| GITAN, -ANE, adj. et subst. A. − Adj. et subst. Bohémien (-ienne) d'Espagne. Gitan de race pure; le teint ambré des gitans; danseuse gitane; déguisée, habillée en gitane; une coiffure de gitane. Ils causaient entre hommes d'une certaine belle gitane, farouche et inabordable, dont la petite tribu était depuis deux jours campée à l'entrée de la forêt (Loti, Prime jeun.,1919, p. 134).Du côté où le soleil se couche et d'où est venu le peuple gitan (Montherl., Bestiaires,1926, p. 571) : Gitan de la nomade horde,
Qui n'as nul pays pour le tien,
Tu penches ton front d'indien
Sur ta guitare aux rudes cordes.
Noailles, Forces étern.,1920, p. 287. B. − Adj. Qui est propre aux Bohémiens d'Espagne. Mot, type gitan; jupe gitane. Le Romancero gitan [de F. Garcia Lorca]. La noblesse des robes gitanes qui plonge dans la nuit des temps (Cocteau, Foyer artistes,1947, p. 170). Rem. ,,Ce provençalisme a servi à remplacer le mot bohémien qui était usuel dans la France du Nord, mais qui avait pris une valeur trop péjorative. Aujourd'hui, on l'emploie même pour désigner des Tziganes qui ne sont pas originaires d'Espagne, ni du Midi`` (Dupré 1972). REM. 1. Gitane, subst. fém.Marque de cigarettes de la Régie Française des Tabacs; cigarette de cette marque. Fumer une gitane. Le paquet de gitanes circula. Caré, qui faisait piètre mine, prit la dernière, se la planta en pleine moue (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 27). 2. Gitano, subst. masc.,gitana, subst. fém. formes esp.Idiome des gitanos; camp de gitanos; s'habiller en gitana. Carmen est maigre, − d'un trait de bistre Cerne son œil de gitana (Gautier, Émaux,1861, p. 93).Trémoussements d'un couple de gitanos (Gide, Journal,1910, p. 295).Nous avons rejoint une caravane de ces gitanos qui vont de foire en foire (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 60). 3. Gitanerie, subst. fém.État de gitan; ensemble des qualités caractéristiques des gitans. Malgré ta gitanerie qui n'est pas très catholique, j'aurais consenti à me mettre en campagne pour toi (Fabre, Mllede Malavieille,1865, p. 173). 4. Gitanille, subst. fém.Petite, jeune gitane. La gitanille, le seul être qui fût inassimilable à ce clan scellé par une idée fixe mise en commun, elle a fui agilement sans bruit, à la façon d'une anguille. Ces gens, en outre, s'arrangent toujours pour ne pas camper là où l'on parle de larcin; ils ont l'expérience qu'il pourrait leur en cuire (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 166). Prononc. et Orth. : [ʒitɑ
̃], fém. [-tan]. Ds Ac. 1932 au fém. Étymol. et Hist. 1661 Gitain « égyptien » (L'Examen des esprits pour les sciences, composé par J. Huarte [trad. de l'esp.], p. 350); 1784 Gaytano « bohémien » (Fleuriot de Langle, Voy. de Figaro en Espagne, p. 259 ds Quem. DDL t. 15); 1823 gitanes subst. plur. des 2 genres (Boiste); 1832 gitane subst. fém. (Hugo, N.-D. Paris, p. 184). Empr. à l'esp.gitano « bohémien », attesté dep. 1570, qui signifia aussi « égyptien » à l'époque class., issu p. aphérèse de Egiptano « gitan » et « égyptien », dér. de Egipto « Égypte » : on croyait en effet que les Gitans étaient venus de l'Égypte (v. Breve Cor. et Al.). Fréq. abs. littér. : 167. Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, pp. 360-375. - Quem. DDL t. 3. |