| GAIEMENT, GAÎMENT, adv. A. − Avec gaieté. 1. Avec bonne humeur, enjouement. Chanter, dire gaiement. Le bon petit M. Pallu faisait sa médecine gaiement et en pénitent plus guilleret que morose (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 188).Zilou prenait la chose gaiement et trouvait encore le moyen de sourire (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 142) : Je fus très gai. Je m'enivrai presque de bière anglaise. Un demi-manant, capitaine anglais au petit cabotage, fit quelques objections à mes contes, je lui répondis gaiement et en bon enfant. (...) j'aurais dû répondre vertement et non gaiement...
Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 70. 2. D'une manière plaisante, qui exprime ou inspire la gaieté. Une toile quasi japonaise, amusante et gaiement peinte (Huysmans, Art mod.,1883, p. 297).L'or des cadres brillait gaiement et le vaste tapis semblait heureux d'étaler ses guirlandes de fleurs multicolores (Green, Chaque homme,1960, p. 94). B. − Vieilli 1. De gaieté de cœur, volontiers, sans peine. Ils [les Royalistes] ont librement, gaiement et volontairement perdu la France (Lamart., Corresp.,1830, p. 83).Les chevaux de la poste allemande font très-gaîment, très-facilement et sans effort, la course (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1847, p. 661).Donc, rien plus ne me soucie (...) je puis gaiement et bravement mourir (Banville, Gringoire,1866, p. 38). 2. Avec vivacité, rapidité. Vous avez donné à votre monture un coup de cravache qui l'a fait partir au galop et s'en retourner gaiement à son écurie (Sand, M. Sylvestre,1866, p. 301).Pendant un temps, tout alla bien; la frappe [de la monnaie] marcha gaîment, et des particuliers (étrangers) récoltèrent de beaux profits aux frais de la France (Shaw, Hist. monnaie,1896, p. 153). C. − Loc. fam., parfois iron. Y aller gaiement. [Pour s'encourager, se donner de l'entrain] Allons-y gaiement (Ac.1878-1932). Prononc. et Orth. : [gemɑ
̃], [gε-]; [gε-]ds Land. 1834, Gattel 1841 et, de nouv. ds Martinet-Walter 1973 (12/17). Les traces de l'anc. [ə], sous forme d'allongement compensatoire de la voyelle, n'ont pas entièrement disparu : un sujet de Martinet-Walter 1973 dit [gε:-]. Mart. Comment prononce 1913, p. 162, admet des traces similaires dans gréement ([e] ,,plus fermé et plus long`` que dans agrément), féerie ([e] ,,plus fermé`` que dans série), c'est-à-dire en cas de paron. Buben 1935, § 58 note seulement que gaie- et gaî- traduisent respectivement l'anc. [ə] et l'allongement de la voyelle qui précède. ,,Les étrangers se laissent souvent séduire par [ces graphies] et allongent la voyelle`` (ibid.). Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694, 1718 gayement (Ac. 1694 ,,quelques-uns écrivent gayment``), ensuite gaiement avec ds Ac. 1798-1878 une var. gaî-. Ac. admet de même, en 1798, et écarte de même, en 1932, des var. gaîté/gaieté, dénûment/dénuement, dévoûment/dévouement, etc. (cf. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 83). Gaîment se maintient, après Ac. 1932, ds Rob., à titre de variante. Étymol. et Hist. Ca 1280 gayement (Clef d'amour, 1488 ds T.-L.). Dér. de gai*, gaie; suff. -(e)ment2*. Fréq. abs. littér. : 1 263. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 953, b) 2 222; xxes. : a) 1 950, b) 1 340. Bbg. Quem. DDL t. 15. |