| GARE1, subst. fém. A. − NAV. FLUVIALE. Partie d'une rivière ou d'un canal, spécialement conçue pour mettre en sécurité les bateaux ou les empêcher de gêner la circulation. Les gares de Charenton (Ac. 1798-1878). La gare de Saint-Ouen (Ac. 1835, 1878). Gare d'eau; gare d'évitement. Enfin, la Perche les pond [ses œufs] en masse, sous forme de bourse allongée, et les enlace (...) aux végétaux aquatiques, qu'elle rencontre dans les eaux tranquilles des gares des anses (Code pêche fluv.,1875, p. 116) : 1. Les buttes du Roule et de Chaillot seront les flancs du colosse. Il étendra son bras droit en signe de force jusqu'à la gare Saint-Ouen, et M. Charles Duveyrier lui mettra dans la main un vaste entrepôt, où la rivière versera la nourriture qui désaltérera sa soif et rassasiera sa faim.
Mussetds Revue des Deux-Mondes,1832, p. 604. − Gare de triage. Bassin où s'effectue le triage des bateaux. Le port fut agrandi : creusement d'une nouvelle entrée, (...) construction (...) du Bassin des Remparts (...), agrandissement de la gare de triage (Nav. intér. Fr.,1952, p. 61). B. − CH. DE FER 1. Vieilli. Partie dédoublée d'une voie ferrée à voie unique où s'arrêtaient certains trains pour en laisser passer d'autres et éventuellement prendre des voyageurs. Gares... pour permettre le croisement des convois qui se dirigent dans un sens ou dans l'autre (Biot, Manuel du constructeur,1834, 70 ds Wexler 1955, p. 83).Gares... pour faciliter le croisement des voitures (Tarbe de Vauxclairs, Dict. travaux publics,1835122, ds Wexler 1955, p. 83). Rem. Cet emploi est tombé en désuétude vers 1840. ♦ Gare d'évitement (vieilli). Portion d'une ligne à voie unique qui est dédoublée afin de permettre le croisement des trains. Synon. gare (vieilli).On dispose de gares d'évitement pour la rencontre des trains dans les galeries à une seule voie, qui constituent l'immense majorité des cas [dans les exploitations minières] (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 696).Gares d'évitement, c'est-à-dire de doubles voies (Vallée, Exposé de Paris-Belgique,1837, 172 ds Wexler 1955, p. 82). 2. Ensemble des installations et bâtiments établis à certains points d'une ligne de chemin de fer, destinés à permettre l'embarquement et/ou le débarquement des voyageurs et/ou des marchandises. La gare de l'Est. Les employés de la gare (Ac. 1932). Chef de gare de marchandises; gare d'embranchement, de transit; gare centrale, frontière. La gare d'Orléans, l'embarcadère du nord, bâti en 1863, par M. Hittorf, témoignent d'efforts nouveaux (Huysmans, Art mod.,1883, p. 239).L'usage des cours et dépendances des gares et stations est réglementé par des arrêtés préfectoraux (Baradat, Organ. préfect.,1907, p. 232).Il entra dans la gare, prit un billet, monta dans un wagon de troisième (Benjamin, Gaspard,1915, p. 150) : 2. ... ces matelots que je voyais en ce moment au fond d'un cabaret de Saint-Brieuc ou dans un wagon de la gare de Gannat, sur cette diagonale de Brest à Toulon qui amène les équipages d'une mer à l'autre avec l'Auvergne pour écluse...
