| GLÈBE, subst. fém. A. − Vx. Motte de terre. Écraser les glèbes (Ac. 1835, 1878). La glèbe s'éboula sous nos regards en deuil Et fit rendre un son mat aux planches du cercueil (Pommier, Océanides,1839, p. 260). ♦ En partic. Terre grasse et compacte (cf. glaise). En Belgique, les polders ainsi conquis étalent leurs vastes plaines argileuses, leur glèbe collante, teintée de reflets violâtres (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 247).Il marchait péniblement, arrachant à chaque pas ses souliers lourds de glèbe (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 54). − P. ext., littér. Terre en culture. L'odeur amère du chiendent (...) montait autour de moi, qui avançais par grandes et lentes enjambées dans la glèbe luisante et noire (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 84) : 1. Mais il est las [le laboureur] d'avoir tant peiné sur la glèbe
Et songe que peut-être il faudra, chez les morts,
Labourer des champs d'ombre arrosés par l'Érèbe.
Heredia, Trophées,1893, p. 48. B. − DR. FÉOD. Terre, domaine auquel étaient attachés des serfs et certains droits seigneuriaux. Serf de la glèbe, serfs attachés à la glèbe. Plusieurs de ces églises (...) jouissent de presbytères et de glèbes, plus ou moins considérables, à l'usage de leurs pasteurs (Crèvecœur, Voyage,1801, p. 233).Il vit (...) des gentilshommes à moustaches, pauvres et vains, et tout à l'entour, sur la glèbe, des serfs stupides de misère (A. France, Génie lat.,1909, p. 215) : 2. Il avait attaché les paysans [Boris Godounof] à la glèbe en leur ôtant le droit de changer de domicile et de seigneur le jour de la Saint-George, antique privilège dont ils jouissaient avant lui.
Mérimée, Débuts aventur.,1853, p. 265. − P. métaph. Attaché sur un banc à la glèbe de son pupitre (...) tout le contraignit d'abandonner son enveloppe aux mille tyrannies du collège (Balzac, L. Lambert,1832, p. 59).La Révolution a achevé de nous fixer à la glèbe de l'intérêt et de la jouissance physique (Delacroix, Journal,1847, p. 227). Prononc. et Orth. : [glεb]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xves [ms.] « motte de terre » (Chron. et hist. sainte et profane, Ars. 3515, fol. 10 rods Gdf. Compl. et DG); 2. a) 1611 dr. féod. (Cotgr.); b) 1767 style soutenu, « terre qu'on travaille » (Voltaire, Scythes, IV, 2 ds Littré). Empr. au lat. class.gleba « boule, morceau »; spéc. dans la langue rustique « motte de terre », de là dans la langue poétique « sol, terrain » et à basse époque dans la langue juridique « bien-fonds, domaine ». Fréq. abs. littér. : 141. |