| GAZER1, verbe trans. A. − Couvrir d'une gaze. (Dict. xixeet xxes.). B. − P. anal., littér. Couvrir, masquer d'une substance ayant l'aspect de la gaze. Les nuits, moins étincelantes, étaient légèrement gazées d'une brume tiède, à travers laquelle les étoiles discrètement envoyaient de doux regards (Michelet, Oiseau,1856, p. 263).La buée qui s'élevait de la baignoire gazant sa nudité, flotte encore dans sa tête, où se fait un lever paresseux et lent des idées (Péladan, Vice supr.,1884, p. 3). − Emploi pronom. réfl., p. métaph. Elle sait bien, la femme, qu'elle n'a rien à te donner en échange de tant d'amour. Plus habile que les autres, elle ne se livre pas, elle se gaze (Sand, Lélia,1833, p. 290). C. − Au fig., vieilli, littér. Adoucir, tempérer (des propos trop libres, des faits, des sentiments trop brutaux). Synon. censurer, édulcorer.À mesure que nos théâtres ont été plus fréquentés par les jeunes femmes et les enfants, les auteurs ont senti la nécessité d'adoucir leurs tableaux, de choisir leurs pensées et de les gazer par le style (Delécluze, Journal,1825, p. 261) : Dans le livre de l'abbé Omer Englebert sur saint François d'Assise, il y a d'intéressantes remarques sur la virginité du poverello, virginité qui est très délicatement mise en doute par son dernier biographe (...). Après sa mort, on a eu tôt fait de gazer tout cela et de nous donner à croire qu'il ne s'agissait que de chansons et de farandoles dans les rues d'Assise.
Green, Journal,1949, p. 198. − Emploi adj. du part. passé C'est pour cela que beaucoup de femmes (...) n'exigent pas que les contes qu'on leur fait soient assez gazés, et ne perdent leurs voiles qu'à mesure du degré d'ivresse et de folie (Stendhal, Amour,1822, p. 70). − Emploi abs. Non, je ne peux pas continuer à te raconter mon livre devant Suzanne. D'abord parce que ce n'est pas convenable pour une jeune fille. Ensuite parce que je le lui ai déjà raconté. En gazant, bien entendu (Duhamel, Cécile,1938, p. 104). Prononc. et Orth. : [gɑze], (il) gaze [gɑ:z]. Mais [a] ds Dub. et ds Lar. Lang. fr. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. Av. 1742 au fig. « voiler, dissimuler » (Massillon ds Lar. 19e: La politesse gaze les vices). Dér. de gaze*; dés. -er. |