| FRIPER, verbe trans. A.− Usuel. Défraîchir, froisser (un tissu, un vêtement). Synon. chiffonner.Leonora aussi se leva et ses longs doigts arqués fripant la nappe, elle fixa ses yeux de mer sur les yeux gris de son époux (Péladan, Vice supr.,1884, p. 46).Mais c'est que je ne voudrais pas toucher le velours de la robe pour ne pas le friper (Proust, Swann,1913, p. 232): ... elle usait encore, au moment dont je vous parle, une série de robes tristes, étroites, montantes, limées au corsage par le frottement des pupitres, et fripées aux genoux par les génuflexions sur le pavé de la chapelle.
Fromentin, Dominique,1863, p. 70. ♦ Emploi pronom. passif. Elle se trouva devant Berthe, essoufflée d'avoir dansé, toute rose dans sa robe blanche qui se fripait (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 157). − P. ext. [En parlant d'un (tissu) végétal] Faner, flétrir. Des fleurs, au hasard de l'île renaissaient [après l'hiver]. Au bord des rivages, les fleurs du Saint Sacrement, dont le vent fripe les grands pétales d'un jaune pâli (...) recommençaient leurs groupes (Queffélec, Recteur,1944, p. 150). B.− P. anal. Plisser, rider (l'épiderme). Le teint de la peau était jauni, et de petits plis fripaient çà et là les joues (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 904). − Emploi pronom. passif. A-t-elle, comme tant d'autres, regardé chaque matin pendant des heures et des heures la peau si fine jadis, si transparente et si claire, qui maintenant se plisse un peu sous les yeux, se fripe de mille traits (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MmeHermet, 1887, p. 1127).La muqueuse de l'œil jaunit et suinte, la langue se dépouille, les paupières se fripent, les naseaux se dilatent : l'animal devient remuant, irritable (Martin du G., Gonfle,1928, I, 3, p. 1180). C.− Au fig. Amoindrir, annuler l'effet ou l'ampleur de quelque chose. Il voulait être seul, pour que son enthousiasme pût se dilater à l'aise, sans se friper sur de la chair humaine (Romains, Copains,1913, p. 88). REM. 1. Fripement, subst. masc.Froissement. Un bruit de lèvres, un fripement de jupes (Goncourt, Journal,1855, p. 187). 2. Fripette, subst. fém.a) P. Plaisant. Partie du corps. Je baise une femme chaque jour à cinq heures. C'est comme ça que je lutte contre le mal (...) Tant que j'aurai là une petite fripette de peau (il désignait son ventre) je m'en servirai (Jouve, Scène capit.,1935, p. 218).b) Synon. de friponne.Voyez cette fripette, dit la maréchale en menaçant du doigt la jeune fille (D'Esparbès, Chevauchée Gd S.,1937, p. 82). Prononc. et Orth. : [fʀipe]. Ds Ac. dep. 1694, jusqu'à 1740 sous la forme fripper. Étymol. et Hist. 1534 (Rabelais, Gargantua, II, 33 ds Quem. DDL t. 13); 1611 vestments fripez (Cotgr.); 1840 pronom. « se chiffonner » (Balzac, Pierrette, p. 57). Dér. au moyen de la dés. -er de l'a. fr. frepe (fripe2); l'orig. du i est obscure; l'a. fr. de friper « s'agiter » paraît être un autre verbe. Fréq. abs. littér. : 190. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1974, t. 42, p. 281. − Bugge(s.). Étymol. fr. et rom. Romania. 1874, t. 3, pp. 148-149. |