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GENS1, subst. masc. et fém. plur.
A. − [Précédé des déterminants des, les, qui peuvent être effacés]
1. [Employé fréq. comme synon. de monde (collectif)]
a) Personnes en nombre indéterminé, considérées collectivement. Les nobles d'origine (...) ne haïssent guère qu'une sorte de gens, les vilains anoblis, enrichis, parvenus (Courier, Pamphlets pol., Gaz. vill., 1823, p. 188).Quelque méchante action qu'il ait faite contre moi, j'en ai commis d'analogues contre bien des gens (Montherl., Célibataires,1934, p. 894) :
1. Je vis cette rue noire comme un tuyau de cheminée, avec des tas de gens vivants ou morts, à terre, parmi les décombres, femmes, hommes, je ne sais pas au juste. Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 206.
SYNT. Gens agréables, aimables, ambitieux, avares, bien, braves, brillants, charmants, doctes, élégants, bien/mal élevés, éminents, établis, faibles, fins, grossiers, honnêtes, honorables, importants, influents, intelligents, malheureux, médiocres, pauvres, raisonnables, riches, sages, savants, sensés, simples, superficiels, titrés, tranquilles; gens dans le malheur, dans la peine; gens en place; gens sans cœur; gens comme il faut; beaucoup, nombre, peu, plein, quantité, tant, trop de gens; la plupart des gens; tous les gens; assemblée, foule, groupe, horde, multitude de gens; espèce, genre, sorte de gens.
Bonnes, braves, honnêtes gens. Personnes recommandables, qui ont de la simplicité, de la droiture dans les manières. Les procureurs du roi ne sont pas seulement d'honnêtes gens, ce sont encore des gens fort honnêtes (Courier, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1819-20, p. 17).Les Cosaques sont de braves gens, de mœurs douces et hospitalières (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 167).Les braves gens (...) n'ont pas de malice ni d'imagination (Mille, Barnavaux,1908, p. 260).On dirait une rue, dans quelque station de villégiature (...). Villégiature pour bonnes gens un peu simplets par exemple, je le reconnais (Loti, Vertige mond.,1917, p. 98) :
2. Avec les gens intelligents, Je ris du Dieu des bonnes gens. Sacré Dieu! quels airs indulgents! Quel gros c..., quelle panse ronde! Nouveau, Valentines,1886, p. 125.
[Formule d'adresse et interj.] Honnêtes gens de tous les partis, qui voulez le bien du pays (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 174).C'est dans les prisons que les magistrats et les philanthropes devraient venir étudier l'homme, les lois et les réformes (...). Bonnes gens! ils ne se doutent même pas de ce que peuvent être ces lieux de détention (Intérieur des prisons,1846, p. 55).
Jeunes gens
Adolescents ou jeunes adultes (garçons et filles). De beaux jeunes gens. Les mêmes courriers me parlaient de l'usage suisse de faire coucher ensemble des jeunes gens des deux sexes, des cousins et cousines par exemple, jusqu'à l'âge de seize ou dix-huit ans (Michelet, Journal,1830, p. 74).
[Employé comme plur. de jeune homme] Il rejoint le premier groupe, le désunit, et jeunes gens et jeunes filles partent vers la plage arrière (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 80) :
3. J'ai reçu beaucoup de monde ce matin : des femmes, des hommes, des demoiselles qui ressemblaient à des jeunes gens, et des jeunes gens qui ressemblaient à des demoiselles. Balzac, Gobseck,1830, p. 416.
Vieilles gens. Hommes et femmes âgés. Anne d'Orgel adorait conquérir de vieilles gens (Radiguet, Bal,1923, p. 99).Je ne tolère les vieilles gens que courbés vers la terre, crevassés et crayeux, la main ligneuse, chevelus comme un nid (Colette, Naiss. jour,1928, p. 26).
Petites gens
Personnes de condition sociale modeste. J'ai toujours souffert, comme d'une tare, de la laideur des gens rencontrés dans la rue, des petites gens surtout, ouvriers (...), petits employés (...), ménagères et domestiques (Lorrain, M. Phocas,1901, p. 78) :
4. − Rien n'aurait été possible sans une bête adaptée au sol comme aux ressources de l'homme (...). « Avant tout, d'un prix abordable aux petites gens pour qui, à cette époque, cinq cents francs d'économies représentaient de longs labeurs. » Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 237.
