| FUGUE, subst. fém. I.− MUS. Forme de composition contrapuntique fondée sur l'entrée et le développement successifs de voix selon un principe strict d'imitation qui donne à l'auditeur l'impression que chaque voix fuit ou en poursuit une autre. Art de la fugue et du contrepoint; fugue par augmentation; fugue à miroirs; sujet, contre-sujet, exposition, développement, strette, conclusion d'une fugue. Une fugue (...) claire, pure, mais insipide aussi et froide comme de l'eau de puits (Berlioz, À travers chants,1862, p. 200): 1. Bach possédait des dons d'improvisation prodigieux. Il réalisait aux claviers, avec une aisance incroyable, des fugues doubles et triples, à 5 et 6 voix, et des canons en augmentation d'une longueur surprenante.
Dupré, Improvis. orgue,1925, introd. II.− Action de fuir, de s'enfuir. A.− Fuite, action de quitter pour un temps plus ou moins long l'endroit que l'on occupe habituellement. La fugue de la famille royale (Marat, Pamphlets,Affreux Réveil, 1790, p. 239): 2. célimare. − (...) ce voyage dont je vous parlais tout à l'heure (...) c'est une fuite (...) une fugue!...
tous. − Comment?
célimare. − Je suis ruiné, poursuivi, traqué! la Bourse...
Labiche, Célimare,1863, III, 11, p. 129. B.− PSYCHOPATHOL. Impulsion morbide qui pousse un individu (généralement un enfant ou un adolescent) à quitter son milieu social, familial, et à partir souvent sans but et à l'aventure. La fugue est toujours un signe morbide sérieux (Mounier, Traité caract.,1946, p. 481). REM. 1. Fugato, subst. masc.,mus. Passage en style fugué qui n'est pas développé. Les fugato (...) relèvent (...) de la plus ennuyeuse des scholastiques (La Laurencie, Éc. fr. violon,1922, p. 97).On peut noter l'emploi du plur. rég. ital. fugati chez Koechlin. Tendance à borner une fugue à son exposition ou à quelques entrées affirmée par le Roi David de Mr A. Honegger et par les fugati de Mr Milhaud (Écrit. fugue,1933, p. 268). 2. Fuguer, verbe intrans.Construire, développer une fugue. L'objet sonore initial, auquel on propose de fuguer avec lui-même, est bien ou mal choisi (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 153). 3. Fuguette, subst. fém.Petite fugue. La première des fuguettes de Haendel, exigeant la liaison parfaite de chaque note à la suivante (Gide, Journal,1914, p. 496). Prononc. et Orth. : [fyg]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [Fin xiiies. fugue « fuite » (Chron. de Robert Guiscart, I, 18, Champollion ds Gdf.), attest. isolée tirée d'une trad. fr. d'un texte lat. écrit par un italien] 1. 1598 fugue musicalle (Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, V, 2 ds Hug.); 2. 1728 « fuite momentanée » (Marivaux, Triomphe de Plutus, III, 165 ds IGLF : Oh! que voilà qui est chromatique! Faisons une petite fugue ma reine; allons-nous en). Empr. à l'ital. fuga, attesté comme terme de mus. dep. le xvies. (V. Galilei ds Batt.), d'abord « fuite » et « départ subit » (dep. xives. Simintendi et Dante ds Batt.), empr. au lat. class. fŭga « fuite » (cf. fougue1); 2 est soit réempr. à l'ital. dans son sens d'orig. (Bl.-W.5), soit issu de 1 (FEW t. 3, p. 836b; à l'appui de cette hyp. v. le texte cité supra 1728). Fréq. abs. littér. : 304. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 44, b) 103; xxes. : a) 954, b) 625. DÉR. Fugueur, euse, adj. et subst.(Celui, celle) qui fait des fugues. Lulu avait été un fugueur et un paresseux qui se faisait mettre à la porte de tous les établissements (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 196).Des « aliénés difficiles », violents ou fugueurs (H. Bazin, Fin asiles,1959, p. 143).− [fygœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1930 (Lar. 20e); de fugue, suff. -eur2*. BBG. − Hope 1971, p. 198. − Quem. DDL t. 8. |