| * Dans l'article "FIEF,, subst. masc." FIEF, subst. masc. A.− [Au Moy. Âge] Terre, plus rarement droit, fonction, revenu concédé par un seigneur à un vassal en échange d'obligations de fidélité mutuelle, de protection de la part du seigneur, de services de la part du vassal. Cf. bénéfice II A 1.Possesseur d'un fief, mouvance d'un fief. Toutes choses furent données en fief; non-seulement les terres, mais certains droits (Guizot, Hist. civilisation,1828, p. 7).L'homme et le fief ne faisaient qu'un au point de porter le même nom (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1086): 1. ... au xiiiesiècle la femme a déjà conquis (...) des droits de plus en plus étendus. (...) épouse, elle passe avant les collatéraux; elle peut donc tenir des fiefs, les apporter en dot...
Faral, Vie st-Louis,1942, p. 143. SYNT. Créer, donner, posséder un fief; fief relevant d'un territoire, d'une personne; fief qui fait retour à la couronne, qui tombe en roture. − Spécialement ♦ Fief direct ou plein fief. Fief qui dépend sans intermédiaire d'un suzerain : 2. ... le châtelain de Jougne fut sommé de livrer les agens du délit qui s'étaient réfugiés en ce château, dont le sire de Châlons était seigneur. Ce châtelain s'y refusa, prétendant que Jougne était un fief direct de l'Empire.
Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 1, 1821-24, p. 419. ♦ Fief dominant. Fief dont un autre, le fief servant, relève. V. baiser2ex. 3. ♦ Fief-ferme. En Normandie, héritage noble ou roturier concédé à perpétuité : 3. Nous revenons donc à Dieppe; de temps en temps, de petits vallons s'ouvrent pour nous laisser voir le solennel rideau bleuâtre de la mer. De longues avenues normandes. Sont-ce là les petits fiefs, les fiefs-fermes taillés par saint Louis...?
Michelet, Journal,1839, p. 323. ♦ Fief militaire, de chevalier ou de haubert. Fief concédé à un chevalier qui devait en échange un service armé à son suzerain. À quatre pas de là, je trouve le seigneur du fief de Haubert (Courier, Pamphlets pol.,Lettres partic., 1820, p. 70). ♦ Fief personnel. Fief concédé à une personne sans possibilité de le transmettre à ses héritiers. Dépouiller le chef de la noblesse française du Levant, de son fief personnel (Grousset, Croisades,1939, p. 319). ♦ Fief servant ou fief mouvant d'un autre fief. V. supra fief dominant. ♦ Fief simple. Fief auquel aucun titre de dignité n'est attaché. Anton. fief de dignité.V. arrière-fief ex. 2. ♦ Fief de dignité. Supra fief simple. ♦ Grand fief. Fief relevant directement du souverain. V. arrière-fief ex. 2. ♦ Arrière*-fief. Franc*-fief. − [En d'autres temps, en d'autres lieux] Établir une monarchie universelle dont il [Bonaparte] se serait déclaré le chef, en donnant en fief des royaumes, des duchés (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 2, 1817, p. 94).V. aussi concéder ex. 1. B.− P. anal. Bien possédé par quelqu'un de manière exclusive; domaine où quelqu'un est maître. Fief électoral. Discuter, transiger, pactiser, alors que ce journal avait été son fief incontesté (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 246).V. aussi bien-fonds ex. 2. REM. Féage, subst. masc.Vx. Contrat d'inféodation; fief, objet de ce contrat. Un féage noble est un héritage tenu en fief (Ac.1798-1878). Prononc. et Orth. : [fjεf]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 fiet, feu (Roland, éd. J. Bédier, 472; 2680); [xiies. fief attesté indirectement par le dér. fieffé*]; mil. xiiies. fief [ms.] (Huon de Bordeaux, éd. P. Ruelle, 61). Mot d'orig. discutée, v. FEW t. 15, 2, p. 119b et EWFS2; prob. de l'a. b. frq. *fehu « bétail », cf. le m. néerl. vee « id. » (Verdam), a. h. all. fihu « id. » (Graff t. 3, col. 428), a. b. all. fehu « id. », got. faihu « argent, possessions » (Feist); l'évolution sém. aura été identique à celle du lat. pecus « bétail », pecunia « avoir (en bétail); argent ». Feus, feum est attesté en lat. médiév. dès le viiies. (Nierm.; Hollyman, pp. 41-42); au xes., formes en -d- (Nierm., p. 415b; Hollyman, p. 48, note 59), prob. nées sous l'infl. de alodum, v. alleu; le -f-de fief vient des formes verbales fiever (v. fieffé), elles-mêmes dér. de l'a. fr. fieu (Z. rom. Philol. t. 2, 1878, pp. 461-463; Fouché, p. 602; Bourc.-Bourc. § 151, III). Fréq. abs. littér. : 256. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 692, b) 285; xxes. : a) 162, b) 246. Bbg. Gray (L.H.). Six romance etymologies. Rom. R. 1942, t. 33, pp. 157-163. − Hollyman (K.J.). Le Développement du vocab. féod. en France pendant le Haut Moyen Âge. Genève-Paris, 1957, 202 p. − Krawinkel (H.). Feudum. Jugend eines Wortes. Weimar, 1938, 156 p. − Lerch (E.). Feudum (fief), Vieh und Fiskus. Rom. Forsch. 1940, t. 54, pp. 437-444. |