| * Dans l'article "FÉMININ, INE,, adj." FÉMININ, INE, adj. I.− [P. oppos. à mâle, masculin ou viril; correspond à femme I] A.− [En parlant d'un être humain] Qui appartient au sexe apte à produire des ovules. L'espèce, la gent féminine. Synon. femelle; anton. mâle, masculin.Une suite dans les idées que bien peu d'êtres féminins possèdent (Gobineau, Pléiades,1874, p. 227).Il constate que la ville abonde en élément féminin : − mon vieux, il y a d'la fesse! (Barbusse, Feu,1916, p. 323).Tout le peuple féminin des environs accourait aux emplettes (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 109). B.− Qui appartient en propre à la femme, qui est considéré comme spécifique de la femme, que l'on rencontre habituellement chez la femme. 1. [Sur le plan des caractères physiques, de l'aspect extérieur] Organisme féminin; chair, odeur, voix féminine; costume, toilette féminin(e); charme, grâce féminin(e). Les traits du visage féminin vieillissent plus vite que la peau du corps (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 79).Ce qu'on appelle la beauté féminine, c'est-à-dire tout ce dont l'amour et la tendresse sentimentale parent l'animal humain (Mauclair, Maîtres impressionn.,1923, p. 95).La science donne au corps féminin un levain et une densité qui affole hommes et dieux (Giraudoux, Amphitr. 38,1929, II, 6, p. 142): 1. ... elles [statuettes féminines préhistoriques] tendent à donner une image fidèle de l'anatomie féminine, en y soulignant des détails très concrets et qui tous se relient alors à l'attirance sexuelle : l'adiposité surtout des hanches et des seins, le triangle pubien.
Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 114. − Sexe* féminin : 2. Les brachmanes de l'Inde exprimaient la même idée cosmogonique par une statue imitative du monde, et qui réunissait les deux sexes. Le sexe mâle portait l'image du soleil, centre du principe actif; le sexe féminin celle de la lune, qui fixe le commencement et les premières couches de la nature passive...
Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 82. ♦ P. méton. Le sexe féminin. Les femmes. C'est l'antiquité profane qui a fourni aux gens d'étude les pièces principales de leur réquisitoire contre le sexe féminin (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 130). − [En parlant d'une femme] Être féminine. Correspondre à l'image physique, sexuelle, psychologique... que l'homme ou la société se fait de la femme et de la féminité. La Française, ignorée sous sa voilette, lointaine et silencieuse dans les salons lointains et fermés − et si féminine enveloppée dans ses robes sombres (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 17).Ces femmes qui ne sont ni tout à fait femmes ni tout à fait nonnes, trop peu féminines pour s'être données à l'amour, trop irrésolues pour s'être données au cloître (Mounier, Traité caract.,1946, p. 739): 3. Est-elle jolie? elle a une certaine perfection de l'espèce qui donne le même plaisir, qui donne le même bonheur qu'à rencontrer un chien parfait, un cheval parfait : elle est parfaitement féminine.
Montherl., Bestiaires,1926, p. 444. ♦ [P. méton.] : 4. ... la mollesse, la suavité et la gracieuse langueur des femmes de l'Asie, beauté bien plus féminine, bien plus amoureuse, bien plus fascinante pour le cœur que la beauté sévère et mâle des statues grecques...
Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 50. Rem. Dans le domaine de la psychol., de la psychanal., et p. oppos. à phallique : emploi de l'adj. féminin pour signifier « qui symbolise le sexe féminin ». Quand le névrosé arrive chez son médecin, il sait déjà que les objets longs sont phalliques et les boîtes féminines (Choisy, Psychanal., 1950, p. 174). 2. [Sur le plan psychol.] Esprit, intelligence, intuition féminin(e); nature, caractère, âme, cœur, sensibilité, sentiment, douceur, tendresse, délicatesse féminin(e); faiblesse, duplicité, perfidie féminine. Le sentiment féminin, le passif, l'ondoyant (Gevaert, Harm.,1885, p. 3).C'est un défaut très féminin d'aller d'une exagération à l'autre (Frapié, Maternelle,1904, p. 224): 5. ... Je crois aussi qu'il peut entrer beaucoup de valeur et de vertu dans la soumission. − C'est précisément contre cette soumission que je proteste. Dans la soumission cette valeur reste sous le boisseau. Les qualités féminines peuvent être différentes de celles des hommes sans être pour cela intérieures.
