| FÉLIN, INE, adj. et subst. A.− Qui est relatif, propre au (genre) chat. Espèce, race féline. Endormons-nous, petit chat noir. Voici que j'ai mis l'éteignoir Sur la chandelle. Tu vas penser à des oiseaux Sous bois, à de félins museaux... (Cros, Coffret santal,1873, p. 84).Janvier, mois des amours félines, pare les chats d'Auteuil de leur plus belle robe et racole, pour nos trois chattes, une trentaine de matous (Colette, Maison Cl.,1922, p. 246). − Emploi subst. ♦ Au sing. Animal de cette famille. Félin à l'affût. Encore ce sale chat! Mistigris! Mistigris! c'est le félin de ma fillette (Audiberti, Quoat,1946, 1ertabl., p. 24). ♦ Spéc. au plur. Grands félins. Famille de carnassiers du type chat. Synon. félidé.Tartarin, le tueur de lions, parti pour chasser les grands félins en Afrique, n'a pas donné de ses nouvelles depuis plusieurs mois (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 98). B.− Au fig. 1. [P. réf. aux particularités physiques du chat; en parlant d'un inanimé concr.] Sa prunelle féline venait de distinguer dans le renfoncement d'une porte cochère ce qu'on appelle en peinture un ensemble (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 400).Luce se renverse sur sa chaise, riant de toutes les dents fraîches de sa petite gueule féline (Colette, Cl. école,1900, p. 212).Il releva la tête, sourit de nouveau, et, se renversant, réinstalla dans le fauteuil son corps musclé, félin, qui démentait l'apparente négligence de la face (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 293). 2. [P. réf. au charme, au mystère du chat; en parlant d'un inanimé abstr.] Grâce féline. Le sourire aimable et caressant de l'œil des Slaves, le charme un peu asiatique et félin de ces peuples (Goncourt, Journal,1858, p. 438). − Emploi subst. Belle féline (Baudel., Poèm. prose,1867, p. 81). 3. [P. réf. au comportement imprévisible, à l'attitude silencieuse du chat, à la rapidité de ses réactions] a) [En parlant d'un être humain, de son comportement] Il n'y avait eu entre eux qu'une camaraderie très libre d'homme à femme. Tous deux étaient trop félins, se devinaient trop, pour en arriver à la duperie d'une liaison (Zola, Argent,1891, p. 345).Et, sans trop préciser ses insinuations, mais avec un art félin dans le sous-entendu (...) Éthal (...) achevait de m'emplir d'épouvante (Lorrain, M. Phocas,1901, p. 268). − P. métaph., emploi subst. Ce brillant félin de Pleven, lui, a marqué fortement ces dix dernières années de sa griffe légère (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 52). − Péj. Synon. sournois, hypocrite.Un « bonjour, monsieur Richard », obséquieux et félin, venu de l'autre côté de la route, l'arracha à ses réflexions (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 15). b) Rare, p. métaph. [En parlant d'un élément naturel] Un pêcheur de corail vogue en sa coraline Frêle planche que lèche et mord la mer féline (Hugo, Année terr.,1872, p. 27).Un vent d'octobre, félin et sournois, qui tantôt faisait le mort, comme muet, l'œil clos, griffes rentrées, allongé mollement au ras des joncs secs (Guèvremont, Survenant,1945, p. 29). REM. 1. Féliner, verbe trans.Agir, caresser d'une manière féline. Son haleine encore y circule. Et, leur félinant le satin, Fait s'y pâmer deux renoncules (Laforgue, Complaintes,1885, p. 73). 2. Félinement, adv.D'une manière féline. Elle [Minne] le regarde [Antoine] félinement de côté (Colette, Ingénue libert.,1909, p. 212). 3. Félinier, subst. masc.Peintre, sculpteur, représentant des chats. Chats enfermés dans un panier et jouant aux guignols, de M. Lambert et autres féliniers! (Huysmans, Art mod.,1883, p. 92). 4. Félinophile, subst.Personne qui s'intéresse aux chats. Emploi adj. Jamais Renaud n'a témoigné d'impatience devant ces crises félinophiles (Colette, Cl. ménage,1902, p. 74-75). Prononc. et Orth. : [felε
̃], fém. [-in]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. [1792 ds Bl.-W.3-5] A. Subst. 1824 « mammifères carnassiers » (Raymond). B. Adj. 1833 « qui tient du chat » (Balzac, Ferragus, p. 24). Empr. au lat. class. felinus « de chat ». Fréq. abs. littér. : 124. |