| GENDARMER (SE), verbe pronom. Se gendarmer (contre qqn, qqc.).S'indigner, adopter une attitude ferme ou violente (contre quelque chose qu'on estime injuste, pour faire respecter ce que l'on croit juste). Synon. s'emporter, se fâcher.Se gendarmer contre la raison, contre tout. Depuis vingt ans, en avez-vous connu un [tondeur], au Malpas, capable de se gendarmer pour refuser un écu de plus que son compte? (Fabre, Mllede Malavieille,1865, p. 310).Ce que de fois j'ai été obligée de me gendarmer, d'assurer que vous ne joueriez pas dans tel salon ridicule! (Proust, Prisonn.,1922, p. 314) :− Voilà ce que c'est, reprit-il (...); vous avez laissé votre fils (...) aller à la comédie, voir le monde, se faufiler avec des actrices, des seigneurs, des bourgeois; il a raisonné; il s'est gendarmé contre son état peut-être...
Balzac,
Œuvres div., t. 1, 1830, p. 300. − Au fig. Elle est un peu leste, cette aventure (...); pour peu que votre vertu se gendarme, je dirai que le fait n'est pas vrai (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 129).Mon goût correct s'est gendarmé Contre ces vers de Mallarmé (Mallarmé, Vers de circonstance,1898, p. 172). Prononc. et Orth. : [ʒ
ɑ
̃daʀme], (il se) gendarme [ʒ
ɑ
̃daʀm]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1566 « prendre une allure belliqueuse » (Du Pinet, Pline, VIII, 16, ds Delb. Notes mss : cest animal tant furieux [...] craint de voir un coc qui s'accreste et se gendarme); 1622 « se mettre dans une attitude d'opposition, sur la défensive » (E. Binet, Merv. de Nat., p. 127, éd. 1622 ds Gdf. Compl.); 1666 « s'emporter mal à propos, pour peu de chose » (Molière, Misanthrope, II, 5). Dér. de gendarme*; dés. -er; cf. aussi agendarmer dep. mil. xvies. « faire devenir homme de guerre » (Du Fail, Propos rustiques, éd. L.R. Lefèbre, p. 7 et éd. A. de Laborderie ds Hug. s.v. [ce qui explique que n'ait pas été retenu l'ex. de gendarmer tiré de ce passage ds Gdf où le sens ne convient pas]). Fréq. abs. littér. : 18. |