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GAVOTTE, subst. fém.
A. − Danse française, à deux temps, d'origine populaire, très en vogue aux dix-septième et dix-huitième siècles. Danser une gavotte; un pas de gavotte. Plus de gavotte, plus de bolero, plus de contredanse même; mais au lieu de cela un branle immense (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 67).Des époques lointaines où les rois ne dédaignaient pas de danser la gavotte avec bergères tissées au petit point et jeunes joueurs de clarinette fort débraillés sur la mousse (Cocteau, Appogiatures,1953, p. 46) :
On dansait le menuet ou la gavotte, portés à leur perfection par Vestris, sur de la musique exquise et allègre, ou tendre et lente, ou simple et grave, écrite par Haydn, Mozart ou Beethoven, ces inspirés. (...) l'on s'y abordait avec mesure, élégance et courtoisie, saluts et révérences... Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 128.
P. méton. Air de cette danse. Jouer une gavotte (Ac. 1835-1932). Sur des airs dansants de gavotte (Lorrain, Griseries,1887, p. 33).Les attributions de la Musique de la Chambre étaient (...) surtout de faire entendre des airs, des menuets, des gavottes, des rigodons, etc., dans la grande antichambre pendant le dîner du roi (Grillet, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 46).Jeuselou joue sur sa vielle un dernier petit air de gavotte (Pourrat, Gaspard,1922, p. 183).
B. − Loc. fig., fam., par antiphrase. Danser la/une gavotte. Être brutalisé, molesté. Synon. passer un mauvais quart d'heure.Gare à ceux d'entre vous qui fausseraient le vote! Nous leur ferions danser une telle gavotte (...) Qu'ils en seraient encor pâles dix ans après! (Hugo, Année terr.,1872, p. 177).Le martyr [la victime d'une rixe], sur le point de danser sa dernière gavotte, (...) fut enlevé de la voie publique comme une paille (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 43).
Prononc. et Orth. : [gavɔt]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1588 « danse » (Thoinot Arbeau, Orchésographie, fo93 ds Gay); 2. 1674 « musique sur laquelle on danse » (La Fontaine, Daphné, I, 2). Empr. du prov.gavoto, proprement « danse des gavots » (Bl.-W., cf. Mistral) dér. de Gavot « habitant de la partie montagneuse de la Provence » (1398 ds Pansier t. 5; cf. aussi la forme latinisée gavotus, 1268 ds Du Cange) dér. du pré-roman *gaba, *gava qui désignait primitivement la gorge, puis « goitre, gésier » (v. gavache); les gavots étant les goitreux des montagnes sans iode (FEW t. 4, p. 9b). Fréq. abs. littér. : 28. Bbg. Franolić (B.). Linguistics. La Haye, 1973, p. 112. - Tournier (M.). Hyp. de reconstitution des orig. In : [Mél. Guilbert (L.)]. Paris, 1979, p. 211.