Personnes mesquines, qui manquent de subtilité, de qualités intellectuelles et/ou morales. Le sens moral me paraît baisser de plus en plus; on se rue dans le médiocre. Petites œuvres, petites passions et petites gens (Flaub., Corresp.,1862, p. 17).
Gens sans aveu. V. (homme) sans aveu (voir ce mot B 1 c).
Vieilli. Mille gens, des milliers de gens. Personnes en grand nombre. Plus de mille gens me l'ont dit. Il y a des milliers de gens qui voudraient être à votre place (Ac.1835-1932).Mod. Une douzaine, une centaine de gens. Un bon homme de vieux prêtre (...) qui a assisté plus d'une centaine de gens sur leur lit de mort (Jouve, Paulina,1925, p. 33).
Rem. La docum. atteste gens à. Gens à moustaches, à particule, à subtilité, à vanité... Tout est dans tout! Vraiment? Ah! ces gens à formules! (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 200).
b) [Avec art. déf., sauf cas d'effacement] Les hommes en général. Les choses et les gens. Il ne porte que peu dans son cœur la bête et les gens (Valéry, Corresp., [avec Gide], 1896, p. 270).Voilà bientôt deux mille ans que la pudeur empêche les gens d'ôter leur culotte (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1436).
Se moquer, se ficher (fam.) des gens. Ne pas tenir compte de l'opinion de son entourage; afficher un comportement, exprimer des idées anticonformistes qui marque(nt) du dédain envers ses semblables. Synon. se moquer, se ficher (fam.), se foutre (vulg.) du monde, du peuple.Sa vocation était d'être critiqué, et c'est logique quand on se moque des gens et qu'on le leur montre (Montherl., Bestiaires,1926, p. 390).
Vieilli. Se connaître en gens. ,,Avoir un discernement pour connaître le fort et le faible des hommes, leurs bonnes et leurs mauvaises qualités`` (Ac.).
Rem. 1. En fonction sujet, gens est parfois le concurrent de on. Vous m'avez regardé quand les gens nous acclamaient (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 124). 2. L'adj. qui précède gens est au fém., sous l'influence de l'anc. fr., mais le syntagme reste au masc. Vieilles gens courbés (v. supra). Les Jean-fesses aiment à voir les bonnes gens fessés (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 181).
2. Gens de + subst.Personnes formant un groupe déterminé.
a) [Le compl. désigne une pers.]
α) Ensemble des personnes qui appartiennent à un groupe déterminé (parti, troupe, etc.), qui sont sous les ordres de quelqu'un; qui font partie régulièrement de l'entourage, de la coterie de quelqu'un. Gens de la maison du duc. Le chef royaliste (...) s'avança par un mouvement de désespoir; mais au moment où ses gens le virent se hasardant ainsi, tous se ruèrent sur les Bleus (Balzac, Chouans,1829, p. 41) :
5. « Je dîne chez des gens », répondait-il à François de Séryeuse l'interrogeant sur l'emploi de sa soirée. Ces « gens » signifiaient pour lui « mes gens ». Ils lui appartenaient. Il en avait le monopole. Radiguet, Bal,1923, p. 25.
En partic. Soldats. Nos gens, braves soldats polonais choisis par lui, passeraient dans le feu pour nous (Balzac, Fausse maîtr.,1841, p. 21).
Gens du roi. Officiers civils et militaires sous la royauté. (Dict. xixeet xxes.).
β) Personnes chargées des tâches de service et d'entretien d'une maison. Synon. domestiques, serviteurs.Je ne m'étonne plus, dit-il (...) des fortunes que faisaient mes gens. En sept ans, j'ai eu deux cuisiniers devenus de riches restaurateurs (Balzac, Honorine,1843, p. 332).Monsieur Baptistin, depuis un an, vous êtes à mon service; c'est le temps d'épreuve que j'impose d'ordinaire à mes gens; vous me convenez (Dumas père, Cte de Morcerf,1851, I, 1, p. 26).
b) [Le compl. désigne une qualité socialement reconnue] En examinant la ligue des sots contre les gens d'esprit, on croirait voir une conjuration de valets pour écarter les maîtres (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 41) :
6. Les gens de bien de toute espèce sont faciles à tromper, parce qu'aimant le bien passionnément, ils croient facilement tout ce qui leur en donne l'espérance. Il faut tout faire au gré des gens de bien. Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 265.
