| GLACIAL, -ALE, -AUX, adj. A. − Qui est glacé, froid comme la glace; qui pénètre d'un froid très vif. Anton. brûlant, chaud, torride.Vent glacial; l'eau glaciale du torrent. Une horrible délicatesse qu'entretient le climat, noir, humide et glacial de Besançon (Mallarmé, Corresp.,1867, p. 243) : 1. ... un jour gris, glacial, sali par une brume lourde, humide comme de la pluie, froide comme de la gelée...
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Épave, 1886, p. 717. SYNT. Brouillard glacial; averse, pluie, température glaciale; il fait glacial. − GÉOGR. Zone glaciale. Zone située entre le cercle polaire et le pôle. Océan glacial arctique. L'entrée des mers glaciales qui commençaient là, dans lesquelles les pôles étaient compris (Proust, Fugit.,1922, p. 653). − P. méton. Où il fait très froid. Église, nuit glaciale. Mmede Coulaines et sa fille (...) restaient gelées et immobiles au milieu de la chambre verte. − Austère, glaciale, sans feu, sans tapis, sans bourrelets aux portes, (...) cette pièce leur faisait froid dans le dos (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 26). Rem. Glacial se dit uniquement des choses, alors que glacé peut se dire aussi des personnes. B. − Au fig. 1. Qui manque de chaleur, qui est très froid. a) [Qualifie une pers. ou son comportement] Accueil, air, baiser glacial; correction, dignité, froideur, politesse, réserve, visage, voix glacial(e); congédier qqn d'un geste glacial : 2. J'ai vu chez elle, à ce dîner, un homme froid et glacial qu'elle m'a dit être un député (...). Ce député de province n'a pas dit trois mots pendant le repas...
Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 294. b) [Qualifie une œuvre, une réunion, une atmosphère] Ambiance, soirée glaciale. Ce fut glacial, ce repas; parfois de grands silences tombaient (Estaunié, Simple,1891, p. 90).La glaciale épître sur l'Amour de Dieu (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1921, p. 306) : 3. J'en suis fâché, mais Saint-Pierre m'ennuie. Cela me semble un art dénué de but. C'est glacial d'ennui et de pompe.
Flaub., Corresp.,1851, p. 312. 2. Qui affecte une indifférence extrême, qui déconcerte, paralyse. Ironie glaciale. Le coup d'œil glacial, hautain, méprisant que lui jeta la duchesse de Chaulieu (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 278).Sa belle-mère (...) qui leur a dit un bonjour glacial, un bonjour bref à faire mal au cœur (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 256) : 4. ... cette malveillante susceptibilité qui entourait d'une ceinture aigre et glaciale sa vraie nature plus chaleureuse et meilleure.
Proust, Prisonn.,1922, p. 60. REM. Glacialement, adv.D'une manière glaciale, froide. Être glacialement accueilli. Madame Gérard lui répondit alors de son air le plus glacialement hautain, un air blanc (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 47). Prononc. et Orth. : [glasjal], masc. plur. [-o]. Ac. 1798-1932 : ,,Il n'a point de plur. au masc.`` Tous les dict. gén. s'accordent pour souligner que le plur. est rare. Certains d'entre eux se risquent cependant à en donner un : -als ds Lar. encyclop. (et antérieurement ds Besch. 1845 qui le juge plus euphonique que celui en -aux); -aux ds Littré, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e. D'autres dict. notent prudemment les 2 : -als ou -aux, c'est le cas de Rob. et Lar. Lang. fr. Mais pour les adj. en -al on peut fort bien admettre cette règle de Grev. 1964, § 358 : ,,Sauf bancal, fatal, final, naval, tribal, auxquels un usage à peu près établi donne un pluriel masculin en -als − tonal, dont le pluriel en -aux ne paraît pas possible, à cause de l'homonymie de tonneaux − et causal, dont le pluriel masculin ne semble pas usité, les adjectifs en -al forment leur pluriel masculin en -aux``. On écrira donc de préférence glaciaux. Étymol. et Hist. 1380-90 [ms. xves.] « cristallin » (Evrart de Conty, Probl. d'Aristote, Richel. 210, fol. 70b ds Gdf.), très rare; une autre fois au xvies. (Hug.); 1534 Mer Glaciale, l'Océan Arctique (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M.A. Screech XXXI, 105); 1611 « très froid » (Cotgr.); 1740 fig. (Boissy, Dehors trompeurs, II, 10 ds Littré : d'un homme froideur glaciale). Empr. au lat.glacialis « glacial, de glace ». Fréq. abs. littér. : 763. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 976, b) 1 119; xxes. : a) 1 328, b) 1 012. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1975, t. 39, p. 211. - Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 136. |