| GASCON, -ONNE, adj. et subst. A. − De Gascogne. 1. (Celui, celle) qui est originaire de ce pays, qui y habite. Le vieux grand-père, avec son air broussailleux de grand berger gascon, ses deux pieds lourdement posés devant lui, son bâton entre les jambes, inclinant l'épaule pour cogner sa pipe contre son soulier, était là (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 32).Un soir de septembre, il prend conseil de Colbert, et il envoie à Fouquet un petit gascon, mousquetaire célèbre par d'autres hauts faits moins réels, et il fait arrêter le financier par D'Artagnan (Brasillach, Corneille,1938, p. 388) : 1. Les Gascons sont de très-excellentes gens, pas plus menteurs, pas plus vantards que les autres provinciaux, qui le sont tous un peu. Ils ont de l'esprit, peu d'instruction, beaucoup de paresse, de la bonté, de la libéralité, du cœur et du courage.
Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 29. 2. (Ce) qui est propre à ce pays, à ses habitants. Accent, proverbe gascon; village gascon. Un certain Morlebaix (...) s'était concilié la faveur toute spéciale du commandant (...) grâce à un répertoire infiniment varié d'histoires juives, marseillaises ou gasconnes (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 238).Le lendemain, randonnée à travers la campagne gasconne. A Périgueux, le voyage s'achève par une réception éclatante de fierté patriotique (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 129). − Subst. masc. sing. Dialecte d'oc parlé en Gascogne. On (...) rencontre des dialogues entre les anges et les pasteurs, où, par un respect hérité, l'auteur fait parler l'être ailé en français, l'homme en gascon (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 122).C'est précisément en gascon maritime, de la Pointe de Grave au milieu du littoral landais, que ASINU a évolué « à la française » : aine au lieu de ase (R. Ling. rom.1978, p. 73). 3. AGRIC. Bœuf gascon, race gasconne. Race de bovins de la région du Gers, à robe grise, à tête carrée, très recherchés pour le travail de la terre. Ces beaux bœufs gascons, de la plus pure race auréolée, à robe gris d'argent, longilignes et massifs à la fois, étaient l'amour de son père (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 99). B. − [Avec une valeur caractérisante] 1. (Celui, celle) qui est plaisant et habile, mais fanfaron et hâbleur comme le sont, de réputation, les gens de Gascogne. Isidore, un garçon blond, gentil, un peu fou, un peu gascon, un peu naïf, fier de ses muscles, prêt à toutes les folies pour susciter l'étonnement et l'admiration (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 46) : 2. − Ah! que je vous remercie, monsieur, de n'être pas gascon, lui dit le député de l'Aveyron. J'ai une indigestion des gens avantageux, des hâbleurs, de ces gens qui sont toujours sûrs du succès du lendemain, sauf à vous répondre une platitude quand, le lendemain, vous leur reprochez la défaite.
Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1836, p. 212. Rem. Des œuvres littér. célèbres (telles que Les Trois mousquetaires d'A. Dumas et Cyrano de Bergerac d'E. Rostand) ont popularisé, jusqu'à les rendre proverbiales, les caractéristiques des gascons. Ma chère enfant, Encor que mon orgueil de gascon m'interdise D'accepter de vos doigts la moindre friandise, J'ai trop peur qu'un refus ne vous soit un chagrin, Et j'accepterai donc (Rostand, Cyrano, 1898, I, 4, p. 49). − P. méton. [En parlant d'idées ou de propos] Ces prédications gasconnes sont utiles dans l'ordre civilisé, où il est force d'abuser le peuple sur son malheureux sort et sur les disgrâces auxquelles expose la pratique exacte de la vertu (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 24). 2. Locutions − À la gasconne. À la manière des gascons. Cela soit dit sans rodomontade et vantardise à l'espagnole ou à la gasconne; dans aucun combat l'adversaire n'a vu la figure de mes épaules; je suis inconnu de dos (Gautier, Fracasse,1863, p. 350). − En gascon. Avec habileté. Se tirer en gascon d'une situation délicate (Lexis 1975). − Faire une lessive de gascon. Retourner son linge pour donner l'illusion de la propreté (Hautel 1808). − Promesse de gascon. Promesse faite par vantardise ou à la légère et qui n'est pas toujours tenue. Esther s'était mise à détester son jeune fils. À le détester pour la religion trahie, pour ses rêves déçus, pour cette expiation offerte à Jésus de la vie du docteur, qui n'avait donc été qu'une promesse de gascon (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 242).Offre de Gascon. Proposition peu sérieuse (Lar. Lang. fr., Lexis). Prononc. et Orth. : [gaskɔ
̃], fém. [-kɔn]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 subst. li Guascuinz (Roland, éd. J. Bédier, 1289); ca 1180-90 adj. (d'un cheval) (A. de Paris, Alexandre, I, 868 in Elliott Monographs, 37 p. 20). Du lat. de l'époque impériale Vascones, nom d'orig. préromane désignant un peuple établi sur les deux versants des Pyrénées, devenu Wascones (vies. Grég. de Tours, Frédégaire ds Rohlfs Gasc.3, p. 19); cette forme est gén. expliquée par l'infl. de la prononc. wisigot. (ibid., pp. 18-19; EWFS2; Bl.-W.5), tandis que DEAF en rend compte par le caractère bilabial du v, considérant inutile le recours à l'infl. germ.; cf. l'a. prov. gasco (xiies. ds Rayn.). Fréq. abs. littér. : 210. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 383, b) 246; xxes. : a) 360, b) 216. Bbg. Quem. DDL t. 9. - Roblin (M.). Chronique d'ethnonymie. Vie Lang. 1956, pp. 513-518. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 114. |