| FRUITIER, IÈRE, adj. et subst. I.− Emploi adj. A.− [En parlant d'un arbre] Qui produit des fruits comestibles. Une essence fruitière (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 29): 1. Tandis que les étés secs de l'Asie Occidentale, concentrant la saveur du fruit, ont incité les habitants à perfectionner les cultures d'arbres fruitiers, cet art délicat est resté étranger aux peuples d'Extrême-Orient...
Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 146. − Emploi subst. Des légumes tristes, des fleurs navrées (...) végètent à l'ombre de quelques fruitiers avares, « dans une terre grasse et pleine d'escargots » (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 152). − [En parlant d'un terrain] Qui est planté d'arbres fruitiers. Une maison abrupte, au toit à jour, au jardin fruitier devenu sauvage (Goncourt, Journal,1877, p. 1202). ♦ Emploi subst. Synon. de verger.Elle visitait sous l'averse le potager et le fruitier, s'arrêtant à chaque arbre, se penchant sur chaque planche de légumes (Zola, Nana,1880, p. 1235). B.− Qui a rapport aux fruits ou au commerce des fruits. Commerce fruitier (Lar. Lang. fr.). Garçon fruitier (cf. Fargue, Piéton Paris,1939, p. 138).Il y a, dans la salle d'attente, une délégation du IXearrondissement. Ce sont les marchands fruitiers (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 20). − Spéc., MAR. Aménagé pour le transport des fruits. Cargo fruitier (Rob.).C'est la flotte fruitière de l'Atlantic Fruit Co. Des camions s'en éloignent, chargés de régimes de bananes vertes (Morand, New-York,1930, p. 63). II.− Emploi subst. A.− Subst. masc. 1. Local où l'on conserve les fruits frais : 2. Rien que d'y penser, je crois sentir la bonne odeur du fruitier dans la chambre en haut, en automne; je sens toutes ces bonnes poires et ces belles reinettes, et je les vois sur le plancher.
Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 352. − En partic. Étagère munie de rayons à claire-voie où l'on étale les fruits à conserver. Un fruitier (...) pour mettre à l'abri des mouches, fruits ou denrées alimentaires (Catal. Manufrance,1977, p. 922). 2. HIST. Récipient en forme de coupe où l'on disposait les fruits pour les présenter à table. ,,Aujourd'hui, le fruitier a disparu de nos tables, pour faire place aux assiettes montées et aux compotiers de porcelaine ou de cristal ``(Havard1888). 3. Région. Celui qui fabrique des fromages. Maître fruitier (Rob.).L'écrémage préalable, disent les fruitiers, est indispensable pour faciliter le développement de l'ouverture des fromages à la cave (Pouriau, Laiterie,1895, p. 791).Cf. infra C 1, 2. B.− Subst. masc. ou fém. Celui ou celle qui vend au détail des fruits et légumes frais, des laitages. Il y eut un moment dans la vie de Marius où il balayait son palier, où il achetait un sou de fromage de Brie chez la fruitière (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 809).Chez le fruitier, des caisses d'abricots et de pêches, des paniers de raisin, des tas de poires (France, Lys rouge,1894, p. 322). C.− Subst. fém., région. 1. Fromagerie, lieu où se fabrique le gruyère. Ajoute que ces enfants sont gracieux. Ils font déjà de petites commissions. Ils reviennent de la fruitière avec du lait dans un pot brun (Monnier,Mon Village, Genève,1919,p. 71).2. Coopérative formée pour l'exploitation du lait et la fabrication des fromages. Les fruitières du Jura, de Savoie (Rob.): 3. ... mon frère (...) a expliqué très en détail ce que c'était que les fruitières de Pontarlier; − qu'on en distinguait deux sortes : − les grosses granges, qui sont aux riches, et où il y a quarante ou cinquante vaches, lesquelles produisent sept à huit milliers de fromages par été; les fruitières [it. ds le texte] d'association, qui sont aux pauvres; ce sont les paysans de la moyenne montagne qui mettent leurs vaches en commun et partagent les produits.
Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 102. ♦ P. ext. [À propos du vin] Fruitière vinicole d'Arbois. Prononc. et Orth. : [fʀ
ɥitje], fém. [-tjε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. De 1694-1798 au masculin. Étymol. et Hist. 1. 1220 (Cart. de Nostre-Dame de Bon Port, 56, Andrieux ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 791 [sans précision de sens]; 1277 « officier qui prend soin des fruits » (Doc. des Archives angevines, I, 45 d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod. t. 42, p. 281); 2. av. 1528 arbre fructyer (J. D'Auton, Chron., B.N. 5082, fo98 rods Gdf. Compl.); 3. a) 1599 « plat à servir les fruits » (Inv. de Gabrielle d'Estrees, ap. Laborde, Emaux ds Gdf.); b) 1636 « local où on garde les fruits » (Monet); 4. 1524 dial. (Franche-Comté, Jura, Suisse romande) fruitière « local où on fabrique le fromage » (Ctes Nch. ds Pierreh.) d'où 1789 « société de producteurs de lait » (Doc. Côte-aux-Fées, ibid.). Dér. de fruit1*; suff. -ier*, -ière*; au sens 4 dér. du dial. fruit « produit du lait; en partic. fromage » (cf. Pierreh.). Fréq. abs. littér. : 370. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 453, b) 770; xxes. : a) 671, b) 370. Bbg. Diekamp (C.). Neue Daten zu date und anderen Wörtern... Z. fr. Spr. Lit. 1974, t. 84, p. 340. − Quem. DDL t. 6. − Zopfi (F.). Zeugnisse alter Zweisprachigkeit im Glarnerland. Vox rom. 1952, t. 12, p. 305. |