SYNT. Gens d'action, de cœur, de bonne compagnie, de génie, d'honneur, de (bon, mauvais) goût, de mérite, d'ordre, de progrès, de talent.
c) [Le compl. désigne une activité ou un rôle social] Gens d'affaires, de commerce, de contrebande, d'État, de justice, de loi, de proie, de sac et de corde, de théâtre. Mes visiteurs, gens de finance (...) − gens d'ambassade, chiens de garde des gens de finance, − sont uniformément gentils, bien élevés (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 57).Les garçons de salle ne participaient pas aux confidences des gens de cuisine qu'ils tenaient pour des gargouillots (Hamp, Marée,1908, p. 64).Ces places étaient stupides et le mettaient en contact avec une quantité de gens de cinéma, de gens d'automobile, de gens affreux (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 2, p. 198) :
7. ... Tartarin de Tarascon connut (...) la judiciaire louche qui se tripote au fond des cafés, la bohème des gens de loi, les dossiers qui sentent l'absinthe, les cravates blanches mouchetées de Champoreau; il connut les huissiers, les agréés, les agents d'affaires, toutes ces sauterelles du papier timbré... A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 124.
Gens de mer. ,,Personnes employées à bord et au service de tout navire de mer autre qu'un navire de guerre`` (Barr. 1974). Caisse des gens de mer. P. ext. Pêcheurs, marins; personnes dont le métier est de naviguer sur mer. Une des précautions qui peut contribuer le plus efficacement à conserver la santé des gens de mer, est l'attention continuelle à maintenir une extrême propreté dans le vaisseau et sur leurs personnes (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 56).
Gens d'Église (vieilli). Membres du clergé séculier et régulier. L'université vint faire ses remontrances au nom des gens d'Église, et réclamer leurs exemptions [d'un impôt] (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 325).
Gens de robe (vieilli). ,,Personnes appartenant au monde de la justice, de l'administration`` (Lep., 1948). Les légistes [se divisent] en juges et en avocats, abstraction faite des gens de robe plus subalternes (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 442).
Gens d'épée (vieilli). Nobles. Il [le podestat de Sibas] voulait remplacer la guillotine par une potence à fleurs de lis, pour y suspendre ensemble nouveaux seigneurs, nouveaux bourgeois, nouvelles gens d'épée, tout ce qui, en un mot, s'était tiré de roture (Toulet, La jeune fille verte,1918, p. 20).
Gens d'épée, de guerre (vieilli). Militaires. Tous ces gens de guerre ne savaient point se résoudre à une discipline si sévère; ils s'en allaient sans cesse provoquer les Bourguignons, chercher des faits d'armes glorieux (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24p. 144).
Gens d'armes (vx). Cf. gendarme A.Compagnie de gens d'armes.
Gens de pied (vx). Fantassins. Au nombre de cent six marchaient les gens de pied. L'histoire a dédaigné ces braves (Heredia, Trophées,1893, p. 193).
Gens de cheval (vx). Cavaliers. Les gens de cheval, quand ils ont les pieds dans la paille et le nez sur une croupe, les heures leur coulent comme des secondes (A. France, Pt bonh.,1898, p. 5).
Gens de trait (vx). Soldats équipés d'armes de jet. Entre les galères, quantité d'autres bâtiments (...) étaient remplis de marins et de gens de trait (Mérimée, Don Pèdre Ier,1848, p. 261).
Gens de lettres. Auteurs, écrivains. Quand un homme aimable ambitionne le petit avantage de plaire à d'autres qu'à ses amis (comme le font tant d'hommes, surtout de gens de lettres, pour qui plaire est comme un métier), il est clair qu'il ne peut y être porté que par un motif d'intérêt ou de vanité (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 68).Plus je vieillis plus je me félicite et suis enchanté de n'avoir pas de relations avec tout le monde de soi-disant gens de lettres (Léautaud, Journal littér., 4, 1922-24, p. 241).
