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GOURMAND, -ANDE, adj.
A. −
1. Vieilli. ,,Qui mange avec avidité et avec excès`` (Ac.). Il est gourmand, mon cher, à se faire mourir à tous les repas. Tu ne te figures point ce qu'il mangerait si on le laissait libre (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Famille, 1886, p. 562).
Emploi subst. Une peinture déjà vieille à cette époque, qui représentait un gourmand, habillé à la mode de mon grand-père. Il était assis devant une table couverte de bouteilles, chargée d'un pâté monstrueux et ornée d'un ananas décoratif (A. France, Pt Pierre,1918, p. 51).
2. Au fig. Qui exige beaucoup. Vingt-cinq mille répéta Porey-Cave, c'est cher; tu es gourmande, Yada (L. de Vilmorin, Lit à col.,1941, p. 278).
B. −
1. Qui aime la bonne nourriture et qui sait l'apprécier. Gourmand comme un chat. Morny (...) a soutenu que les femmes n'avaient pas de goût, qu'elles ne savaient point ce qui est bon, qu'elles n'étaient ni gourmandes ni libertines, qu'en fait de goût, elles n'avaient que du caprice (Goncourt, Journal,1863, p. 1273).Un petit bourgeois rêveur et gourmand qui aimait ses pantoufles et les petits plats (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 294) :
1. Tu es donc gourmand? − Parbleu! Il n'y a que les imbéciles qui ne soient pas gourmands. On est gourmand comme on est artiste, comme on est instruit, comme on est poète. Le goût, mon cher, c'est un organe délicat, perfectible et respectable comme l'œil et l'oreille. Maupass., Contes et nouv., t. 2, Rosier MmeHusson, 1887, p. 683.
Emploi subst. Justement sort d'un buisson la tortue, ce mets recherché par tous les gourmands (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 128) :
2. Rien n'est plus agréable à voir qu'une jolie gourmande sous les armes : sa serviette est avantageusement mise; une de ses mains est posée sur la table; l'autre voiture à sa bouche de petits morceaux élégamment coupés, ou l'aile de perdrix qu'il faut mordre... Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 145.
En gourmand. Il épargna les trois sous de son gloria et but en gourmand l'excellent thé de MmeRaquin (Zola, T. Raquin,1867, p. 31).
Rem. ,,Gourmet et gourmand ne sont pas interchangeables. Un gastronome est un gourmet; un gourmand n'en est pas nécessairement un. On peut être gourmand de chocolat et de sucreries et n'être en aucune façon connaisseur pour les autres éléments qui constituent les plaisirs de la table`` (Dupré 1972).
[P. méton. du déterminé] Où l'on mange bien. Région gourmande. Il suffirait, à un gastronome, de dire que Saulieu, patrie gourmande de l'illustre Alexandre Dumaine est en Morvan (Arts et loisirs,3 mai 1967, p. 75).
En partic. Qui recherche, qui aime particulièrement les sucreries, les friandises. Les enfants qui venaient à la maison me paraissaient gourmands et sans gêne. Dès que leurs parents avaient le dos tourné, ils se précipitaient sur les gâteaux (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 70).
Gourmand de
α) Qui a un goût prononcé pour (un aliment). Enfant gourmand de fruits; ours gourmand de miel. Elle devait mettre au four le pain de la ferme, ce qui amusait fort la petite fille, gourmande de galette (Zola, M. Férat,1868, p. 167).
β) Au fig. Avide de. Gourmand d'air pur, de soleil. Ces petits corps ardents et las, ces âmes non blasées, pas abondantes, mais vives et gourmandes de vivre (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 818).Docile aux modes, gourmand d'idées nouvelles, il est facile à convaincre et accessible au bobard (Mounier, Traité caract.,1946, p. 293).
2. Qui manifeste, qui exprime la gourmandise. Elle but sa chartreuse avec des mines gourmandes (Arland, Ordre,1929, p. 402).M. Urbain Levêque fit claquer sa langue contre son palais avec un bruit gourmand et appliqué (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 23).
Au fig.
Qui manifeste, qui annonce un tempérament voluptueux. Elle avait les lèvres gourmandes, le nez retroussé, de grands yeux vides, au regard, eût-on dit, bovin (Gide, Thésée,1946, p. 1422).C'était une forte plante d'homme, avec un long visage, de grands yeux étincelants, un long nez généreux, une bouche gourmande (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 228) :
3. ... la petite n'avait pas les traits réguliers, le visage tendre et résigné de sa mère, mais des yeux hardis, un grand rire gourmand, et une manière de jeter sa poitrine dans le regard des hommes. Aymé, Jument,1933, p. 191.
Qui exprime le désir. Il s'avança, les mains tendues, les lèvres gourmandes, et, la saisissant à pleins bras, il l'embrassa (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Morin, 1882, p. 846).« Ne sois pas nerveux. Donne-moi ta main... Tu es venu! » reprit Irène, penchée sur son visage, tout près, le fixant avec une intensité gourmande (Gracq, Beau tén.,1945, p. 189) :
4. Avec une audace espagnole, Ma gourmande caresse n'a- T-elle aux genoux de Rosina Moqué les verrous de Barthole? Moréas, Syrtes,1884, p. 18.
C. − HORTIC. Branche gourmande (vieilli) ou gourmand, subst. masc.
1. Rameau inutile et qu'il faut supprimer parce qu'il tire la sève à lui. Couper, élaguer les gourmands. Les arbres non taillés projetaient en tous sens des branches gourmandes (Gautier, Fracasse,1863, p. 3).Menus soins de jardinage; il enlève le gui, les gourmands, les pucerons (Gide, Feuillets,1911, p. 343).Il coupait les « gourmands » des rosiers vivaces (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 27).
2. Synon. de stolon.Un fraisier qui étend à l'infini ses gourmands (Morand, Londres,1933, p. 330).
REM.
Gourmandement, adv.D'une manière gourmande. Une certaine façon (...) de plisser gourmandement les narines (Arnoux, Visite Mathus.,1961, p. 365).
Prononc. et Orth. : [guʀmɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:d]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1354 nov. « qui mange avec avidité; qui aime les bons morceaux » ici adj. ouvriers gourmans, ou frians (Ordonnance du Roi et du conseil... ds Rec. gén. des anc. lois fr., éd. Decrusy, Isambert et Jourdan, t. 4, p. 701); en partic. 1688 bot. branche gourmande (Miege); 1702 subst. ces gourmands (Liger, La Culture parfaite des jardins fruitiers et potagers, Paris, Vve C. Gasse, p. 325); 2. p. ext. 1550 « avide de connaître; qui aime » ici adj. gourmand de gloire (Ronsard, Les quatre premiers livres des Odes, Au Lecteur ds Œuvres complètes, éd. G. Cohen, t. 2, p. 971). Orig. peu claire; l'hyp. d'un rattachement à gourmet* avec changement de suff. sous l'infl. de friand* (v. Regula ds Z. rom. Philol. t. 44, 650) se heurte au fait que gourmet ne prend le sens de « gourmand », que beaucoup plus tard , v. FEW t. 16, p. 93a. On devrait alors partir du sens de « valet » (v. gourmet) et songer à une évolution sém. comparable à celle que présente plus tard goinfre *. Fréq. abs. littér. : 473. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 588, b) 770; xxes. : a) 862, b) 578. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 154. - Pollak (W.). Fallstricke des französischen und des deutschen Wortschatzes. Wien, 1956, 44 p. - Quem. DDL t. 4 (s.v. gourmandement).