| GAINE, subst. fém. A. − Étui de protection et de rangement, étroitement adapté à la forme de l'objet qu'il est destiné à contenir; en partic. fourreau d'une arme blanche. Gaine d'un pistolet, d'un poignard; couteau à gaine; gaine en cuir. Mon poignard, auquel il fait faire une gaine en cuivre afin que la lame ne me blesse pas en le portant (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1836, p. 9).Drapeau de la société de gymnastique, roulé dans sa gaine de toile cirée (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1265) : 1. Il tenait dans sa main gauche, pendante le long du corps, une hachette à marteau pour marquer les arbres. Après un instant, il remit l'instrument dans la gaine de cuir pendue à sa ceinture.
R. Bazin, Blé,1907, p. 3. B. − En partic. Sous-vêtement féminin naguère proche du corset et aujourd'hui en tissu élastique serrant et moulant la taille et les hanches pour affiner la silhouette. Gaine-combinaison; gaine-culotte : 2. ... Les Parisiennes, c'étaient ces femmes dont la taille mince avait aux reins une cambrure artificielle, qui connaissaient une manière à part de marcher, de se trémousser dans des gaines baleinées...
Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 35. ♦ P. ext. Robe très moulante. Synon. fourreau.Une merveilleuse créature (...) prise dans une gaine étroite, toute blanche, qui révélait l'adorable (...) jeunesse de son corps (A. France, Balthazar, M. Pigeonneau, 1889, p. 60).Elle apparaît, encore svelte dans sa gaine de velours aubergine (Martin du G., Devenir,1909, p. 75). − Au fig., littér. Contrainte, entrave au libre développement de quelque chose. Synon. carcan, corset.La barbarie encor tient nos pieds dans sa gaîne. Le marbre des vieux temps jusqu'aux reins nous enchaîne (Vigny, Destinées,1863, p. 50).Mes membres reprennent la gaine de l'étroitesse et du poids. De nouveau la tyrannie sur moi du fini et de l'accidentel! (Claudel, Soulier,1929, 3ejournée, 8, p. 808) : 3. ... la culture artistique (...) se fige, se durcit, s'oppose à tout parfait contact de l'esprit avec la nature, cache sous l'apparence persistante de la vie la diminution de la vie, forme gaine où l'esprit gêné languit et bientôt s'étiole, puis meurt.
Gide, L'Immor.,1902, p. 424. C. − Domaines techniques ou spécialisés 1. ANAT., BOT. Enveloppe protectrice d'un organe. Gaine d'une feuille, d'un muscle; gaine aponévrotique; gaine de myéline, de Schwann (de l'axone). La griffe ascendante du cotylédon, le viril surgeon que le printemps chassait de sa gaîne (Colette, Sido,1929, p. 43).Les gaines synoviales entourent comme un manchon, sur les saillies osseuses, les tendons des muscles (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 155). 2. Domaine des B.-A. (architecture, sculpture).Socle, piédestal s'évasant vers le bas, servant de support à un buste sculpté. Hermès terminé en gaine. Un superbe buste antique de Trajan sur une gaine de bois marbré (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 465). 3. HORLOG. Coffre de résonance en bois contenant le mécanisme d'une horloge. Horloge à gaine et à poids. Une grande horloge, dans une gaine d'ébène incrustée de cuivre, battait lourdement l'heure (Zola, Rome,1896, p. 399). 4. Domaine militaire.Gaine d'obus. Tube d'acier contenant la fusée. 5. TECHNOLOGIE a) CONSTRUCTION. Enveloppe protectrice d'un conduit; p. méton. ce conduit. Gaine de fumée; gaine d'aération; gaine flexible, métallique, souple. b) CÂBLERIE. Enveloppe isolante d'un fil, d'un câble. Au potelet les 14 fils sont dégagés de la gaine en plomb sur une certaine longueur (A. Leclerc, Télégr. et téléph.,1924, p. 310).Installation en câbles cuirassés ou à gaine de matière plastique (Bonnel-Tassan1966, p. 47). c) Domaine nucléaire.Revêtement métallique protecteur isolant des lames d'uranium dans les réacteurs nucléaires. Le refroidissement était réalisé par passage (...) de l'eau très pure (...) circulant entre les doubles gaines d'aluminium qui enrobaient les barres d'uranium (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 41). Rem. On relève ds la docum. le syntagme marionnette à gaine (p. oppos. à marionnette à fils). Marionnette manipulée directement, la main enfilée dans la robe-fourreau de la poupée (d'apr. H. Hotier, Le Vocab. du cirque et du music-hall en France, s.l.n.d., 1973, p. 109). Cf. aussi Arnoux, Zulma, 1960, p. 312. Prononc. et Orth. : [gεn]. Voyelle longue de Fér. 1768 à Barbeau-Rodhe 1930 sans aucune exception. ,,L'e est ouvert devant une consonne ou un groupe de consonnes qui se prononce. Il est long devant r, z, ž, v ou j final (...). Il peut être long, mais un peu moins, devant d'autres consonnes : (...) rênes, gaine, haine (...), pène, ...`` (Grammont Prononc. 1958, pp. 37-38). Gaine ds Ac. 1694-1762 et 1932; gaîne ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « fourreau (d'une épée, d'une lame, de flèches) » (Dial. Grégoire, 184, 21 ds T.-L. : remet la speie en la guaïne [remitte gladium in vaginam]); par ext. 1561 « enveloppe protégeant un objet » (doc. ds Gay : gaigne de cuyr bouilly garnye de 10 cuilliers); 2. 1695 anat. (d'apr. Trév. 1732); 1704 bot. (Trév.); 3. 1676 archit. (Félibien Dict. ds FEW, t. 14, p. 122 b). Du lat. class. vagina « gaine, fourreau (de l'épée); gaine, étui (en gén.) » devenu *wagina d'apr. la prononc. du w germ.; cette modification est expliquée de manière plus spécifique par J. Brüch ds Z. rom. Philol. t. 51, pp. 471-73 par l'infl. du germ. *wagi « vase, écuelle », cf. DEAF col. 53-54. Fréq. abs. littér. : 328. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 578, b) 373; xxes. : a) 530, b) 387. Bbg. Bastin (J.). Accent aigu et rem. sur les accents. In : Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 11. - Couture (B.). Les Réseaux d'eau. Meta. 1970, t. 15, no3, p. 173. - Quem. DDL t. 16. |