Société des gens de lettres. Association d'écrivains qui défendent les droits, les intérêts de la profession :
8. L'article que je lis est un éreintement, au nom de l'honorabilité des gens de lettres. Il paraît qu'il y a un tollé contre notre livre et contre nous et que toute la littérature est prête à se déclarer, en masse, solidaire de l'honneur des Montbaillard, des Couturat (...). La Société des Gens de lettres, surtout est furieuse comme un seul homme. Goncourt, Journal,1860, p. 702.
Gens de/du voyage. Artistes ambulants. Dans les tableaux qui se passent chez les « gens du voyage » on peut intercaler toutes sortes d'attractions (L'Œuvre,6 mars 1941).
Gens de service. ,,Salariés qui accomplissent un travail domestique`` (Cap. 1936). Les créances privilégiées sur la généralité des meubles sont celles ci-après exprimées (...) : 4. Les salaires des gens de service, pour l'année échue et ce qui est dû sur l'année courante (Code civil,1804, art. 2101, p. 377).
Gens de maison. Ensemble du personnel domestique d'une maison en y incluant ceux qui ne sont pas attachés à la personne (cocher, concierge, intendant,...) (d'apr. Cap. 1936). Le quartier était excellent. Les gens de maison étaient tous nationalistes (A. France, Bergeret,1901, p. 309).
d) Vieilli ou région. [Le compl. désigne un lieu] Habitant. Gens de Galice, de Bruges. Entre gens de Tarascon (...) on sait bien ce que parler veut dire (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 241).
Gens de ville. Citadins. Les hameaux près de Paris, les bastilles près de Marseille (...) avec plus d'affluence, surtout en gens de ville, avaient moins d'agrément, de rustique gaieté (Courier, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p. 141).
Gens de village. Habitants de la campagne. Ces querelles sont affaires de village, de petites gens de village (Larbaud, Journal,1934, p. 336).Vx, proverbe. À gens de village, trompette de bois. ,,Il faut que les choses de chacun soit proportionnées à sa condition`` (Littré).
Gens de cour. Courtisans vivant dans l'entourage direct du roi. Il y a une antipathie naturelle entre les gens de cour et les gens de guerre (J. de Maistre, Corresp.,1812, p. 94).
e) [Le compl. désigne une stratification sociale]
Gens de qualité. ,,Vieux nobles`` (Lar. 19e). Personnes aux goûts, aux mœurs raffinés; cultivées. Les lettrés restent (...) comme les gens de qualité de l'intelligence, et ignorer certain livre, certaine particularité de la science littéraire, restera toujours, même chez un homme de génie, une marque de roture (Proust, Past. et mél.,1919, p. 265).
Gens de rien, du commun, de peu (vx). Roturiers; personnes sans distinction, aux mœurs frustes, sans raffinement; sans importance. Ne me parlez jamais des gens de rien devenus quelque chose par le caprice du public! (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1850, p. 381).C'est pour le jeu comme pour le tapage : trop de gens de basse condition s'en mêlent (Hermant, M. de Courpière,1907, I, 10, p. 9).Il ne faut pas non plus nous traiter comme des gens de rien, prendre votre plaisir, et nous planter là, pour faire rire de nous (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 64).
Gens du monde. La grande bourgeoisie; les personnes distinguées de la haute société :
9. Je suis de ceux qui préfèrent Montmartre à Montparnasse, même depuis que Montmartre est devenu un repaire de danseurs, de bricoleurs frivoles et bien vêtus, et de gens du monde « qui font la nuit comme on fait de la peinture ». Fargue, Piéton Paris,1939, p. 148.
Gens du peuple. Personnes de condition modeste. Elle avait gardé de son enfance (...) le manque d'éducation des gens du peuple (Proust, Guermantes 2,1921, p. 319).
f) Loc. vieillie. Nous sommes gens de revue [Pour marquer la confiance vis-à-vis de qqn avec qui on a contracté qq. obligations] Laissez donc, monsieur Pommeau (...). Est-ce convenu, mesdames? (...) Nous sommes gens de revue, d'ailleurs (Augier, Lionnes,1858, IV, p. 34).
