| GOULOT, subst. masc. A. − Col d'un récipient. Goulot d'une bouteille, d'une cruche, d'un flacon. Il avait à son cou une noix de coco, très bien sculptée, arrangée en flacon, avec un goulot d'argent (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 33).Elle allait prendre par le goulot les amphores suspendues (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 19).L'homme qui avait laissé là cette bicyclette toute seule, avec une gibecière au guidon et le goulot d'un litre dépassant (Genevoix, Raboliot,1925, p. 172) : 1. ... un vin fameux dont le meunier faisait l'éloge, débouchant les bouteilles avec précaution, essuyant le goulot de la paume de sa main pour en faire tomber les parcelles de cire.
Moselly, Terres lorr.,1907, p. 43. ♦ Boire au goulot. Boire directement à la bouteille. Il ne dessoûlait jamais, d'ailleurs. Les rares jours où il travaillait, il posait un litre d'eau-de-vie près de son étau de serrurier, buvant au goulot toutes les demi-heures (Zola, Assommoir,1877, p. 556).Et buvant à même au goulot d'une longue bouteille de vin du Rhin (Goncourt, Journal,1889, p. 1037). ♦ HORTIC. Goulot d'arrosoir. Arroser au goulot. Arroser avec un arrosoir auquel on a retiré la pomme : 2. Ne pas enterrer le plant trop profondément et arroser au goulot pour bien mettre la terre contre les racines.
Jardinage, Paris, Édilec, 1976, p. 161. − Pop. La bouche, le gosier. Soûl comme une bourrique, c'est le cas de le dire, fit remarquer Jésus-Christ, qui le contemplait d'un œil d'admiration fraternelle. Un baquet d'un coup, quel goulot! (Zola, Terre,1887, p. 356). ♦ Loc. Se rincer le goulot. Boire. Dubourg se versa une rasade et se rinça le goulot avec une satisfaction manifeste (Arnoux, Roi,1956, p. 56).Repousser, taper, trouilloter du goulot. Avoir (une) mauvaise haleine. Augustine, qui bien sûr devait avoir mangé ses pieds, tant elle trouillotait du goulot (Zola, Assommoir,1877, p. 724).Elle le renifla (...). Ils repoussent presque tous du goulot, par ici, c'est le grand chic. Mais toi, alors! (Magnane, Bête à concours,1941, p. 337). B. − Au fig., ÉCON. Goulot (parfois goulet) d'étranglement. ,,Inadaptation momentanée ou durable de l'offre d'un facteur de production à la demande qui s'exprime sur le marché`` (Bern.-ColliExtr.1976).Le manque de main-d'œuvre est un goulot d'étranglement pour l'industrie du bâtiment (Pujol1970) : 3. L'augmentation des ressources disponibles en travail, par les programmes à long terme d'emplois et de disponibilités, y compris les programmes d'immigration, les programmes de formation des personnels spécialisés et des chercheurs pour la science fondamentale et pour la science appliquée, contribuent à éliminer les goulots d'étranglement en longue période et peuvent procurer des réserves de travail en expansion plus courte.
Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 560. Prononc. et Orth. : [gulo]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1415 « passage par où l'eau s'écoule » (Chirog., A. Tournai ds Gdf. Compl.), encore ds Cotgr. 1611 au sens de « tuyau d'écoulement (p. ex. d'un évier) »; 2. 1616 pop. « gosier » (Comédie des Proverbes, scène III ds Anc. théâtre fr. t. 9, p. 54); 3. 1680 « col d'une bouteille ou d'un récipient » (Rich.). Dér. de goule, gueule*; suff. -ot*. Fréq. abs. littér. : 149. Bbg. Bottleneck : goulot ou goulet d'étranglement? Actual. terminol. 1972, t. 5, no8, p. 3. - Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 608. - Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, t. 21, pp. 455-456. |