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* Dans l'article "FRUSTRER,, verbe trans."
FRUSTRER, verbe trans.
A.− Frustrer qqn de qqc.Le priver d'un bien qui lui est dû ou le priver d'une satisfaction à laquelle il peut légitimement prétendre. Priver un homme du bénéfice de la loi, c'est en frustrer quiconque (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 289).Plusieurs croisés, comme Raymond de Saint-Gilles, manifestèrent une vive déception : on les frustrait de leur victoire! (Grousset, Croisades,1939, p. 26):
1. ... − un homme ordinaire, pareil à beaucoup d'autres; son seul crime était de frustrer nos enfants d'une fortune dont il n'avait d'ailleurs pas le bénéfice, puisque les neveux Philipot en recevaient la plus grande part. Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 141.
♦ Au passif. Être frustré de.Le cadet se montra furieux d'être frustré de sa part d'héritage (Barrès, Cahiers,t. 7, 1908, p. 81):
2. ... cet ami dont un éclat d'obus a détruit le visage, qui a ainsi renoncé pour la vie à jamais émouvoir une femme, frustré d'un droit fondamental aussi bien qu'on en est frustré derrière les murs d'une prison, bien à l'abri dans sa laideur... Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 334.
♦ Absol. Frustrer qqn.Il (...) convoite le bien d'autrui, manque à tous ses engagements, frustre ses créanciers (Valéry, Variété IV,1938, p. 186):
3. ... dans une démocratie, les partis qui gouvernent et forment une multitude possèdent réellement le bien commun : ils frustrent le peuple qui ne jouit de rien. France, Vie fleur,1922, p. 312.
− Emploi pronom. Se frustrer de qqc.Se priver de quelque chose :
4. ... il sentait dans sa chair, le regret de toutes les joies dont il s'était frustré pour courir à d'autres joies qui ne résonnaient plus dans son cœur. Aymé, Rue sans nom,1930, p. 79.
− P. anal. Il pensait qu'on doit la peine aux criminels et que c'est leur faire tort que de les en frustrer (France, Dieux ont soif,1912, p. 166):
5. O mort, s'écria Lao-Tseu, seul bien dont le Destin ne puisse frustrer les hommes; le seul dont ils semblent appréhender de jouir. Toulet, Comme une fantaisie,1918, p. 58.
B.− P. ext. Décevoir. Gaspard (...) cherchait déjà quelque moyen honnête de frustrer l'espérance de tous ses créanciers (Sandeau, Sacs,1851, p. 27).
− Frustrer qqn dans.Frustrer qqn dans son espoir, dans son attente (DG).
♦ Au passif. Frustré dans ses ambitions, du moins entendait-il vivre à sa guise, et, n'ayant pas su plaire, il s'essayait discrètement à déplaire (France, Orme,1897, p. 70).Les notables qui avaient négocié avec Murphy l'avènement manqué de Giraud se trouvaient frustrés dans leurs espoirs (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 64).
− Frustrer qqn de. (vieilli).Il l'a frustré de ses espérances (Ac.1835-1878).Se sentait-il (...) frustré de ses espérances et bafoué dans ses prévisions? (Baudel., Poèm. prose,1867, p. 134).
C.− Spéc., PSYCHANAL., PSYCHOL. Frustrer qqn.Le placer dans une situation de frustration.
♦ Au passif :
6. Le terme de frustration paraît signifier que le sujet est frustré passivement tandis que Versagung ne désigne nullement qui refuse. Dans certains cas le sens réfléchi de se refuser à (déclarer forfait) semble prévalent. Lapl.-Pont.1967.
REM. 1.
Frustrant, ante, part. prés. adj.,psychanal., psychol. [En parlant d'un obstacle, d'un événement ou d'une situation] Qui est de nature à frustrer, qui place dans une situation de frustration. Situation, obstacle, événement frustrant(e). Au lieu de s'irriter franchement contre l'obstacle frustrant, le sujet peut s'en prendre à lui-même, extérioriser son agressivité. Il s'adressera des reproches pour ne pas avoir mieux agi de façon à éviter l'obstacle (Psychol.1969).L'adoption par le psychanalyste d'attitudes frustrantes ou gratifiantes fait partie de la « manipulation » du transfert psychothérapique (Lar. Méd.t. 11971).
2.
Frustrateur, trice, adj.,psychanal., psychol. [En parlant de qqc., de qqn] Qui est de nature à frustrer, qui place dans une situation de frustration. Agent frustrateur. Dans une atmosphère plus frustratrice, l'enfant peut sentir qu'il n'a que ce qu'il prend et sa seule source de sécurité consiste à exploiter les autres (Delay, Psychol. méd.,1953, p. 162).L'hostilité œdipéenne n'est pas déterminée par la jalousie sexuelle, mais par le mâle frustrateur (Traité sociol.,1968, p. 408).
Prononc. et Orth. : [fʀystʀe], (il) frustre [fʀystʀ ̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1380 (J. Lefevre, Trad. La Vieille, 122 ds T.-L.). Empr. au lat. class. frustrare « tromper, décevoir ». Fréq. abs. littér. : 199.