| GALETTE, subst. fém. A. − Gâteau rond et plat fait le plus souvent de pâte feuilletée et cuit au four. Galette de ménage, de pâtissier; galettes bretonnes. Le Moulin de la Galette à mesure qu'il se transforme tend vers un idéal de bon ton et d'élégance bourgeoise. On danse là-haut depuis plus d'un siècle. Avant la Révolution, on allait manger de la galette, boire du petit vin et danser chez le meunier (A. Warnod, Les Bals de Paris, Paris, G. Crès, 1922, p. 24).Elle m'emmena dans la cuisine et me fit avaler un morceau de galette et un bol de café au lait (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 221). − En partic. ♦ Galette de plomb. Galette faite de pâte brisée à la crème et aux œufs. Au déjeuner, je commence par me bourrer d'oie aux marrons et de galettes de plomb (Renard, Journal,1899, p. 515).La galette de plomb (...) ne pèse pas spécialement à l'estomac, mais elle est d'une déglutition difficile (Ac. Gastr.1962) : 1. Il fit donc apporter chez lui deux douzaines de bouteilles de bière, un gros morceau de veau froid avec de la salade, une énorme galette de plomb, et une bouteille de vin de Champagne.
Musset, Mimi Pinson,1845, p. 221. ♦ Galette des Rois. Grande galette de pâte feuilletée confectionnée à l'occasion de la fête des Rois et contenant une fève, consistant généralement en un petit sujet en porcelaine, destinée à désigner le « roi » de la fête. Tirer la galette des Rois. La galette est le gâteau symbolique de la fête des rois dans la plupart des provinces situées au-dessus de la Loire et notamment dans la région parisienne (Mont., 1967). − Spécialement ♦ [Dans l'Ouest, au Québec] Crêpe à base de farine de sarrasin. Elle promena sur les ronds de poêle fumants une couenne de lard avant d'y étendre à dos de cuiller la galette de sarrasin grise (Guèvremont,Survenant,1945, p. 50). ♦ MAR. Petit pain de biscuit dur et plat, dont on faisait provision pour les voyages de long cours (d'apr. Ac.). B. − P. anal. Chose, objet en forme de galette. ♦ En partic. [En parlant d'un chapeau] Marguerite avisa un franc-tireur coiffé d'un képi en galette, et crânement appuyé sur le canon de son fusil (Aymé, Jument,1933, p. 234).Tirailleurs sénégalais, algériens, annamites avec leurs galettes de paille sur le foulard noir (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 489). ♦ Loc. Plat comme une galette. Et, faisant déterrer le pied, je sors un assez gros oignon (ou bulbe) plat comme une galette − que je vais rapporter, sans grand espoir qu'il reprenne (Gide, Retour Tchad,1928, p. 999). C. − Au fig., pop. Argent. La pieuse vieille, bourgeoise jusqu'au fond des tripes, avait espéré une entorse du magistrat qui aurait sauvé son argent très-cher, sa douce galette bien-aimée (Bloy, Journal,1900, p. 40) : 2. Il n'en reste pas moins que le théâtre des Carmes va vivre quelque temps sur la galette de cette dame qui se dit polonaise et qui, pour commencer, va jouer Cordélia avec un accent qui n'est pas énorme, assurément, mais qui sent assez bien le caviar et la vodka.
Duhamel, Suzanne,1941, p. 86. REM. 1. Galetteux, -euse, adj.,pop. a) Qui a beaucoup d'argent. Après ce gueuleton au cours duquel il ne fut parlé que d'insignifiantes chimères, les deux hommes gagnèrent le saint James Infirmary Bar. La clientèle y était variée, mais galetteuse (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 189).b) Prospère. C'est dans cette bibliothèque [la Méjanes d'Aix] que je lisais, comme en 1907, à la Bibliothèque Impériale de Saint-Pétersbourg, à l'époque la plus galetteuse de ma vie, et, en 1911, à New York, à la Central-Library de la 42erue, quand je battais la dèche comme pas un, la Patrologie de Migne (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 83). 2. Galettard, -arde, adj.,pop. Synon. de galetteux.Oui, la montagne m'avait mordu (...). Au printemps, je devenais guide (...) des Américains galettards (...) rien d'un larbin (...) je connaissais mieux qu'eux ce business (Genevoix, Laframboise, Couguar, 1942, p. 134). 3. Galet(t)ière, galettoire,(Galetière, Galettière) subst. fém.[Dans l'ouest de la France] Poêle sans rebord ou à rebord très bas sur laquelle on fait cuire les galettes de sarrasin. (Dict. xixeet xxes.). Emploi adj. Crêpe galet(t)ière. Synon. de galeton.Les secrétaires (...) parlaient (...) de la formule des crêpes galetières, les grises, où l'on casse un œuf (L. Daudet, Ciel de feu,1934, p. 208). 4. Galeton, subst. masc.,,Crêpe de blé noir`` (Ac. Gastr. 1962). On apporta de la viande grillée (...), des galetons de blé noir, et des fromages de Chambérat, renommés en tout le pays (Sand, Maîtres sonneurs,1853, p. 150). Prononc. et Orth. : [galεt]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. pâtiss. (Bataille de Caresme et de Charnage, éd. G. Lozinski, 358, var. ms. C); 2. 1837 arg. mangeur de galette « homme vénal qui reçoit de l'argent pour trahir ses devoirs » (Vidocq, Vocab. ds Sain. Sources Arg., t. 2, p. 141), d'où 1872, galette « argent » (ds Esn.). Fém. de galet*, en raison de la forme de cette pâtisserie; suff. -ette*; cf. l'a. norm. gale « gâteau plat » (xiiies., Rouen ds FEW t. 4, p. 43a). Fréq. abs. littér. : 253. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 318, b) 404; xxes. : a) 445, b) 319. Bbg. Hasselrot 1957, p. 170. - Juneau (M.). Glanures lex. ds Bellechasse et ds Lévis. In : Travaux de ling. québécoise. 1. Québec, 1975, p. 152. - Mat. Louis-Philippe 1951, p. 145. - Quem. DDL t. 5, 6. |