Gide, Geneviève,1936, p. 1398. − En emploi subst. masc. Le féminin. L'ensemble des éléments considérés comme spécifiques ou caractéristiques, de la femme, de la féminité. L'éternel féminin. L'ensemble des traits dominants et permanents considérés comme caractérisant la femme. L'éternel humain (y compris l'éternel féminin) m'amuse de moins en moins (Flaub., Corresp.,1872, p. 373).L'éternel féminin a toujours exercé sans doute une force exaltante sur les meilleurs (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 725): 6. Ce qui est extraordinaire c'est que les écrivains femmes, les femmes médecins, ou les intellectuelles, n'aient pas tiré une vision d'ensemble du féminin à partir de leur propre expérience.
Figaro,16 avr. 1970ds Colin 1971. − En partic. ♦ Pour lequel la femme est particulièrement douée. Le pastel est un genre bien féminin (Hugues, Expr. atelier). ♦ Qui est destiné aux femmes, conçu pour les femmes. Développement de l'enseignement féminin (Gds cour. pensée math.,1948, p. 258).Organisation des jeux féminins mondiaux (Jeux et sp.,1967, p. 1299). C.− Qui tient de la femme, qui évoque la femme par un ou plusieurs de ses caractères. Une même élégance très féminine se retrouve souvent dans la sculpture grecque mais avec moins de préciosité (Gilles de La Tourette, L. de Vinci,1932, p. 28).Ce timbre féminin des clarinettes (Berlioz, Instrument.,1844, p. 138).MgrRousselot, le charme tout féminin de sa bénédiction pastorale (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1152). − [En parlant d'un homme] Efféminé. Cet homme a un visage féminin, une voix féminine, des manières féminines (Ac.1932).Le dernier d'une grande race, féminin et spirituel, il mangeait alors une fortune avec une rage d'appétits que rien n'apaisait (Zola, Nana,1880, p. 1146). D.− Qui se rapporte aux femmes. Revendications féminines. L'apport nouveau de l'athlétisme féminin n'est pas technique. Il est esthétique et moral (Montherl., Olymp.,1924, p. 278).Égalité des salaires féminins et masculins (Reynaud, Syndic. Fr.,1963, p. 271). − Aventures, conquêtes, succès féminins (d'un homme). Aventures, conquêtes, succès amoureux. Il essaya des distractions diverses qui n'arrivaient point à compenser le besoin de conquêtes féminines qu'il avait au cœur (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bombard, 1884, p. 973). − En partic. [En parlant d'un groupe de pers.] Qui se compose de femmes, qui rassemble des femmes. Associations féminines. Quand Paul Morand eut le talent de nous présenter le haut personnel féminin d'après-guerre, il n'aperçut point de parisiennes sur la carte du tendre du XXesiècle (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 183): 7. D'après cela on se fera quelque idée du pouvoir des femmes. Dès que la culture humaine l'éclaire, le tribunal féminin est le plus redoutable et le plus redouté de tous; les cours d'amour et les règles de la chevalerie en témoignent assez. Pouvoir spirituel, à bien regarder.
Alain, Propos,1921, p. 309. II.− [P. oppos. à masculin] LING. A.− GRAMMAIRE 1. Genre féminin. ,,Genre grammatical qui, dans une classification en deux genres, s'oppose au masculin, et qui, dans une classification en trois genres, s'oppose au masculin et au neutre (...)`` (Ling. 1972). Mot qui est du genre féminin, qui appartient au genre féminin; indiquer le genre féminin. Quoi de plus ridicule que de donner le genre féminin ou masculin au nom d'une chose qui n'est susceptible ni de l'un ni de l'autre (Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 185): 8. L'opposition du genre masculin et du genre féminin correspond en général, pour les êtres humains et les animaux, à une opposition de sexe : le fermier, la fermière; le chien, la chienne. On prendra garde toutefois à certaines ambiguïtés propres aux suffixes -teur/trice et -ier/ière, entre autres, qui servent à désigner tantôt des objets, tantôt des personnes : c'est le cas de indicateur, indicatrice; cuisinier, cuisinière; jardinier, jardinière...
Colin1971. − Emploi subst. masc. Le féminin. « Mais, » s'écria la marquise, « je suis une viveuse, le féminin de viveur (Péladan, Vice supr.,1884, p. 71): 9. Le féminin représente souvent, mais non constamment, le terme « femelle » dans le genre naturel qui repose sur l'opposition de sexe entre « mâle » et « femelle ». Le mot vendeuse est noté [-masculin], [-mâle], ce qui signifie qu'il est féminin et désigne une femme; mais le mot sentinelle est noté [-masculin], [+mâle], ce qui signifie qu'il est féminin et désigne un « mâle ». Les noms non-animés féminins ont seulement le trait grammatical [−masculin] (c'est-à-dire féminin), comme table, roche, etc.