Giraudoux, Suzanne,1921, p. 69. Entrer en gare [Le suj. désigne un train] Arriver dans une gare à petite allure pour s'y arrêter. La locomotive entre en gare. M. de Jussat met sa tête fine et ravagée à une portière (Bourget, Disciple,1889, p. 168).Rem. Cette expr. s'oppose à entrer dans la gare qui n'implique pas que le train s'y arrête (cf. Dupré 1972). − Spécialement ♦ Gare principale. Gare pourvue de toutes les dépendances nécessaires au trafic des voyageurs et/ou des marchandises (s'oppose à halte et station). ♦ Gare de triage. Gare où s'opère la formation des trains. Ces ghettos énormes qui ressemblent à des gares de triage encombrées de rames de wagons noirs (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 254).Centres de départs? Région ouest, vous dites? M. Sidoine énumère des gares de triage. Marat note (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 21). ♦ Gare maritime. Gare dont les voies se situent sur les quais d'un port. Une gare maritime unit le port au réseau d'Alsace-Lorraine (Albitreccia, Gds moyens transp.,1931, p. 80).L'Île-de-France, venant de New-York, qui était attendu à 13 h 30, n'a pu toucher le quai de la gare maritime qu'à 18 heures (Figaro,19-20 janv. 1952, p. 2, col. 1). ♦ Gare mortuaire, funéraire (rare). Gare située au terminus d'une ligne de chemin de fer reliant une ville à une nécropole. En France, à l'initiative d'Haussmann, de multiples projets de gares mortuaires furent étudiés, et tous rejetés par le Conseil municipal de Paris (...). Des gares funéraires auraient été les têtes de ligne du chemin de fer spécial transportant à Méry-sur-Oise les convois funèbres et les visiteurs (Le Temps des gares,1978, p. 80). ♦ Dans le domaine militaire.Gare de mobilisation, d'évacuation, sanitaire, etc. En 1913, sous l'autorité d'un commandement mixte (militaires et personnels des Compagnies réquisitionnés) est mise au point une organisation détaillée des gares à des fins spécifiquement stratégiques : gares régulatrices, gares de mobilisation, gares-dépôts, gares distributrices, gares d'évacuation sanitaire, gares de permissionnaires... Les gares régulatrices, dont les potentialités et les limites seront expérimentées pendant la guerre de 1914, constituent des sortes de « centres nerveux » qui reçoivent et répartissent les troupes vers le front (Le Temps des gares,1978p. 91). − Loc. À la gare! (pop.). [S'emploie pour intimer au destinataire l'ordre de partir parce qu'il est indésirable] Allez ouste! à la gare! Le dentiste : − Vous ne préféfez [lire préférez] pas que je vous la plombe? Dudula : − À la gare, je n'peux plus brequêter... mézigue en a marre (Marcus, Arg. tel qu'on le parle,1947, p. 4). Rem. 1. Jusqu'à la fin des années 1860, on employait embarcadère* dans le sens de gare. 2. Au xixes. on a employé port*-sec pour gare de marchandises (cf. Wexler 1955, p. 87). C. − P. anal. 1. Gare aérienne. Synon. usuel aérogare.Le centre des affaires doit se trouver au confluent des voies de circulation qui desservent (...) certains hôtels et les diverses gares (gares ferroviaire, routière, maritime, aérienne) (Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 61). 2. Gare routière. Emplacement aménagé et équipé pour l'arrêt ou le terminus des véhicules routiers affectés au transport des voyageurs ou de marchandises. La « Port of New York Authority » gère (...) 6 ponts ou tunnels, 4 gares routières et ferroviaires, 3 établissements maritimes (M. Benoist-Pettier, Transp. mar.,1961, p. 204). Prononc. et Orth. : [ga:ʀ] ou [gɑ:ʀ]. [ɑ] ds DG, Barbeau-Rodhe 1930; [a] ds Dub. et Lar. Lang. fr.; [ɑ] ou [a] ds Passy 1914, Pt Rob. et Warn. 1968. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. [1533 gare « distance » (FEW t. 17, p. 534b)]; 2. 1690 gare « lieu disposé sur les rivières pour servir d'abri aux bateaux ou leur permettre de laisser passer les convois » (Fur.); 3. a) 1831 « emplacement disposé sur une voie de chemin de fer pour abriter un convoi pendant qu'un autre convoi passe » (ds Wexler, p. 82); b) 1835 « station d'embarquement et de débarquement des voyageurs et des marchandises, sur les chemins de fer (ibid., p. 83). Déverbal de garer*. Fréq. abs. littér. : 2 746. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 269, b) 2 175; xxes. : a) 6 771, b) 6 211. Bbg. Wexler 1955, pp. 81-95; p. 127. |