Rem. Avec certains adj. gens peut être précédé d'un numéral : deux, trois... bonnes gens, petites gens, gens de maison; un de ses gens. On voudrait partager la vie de ces trois braves gens (Flaub., Corresp., 1872, p. 453). L'intrigue orléaniste n'a échoué que grâce à la rencontre imprévue de deux honnêtes gens (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 320).
B. − [Précédé de certain, plusieurs, etc. ou d'un adj. dém.] Synon. personnes.Il avait remarqué les allées et venues de plusieurs gens dont la mine et la tournure (...) permettaient de croire (...) à des occupations secrètes chez les habitants de la maison (Balzac, Mmede La Chanterie,1850, p. 241).Il est extrêmement dreyfusard... (...). Je ne peux pas fréquenter ces gens-là (Proust, Sodome,1922, p. 1094).
Rem. La docum. atteste des emplois vieillis dans lesquels gens est précédé d'un numéral. Les vaches (...) poussaient un faible meuglement vers ces deux gens qui passaient (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Diable, 1886, p. 237).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɑ ̃]. La prononc. pop. est [ʒ ɑ ̃:s] écrite gensses par les aut. qui veulent s'en moquer (cf. Buben 1935, & 217 et Nyrop Phonét. 1951, § 254). Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. Nombre indéterminé de personnes a) sing. fin xes. (Passion, éd. d'Arco S. Avalle, 33 : Cum co audit tota la gent; 487 : Per tot convertent popl' et gent); ca 1050 (S. Alexis, éd. Chr. Storey, 527 : la povre gent; 531 : la gent menude); b) plur. fin xes. (Passion, éd. cit., 65 : per totas genz); 2. ca 1100 sing. « groupe de personnes placées sous l'autorité de quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 614 : Cumbatrat sei a trestute sa gent); 1176-81 plur. ses genz (Chr. de Troyes, Ch. au Lion, éd. M. Roques, 2810); 3. ca 1195 dis mile genz (Ambroise, Estoire, 3277 ds T.-L.); 1278 jens de la maison (Sarrazin, Hem, éd. A. Henry, 1302); 1285 gens communes (Jacques Bretel, Tournoi de Chauvency, 3480 ds T.-L.); ca 1350 li jovene gent (Gilles Le Muisit, I, 15, ibid.); 4. v. gendarme; 1544 gens de lettres (Calvin, Excuse aux Nicodémites, VI, 600 ds Hug.). Anc. plur. de gent1*, du lat. class. gens, gentis fém., désignant à l'orig. le clan, le groupe de tous ceux qui se rattachent par les mâles à un autre ancêtre mâle commun (Ern.-Meillet), puis la famille, la race, le peuple; gentes, plur. a été à l'époque impériale synon. de homines désignant « les gens », d'où à basse époque, le genre masc. relevé pour cet emploi dans des syntagmes tels que gentium majorum et fortunatorum; gentes qui... (TLL s.v. 1843, 6); de là (quelques ex. à partir du xiiies. ds T.-L.) le genre masc. du fr. gens plur., fém. à l'orig., ce dernier genre étant conservé dans le cas notamment où l'adj. précédant le subst. fait corps avec lui (cf. Grev.10, 257, e). V. aussi gent1et gentil1. Fréq. abs. littér. : 28 773. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 38 591, b) 45 670; xxes. : a) 45 051, b) 37 872. Bbg. Bloch (O.). Jeunes hommes, jeunes gens. In : [Mél. Thomas (A.)]. Paris, 1927, pp. 29-34. - Gohin 1903, p. 257. - Lew. 1968, p. 72. - Quem. DDL t. 1, 3, 6. - Ricken (U.). Zur Entwicklung des französischen Intellektualwortschatzes. Wissenschaftliche Zeitschrift der Martin-Luther Universität. 1963, t. 12, pp. 993-999. - Wandruszka (M.). Nos Lang. : struct. instrumentales, struct. mentales. Meta. 1971, t. 16, no1/2, p. 8.