Ling.1972. SYNT. Formation, forme, signe grammatical du féminin; nom de personne sans féminin; exprimer le féminin, user du féminin, mettre un mot au féminin, former le féminin d'un nom; nom qui a une forme de féminin, nom qui s'emploie seulement au féminin, nom qui ne prend pas une marque de féminin. − P. méton. ,,Ensemble des noms féminins`` (Dheilly 1964). 2. [En parlant d'un mot] Qui appartient au genre féminin. Nom, adjectif, article, pronom féminin; nom masculin qui devient féminin. Forme féminine (d'un mot) (cf. Colin1971). Rem. ,,Dans le vocabulaire grammatical, « féminin » doit toujours s'employer à la forme du masculin. Il ne faut pas parler de « forme féminine », de « tournure féminine ». Il faut dire : « Cette forme est du féminin, je mets la tournure au féminin, etc... ». − En effet une « forme féminine », par exemple, ne désigne pas autre chose, en bon français, qu'une silhouette de femme.`` (Dheilly 1964). − Emploi subst. masc. Un féminin. Nom qui reçoit un féminin; féminin qui est difficile à former; masculin et féminin qui ont un radical différent; féminin qui sort des règles habituelles; féminins en -esse. Tout ce que le printemps ou l'été pouvaient obtenir de lui, c'était qu'il lâchât dans sa harangue des féminins pluriels (Giraudoux, Bella,1926, p. 35): 10. Quant à la logique des féminins attribués aux mots en eur, il suffit de citer cantatrice, enchanteresse et chanteuse pour montrer que, dans cet ordre de finales, la langue se permet toutes ses fantaisies.
Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 148. − Terminaison féminine. ,,Terminaison spéciale qui sert à marquer qu'un nom, un pronom ou un adjectif est féminin. Dans Infante, Ânesse, Bienfaitrice, e, esse, rice sont des terminaisons féminines.`` (Ac. 1932). B.− VERSIFICATION 1. -e féminin. -e muet* ou atone* ou caduc*. 2. Coupe féminine. Synon. coupe lyrique*. 3. Rime féminine. Rime terminée par un -e caduc. J'ai rimé cette ode en rimes féminines pour que l'impression en restât plus poignante (Banville, Exilés,1874, p. 76): 11. ... Guillaume Apollinaire tenta de rajeunir la rime en redéfinissant ce que classiques et romantiques appelaient rimes féminines et rimes masculines. Au lieu que la distinction entre ces deux sortes de rimes se fît par la présence ou l'absence d'un e muet à la fin du mot rimeur, pour Apollinaire étaient rimes féminines tous les mots qui se terminent à l'oreille sur une consonne prononcée (et c'est ainsi que les rimes honteuses que Mallarmé cachait dans le corps de ses vers − tristement dort une mandore − devenaient rimes riches et permises)...
Aragon, Crève-cœur,1941, p. 73. ♦ Pied, vers, rythme féminin. Pied, vers, rythme caractérisé par une rime féminine. Verlaine a joué avec une maîtrise supérieure de cette opposition entre pieds masculins et féminins (P. Guiraud, La Versification, Paris, PUF, 1970, p. 103). REM. Féminiforme, adj.a) ,,Qui a la forme d'une femme`` (Littré; dict. xixeet xxes.). b) Gramm. ,,Qui a la désinence du féminin`` (Littré; dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [feminε
̃], fém. [-in]. Nyrop Phonét. 1951, § 79 rappelle la vieille prononc. pop. [femenin] dans laquelle l'[i] de la 2esyll. est affaibli en [e] sous l'influence de l'[e] initial. Étymol. et Hist. Ca 1165 femenin « qui a le caractère de la femme » (B. de Ste Maure, Troie, 5515 ds T.-L.); xives. gramm. subst. (ds Thurot, p. 169, ibid.). Emprunté au lat. class. femininus « féminin, de femme », gramm. « du genre féminin ». Fréq. abs. littér. : 1 448. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 046, b) 2 421; xxes. : a) 2 516, b) 2 454. DÉR. Fémininement, adv.,rare. D'une manière féminine. Madame Zulma, si coquettement mise, si fémininement recherchée (Balzac, Corresp.,1832, p. 155).Sentir ma vie a été surtout ma manière de vivre. J'ai donc vécu fémininement plutôt que masculinement (Amiel, Journal,1866, p. 39).La dégaîne n'était point garçonnière, à cause d'un corps déjà façonné fémininement (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 113).− [femininmɑ
̃]. − 1reattest. 1832 (Balzac, loc. cit.); de féminine, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 5. BBG. − Lew. 1960, p. 243, 248. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 422. |