouesmon (Ordonn. de la marine, livr. IV, tit. X, art. 1 ds Littré); 1686 goemon (G. P. Tachard, Prem. voyag. ds Trév. 1721). Empr. au bret.goumon « id. » (FEW t. 20, p. 10a). Fréq. abs. littér. : 85. DÉR. Goémonier, subst. masc.Homme, bateau qui fait la récolte du goémon à des fins agricoles (engrais) ou industrielles (produits chimiques). La fumée légère qui monte des tranchées des goémoniers (Gracq, Beau tén.,1945, p. 84).− [gɔemɔnje]. − 1resattest. 1922 subst. « matelot employé à la récolte du goémon » (Lar. univ.), 1930 « navire » (Lar. 20e); de goémon, suff. -ier*. BBG. − Bugge (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 358. |