| GÂCHER, verbe trans. A. − Délayer (le plâtre, le ciment, le mortier) avec de l'eau. M. Debas gâchait du plâtre dans une auge débordante et dégouttante (A. France, Pt Pierre,1918, p. 164). − Absol. Gâcher lâche, gâcher serré (Ac.). − P. anal., AGRIC. Gâcher une meule de paille. La couvrir de terre délayée. Gâcher du blé. ,,Entourer de terre les racines de la plante`` (Ac. 1932). B. − Au fig. 1. [Le sujet désigne une personne] a) Accomplir négligemment et grossièrement une tâche. Gâcher un travail, un ouvrage; un travail gâché. Gâcher la besogne (Ac. 1932). b) Perdre ou compromettre quelque chose par un mauvais usage. Gâcher son argent, sa fortune, son temps, sa jeunesse, ses vacances, son avenir : J'ai vingt-cinq ans. Je végète dans des postes subalternes. Je vous assure que je mérite mieux que ça... Je ne veux pas gâcher ma vie! Je veux l'employer à quelque chose qui en vaille la peine!
Martin du G., Taciturne,1932, I, 2, p. 1271. − En partic. Gâcher la marchandise. La vendre à vil prix. Gâcher le métier. Travailler à trop bon compte, faire plus qu'il n'est convenu ou nécessaire. Un fumiste, qui a gâché le métier (Queneau, Pierrot,1942, p. 37). 2. [Le suj. désigne une chose, un événement ou une pers.] Compromettre, faire perdre quelque chose dont on voulait tirer parti. La pluie a gâché la récolte. SYNT. Gâcher qqc. (à qqn); la maladie m'a gâché les vacances; cela lui a gâché l'appétit; gâcher le plaisir, la joie, le bonheur de qqn. − Emploi pronom. S'abîmer. Elle avait tâché d'embaucher Satin, une petite bête qui se mourait à l'hôpital, tellement elle se gâchait (Zola, Nana,1880, p. 1466). ♦ Se gâcher qqc. (notamment une partie du corps).Il voulait rien foutre par lui-même... Il voulait pas se gâcher les mains (Céline, Mort à crédit,1936, p. 201). REM. Gâche-métier, subst. masc.Il prend ses ouvriers à la grève ce gâche-métier là (Poulot, Sublime,1872, p. 136).V. supra (B 1 b) gâcher le métier. Prononc. et Orth. : [gɑ
ʃe], (il) gâche [gɑ:ʃ]. Le caractère postérieur de la voyelle radicale se conserve, d'apr. Fouché Prononc. 1959, p. 88, dans la dérivation : gâchage, gâcheur, gâchis, avec [ɑ]. Martinet-Walter 1973 [gɑ
ʃe], [-a-]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1260 gaschier « laver dans l'eau pour dessaler un poisson » (E. Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, p. 221); cf. 1611 gascher du poisson « id. » (Cotgr.); 2. [1314 « détremper le plâtre » (G. du Bus, Fauvel, éd. A. Långfors, 2545), le sens est mal assuré : « détremper le plâtre, fouler »?, « terme de pêche »?]; ca 1450 (Mist. du Viel Test., 6712 ds Gdf. Compl.); 1844 gâchée (s.f.) technol. (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, p. 151); 3. 1538 « ramer » (Est.); 4. a) 1741 « donner sa marchandise trop bon marché, travailler à trop bon compte » (Savary); b) 1808 « faire mal un ouvrage » (Hautel); c) 1872 « perdre, ruiner, faire mauvais emploi de (temps, vie...) » (Lar. 19e). De l'a. b. frq. *waskôn « laver » que l'on peut restituer d'apr. l'a. h. all. wascan « id. » (Graff), le m. néerl. wasschen « id. », l'all. waschen « id. » et qui a sans doute été introduit en gallo-roman avec le sens très gén. de « passer à l'eau, laver sommairement », d'où la signification « laver du linge » en partic. dans les dial. du Nord (Flandre éwaquer « tremper une première fois du linge à lessiver dans l'eau », pic. « tremper le linge dans l'eau sans le laver complètement » ds FEW t. 17, p. 541a), les emplois techn. (1, 2, 3) et les emplois péjoratifs.; DEAF col. 345. Fréq. abs. littér. : 382. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 53, b) 213; xxes. : a) 579, b) 1109. DÉR. Gâchoir, subst. masc.,,Cuve où l'on délaye l'argile à céramique`` (Duval 1959). Les matériaux (...) sont mêlés dans une caisse rectangulaire qu'on nomme gâchoir (Al. Brongniart, Arts céram., t. 2, 1844, p. 27).− [gɑ
ʃwa:r], ds DG : gá-chwār. − 1reattest. 1828 technol. (Bastenaire, Daudenart, Art fabr. faïence, p. 22); de gâcher, suff. -oir*. BBG. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 118. - Walt. 1885, p. 97. |