| GALON, subst. masc. A. − Bande étroite de tissu épais et serré qu'on pose sur le bord, les coutures de vêtements, de rideaux ou tentures, dans un but d'ornement ou pour les empêcher de s'effiler. Galon d'argent, de laine, de soie; couvert de galon. Un habit vert de la forme de nos habits de cour (...) brodé de larges galons d'or sur toutes les coutures (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 396).Pour éviter des frais de galons et de passementeries, elle se contenterait de faire des plissés (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 226) : 1. L'hôtesse leur donna sa plus belle chambre, celle du lit à galons d'or. − C'était un grand lit carré comme une boîte, et peint en gris. Les courtines de serge verte avaient des galons qui montaient, qui tournaient, qui faisaient des roses.
Pourrat, Gaspard,1931, p. 8. − Vx. Vieux habits, vieux galons (cri des fripiers qui parcourent les rues pour acheter ou vendre les vieux habits et galons). − Vieux habits, vieux galons, vieux chapeaux à vendre! (Balzac, Goriot,1835, p. 202). ♦ P. métaph. Messieurs Mélingue ont puisé dans le lamentable « Décrochez-moi ça » des anciens vestiaires pour y dérober les vieux habits et les vieux galons qui servent, depuis des années, à parer cette peinture (Huysmans, Art mod.,1883, p. 16). − P. ext. Bordure. C'était une sorte de phaéton à deux places dont les hautes roues portaient un galon de caoutchouc noir (Duhamel, Terre promise,1934, p. 83). − P. anal., ARCHIT. ,,Motif ornemental fait de l'imitation d'une bandelette d'étoffe semée de perles`` (Vogüé-Neufville 1971). B. − Emplois spéc. 1. Domaine civil (notamment magistrature, université).Signe distinctif d'un rang, d'une fonction, qui se porte sur une tenue d'uniforme. Galon de livrée : 2. Au milieu, des chaises de cuir entouraient une table, décorée d'un tapis vert. Elle séparait les candidats de MM. les examinateurs en robe rouge, tous portant des chausses d'hermine sur l'épaule, avec des toques à galons d'or sur le chef.
Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 78. 2. Domaine militaire. a) Signe distinctif des grades militaires (à l'exclusion des officiers généraux), matérialisé par des galons cousus sur l'uniforme et la coiffure. Galons de caporal, de sergent, de capitaine, de commandant; galons en chevron, en sardine, d'argent, d'or. Synon. fam. ficelle, sardine.Ce soldat, auquel Fabrice vit des galons de maréchal des logis (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 65).Il portait pour la première fois, sur sa manche, le double galon rouge des quartiers-maîtres qu'on venait de lui donner (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 12).Je n'entends rien aux uniformes et confonds peut-être turcos et spahis (...) je n'entends non plus rien aux grades et n'ai jamais su compter les galons (Gide, Si le grain,1924, p. 557). − Loc. verb. Arroser ses galons (au fig., fam.). Offrir à boire pour fêter une promotion. − Eh! bien, Kermadec, dit-il, on va les arroser, ces galons? (Loti, Mon frère Yves,1883p. 13).Donner un/des galon(s). Promouvoir au grade supérieur. Dans l'oasis, j'apprenais par l'Officiel qu'on me donnait mon troisième galon (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 76).Gagner, obtenir, recevoir du/des galon(s); prendre du galon. Monter en grade. Le même héros des garnisons prend du galon et du ventre (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 189). b) P. méton. − Grade militaire (généralement celui d'officier). Mon garçon, tu vas apprendre ce qu'il en coûte de s'insurger contre nous, qui représentons, par la seule vertu du galon, le droit et l'honneur! (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 223). − Militaire gradé. Terreur du galon ou manque d'envergure, ils demeurèrent des gagne-petits (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 317). ♦ Un trois galons. Un capitaine. Un quatre galons. Un commandant. C. − Au fig. Donner des galons, prendre du galon. (S')élever socialement; donner, recevoir de l'avancement, une promotion. Aujourd'hui que le hasard m'a donné des galons, je reçois des lettres de libraires à moi inconnus (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 120).Un baron, à ce qu'on m'a dit? Quelque garde du corps qui a pris du galon en léchant les pantoufles de Louis XVIII? (Pourrat, Gaspard,1931, p. 48). − Emploi pronom. Se donner du galon. Se donner de l'importance, s'attribuer un rôle qu'on n'a pas réellement. Il y a trop de réclame, et universelle, sur le bonheur commun, pour qu'ils [les Vénitiens du peuple] n'en soient pas partisans, comme tout le monde (...). Ils ont compris qu'ils avaient là de quoi épicer les conversations dites sérieuses et se donner du galon (Giono, Voy. Ital.,1953, p. 165). − Proverbe, vx. Quand on prend du galon, on n'en saurait trop prendre. On ne saurait trop profiter d'une chose, d'une situation avantageuse. Enfin, c'est une négociation très-délicate, très-délicate! − Voulez-vous m'en charger, grand'mère? − Ah! mon Dieu, pourquoi pas?... Quand on prend du galon, on n'en saurait trop prendre! (Feuillet, Journal femme,1878, p. 185). REM. 1. Galon(n)ard,(Galonard, Galonnard) subst. masc.,péj. a) Militaire gradé. Ils se font de la bile. C'est pourquoi tant de galonards ont mauvaise mine (Cendras, Main coupée,1946, p. 230).b) Partisan de l'autorité militaire. Ils doivent être tout ce qu'il y a de plus anti, et galonnards (Proust, Sodome,1922, p. 885). 2. Galuche, subst. masc.,arg. Galon militaire. On lui découdra les galuches [d'argent] de sa veste pour les fondre (Sue, Myst. Paris, t. 9, 1843, p. 377). Prononc. et Orth. : [galɔ
̃]. Ds Ac. dep. 1694. Homon. gallon. Étymol. et Hist. 1. 1379 « ruban utilisé pour border ou orner des vêtements, des rideaux, etc. » (Inv. Mobilier Charles V, p. 32 ds IGLF); 2. 1839 milit. (Stendhal, loc. cit.). Déverbal de galonner. Fréq. abs. littér. : 405. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 318, b) 619; xxes. : a) 749, b) 667. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 518. - Quem. DDL t. 5, 8, 10. |