| GARNISAIRE, subst. masc. Vieilli. Agent qu'on établissait en garnison chez un débiteur pour garder les meubles saisis, chez les contribuables en retard pour les obliger à payer ou chez les parents d'un jeune homme qui ne s'était pas présenté à la conscription. Cherchez donc des garnisaires et des gendarmes pour contenir trois millions de contribuables! (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 301).Des colonnes mobiles fouillaient les bois à la recherche des réfractaires; les garnisaires s'installaient au foyer de la mère de l'insoumis (A. France, Vie littér.,1890, p. 179) :Comme Dieu ne fait rien que par pauvre misère (...)
Il fallut qu'elle vît pour son anniversaire,
Les cadavres crevés que la Seine charrie,
Et la source de grâce apparemment tarie,
Et l'enfant et la femme aux mains du garnisaire.
Péguy, Tapisserie SteGeneviève et J. d'Arc,1913, p. 65. − P. anal. Ennemi en tant qu'occupant du pays conquis. Pour livrer la France à des garnisaires du kaiser ou du tsar (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 308). REM. Garnisonnaire, subst. masc. et adj.a) Subst. masc., synon. vx (d'apr. DG et Rob.). b) En appos. avec valeur d'adj. Fonctionnaire du quatorzième rang, nommé lors de sa retraite directeur garnisonnaire de la factorerie moscovite la plus avancée de la côte du Pacifique, le Komandier Igor Menckendorf, septuagénaire colossal, bombait la poitrine jusque la renverse (Morand, Folle amour.,1956, p. 9). Prononc. et Orth. : [gaʀnizε:ʀ]. Ds Ac. 1835-1932. On relève ds la docum. la forme garnissaire notée comme impropre par J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813 et par Jullien, Lang. vicieux corr., 1853 (cf. L'Œuvre, 31 mai 1941). Étymol. et Hist. 1. 1784 jurispr. (Necker, Administration des Finances, t. 4, p. 278 ds Brunot t. 6, p. 496); 2. 1845 admin. (Besch.). Contraction de l'anc. subst. garnisonnaire « celui qu'on établit en garnison chez les débiteurs » (Trév. 1743-1771), lui-même dér. en -aire* de garnison « établissement de sergents chez les débiteurs » (v. garnison 3 β). Ce moyen d'exécution est très ancien, cf. 1260 mangeur (ds Gdf.), 1282 lat. médiév. comestores vel custodes (Du Cange, t. 2, p. 434c), 1283 garde (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. Am. Salmon, t. 2, p. 43), 1327 saisineur (ds Gdf.), 1372 mangeur et gasteur (Du Cange, loc. cit.), il a été aboli par la loi du 9 févr. 1877 (v. Lar. 20e). Fréq. abs. littér. : 11. |