| * Dans l'article "FOURRAGER1,, verbe." FOURRAGER1, verbe. A.− Emploi intrans. 1. a) [Correspond à fourrage1A] Amasser du fourrage pour le bétail; se nourrir de fourrage. Un méchant loup a mangé mon mari le chevret, et (...) nous sommes en grand misère, l'orpheline et moi, depuis qu'il ne va plus fourrager pour nous (Nodier, Trésor Fèves,1833, p. 39).Cultures en grand désordre où fourragent des animaux (Fromentin, Voy. Égypte,1869, p. 90). − Au fig., fam., dans le domaine littér.Recueillir (des idées, des exemples). Fourrager dans des livres, chez des écrivains. C'est Molière. Ce grand homme a pris à tout le monde (...). Il fourragea tout à son aise dans Cyrano, dans Bois-Robert, chez le pauvre Scarron et chez Arlequin (France, Vie littér.,1892, p. 160). b) Domaine milit.,vx, rare. [Correspond à fourrage1B] Approvisionner en fourrage les chevaux des troupes, aller au fourrage. Fourrager dans un champ, dans un village; l'armée a fourragé dans ce pays-là; fourrager au vert, au sec (Ac.). Il (...) alla avec le reste de ses troupes fourrager en Haute Égypte (Grousset, Croisades,1939, p. 200). − P. métaph. La critique, qui a besoin de pâture et qui ne trouve guère où fourrager, se replie en pays ami (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 5, 1818-69, p. 632). − [En parlant de la cavalerie] Se déployer en fourrageurs, en ordre dispersé. Les cavaliers de Michelotti (...) fourrageaient en ordre parfait dans la direction que leur avait fait prendre Angélo (Giono, Bonh. fou,1957, p. 344). 2. Usuel, fam. [Le plus souvent suivi d'un compl. de lieu] Fouiller, mettre du désordre quelque part pour y chercher quelque chose (avec une idée de fébrilité). Fourrager dans un tiroir, dans sa poche, dans son sac. Synon. fureter, fouiner (fam.), farfouiller (fam.), fourgonner (fam.), trifouiller (pop.).Les sourcils froncés, la lèvre fraîche, elle continuait à fourrager à travers les fleurs (Gyp, Cœur Pierrette,1905, pp. 257-258).Pour un oui ou pour un non, la police fourrage dans vos papiers (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 13): 1. Gaspard renonça au café. Il se tourna vers l'armoire. Il ouvrit la porte en s'efforçant de l'empêcher de grincer pour Georges. Et à tâtons, il se mit à fourrager parmi les assiettes, cherchant le pain et le saindoux, et tremblant de causer du bruit.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 209. − En partic. ♦ Fourrager (dans le feu, dans la cendre, dans la cheminée). Tisonner avec excès. Il continuait à fourrager, faisant sortir d'entre les fumées des languettes de flamme (Pourrat, Gaspard,1931, p. 74). ♦ Fourrager dans ses cheveux, dans sa barbe. Les mettre en désordre en y passant la main. Une barbe hirsute et malpropre, où il fourrageait à pleines mains (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1294). ♦ Fam. Fourrager dans + subst. désignant une partie du corps. Synon. pop. peloter.Anatole exprima le désir de palper le mollet (...) quand le jeune homme lui eut fourragé dans le gras des jambes, elle grogna : − En voilà assez (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 83). B.− Emploi trans. 1. Vieilli ou région. (Suisse). Nourrir (le bétail) avec du fourrage. Fourrager le bétail. Synon. affour(r)ager.Un matin, (...) je descendais la rue comme à l'ordinaire pour éveiller Nicole, fourrager les bêtes et les conduire à la pâture (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 48). 2. Parcourir en ravageant. Le troupeau a fourragé cette pièce de blé; les lapins ont fourragé mon jardin (Ac.). Je regardais et laissais M. le Maire fouler, fourrager tout mon pré, comme eussent pu faire douze ou quinze sangliers (Courier, Pamphlets pol.,Gaz. vill., 1823, p. 187).Dans le jardin (...) ou entendait rire et jouer les petits Lorie qui s'en donnaient de fourrager les bordures et les plates-bandes (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 189). 3. Synon. de fourrager dans (cf. A 2).Fourrager un tiroir, une armoire. Séraphie qui (...) venait, quand elle avait le diable au corps plus qu'à l'ordinaire, visiter mes livres et fourrager mes papiers (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 213).Il repartait en chasse, bondissait au bureau, fourrageait les listes (Benjamin, Gaspard,1915, p. 111). − En partic. ♦ Fourrager la cendre, la cheminée. Le vieux, nerveux aussi mais se maîtrisant, fourrageait le feu (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 811). ♦ Fourrager sa barbe, sa chevelure. Les lycéens, dans les salles d'étude, mordillant leur porte-plume ou fourrageant leurs cheveux (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 189): 2. ... Jacques tint un grand conseil avec tante Sophie. La vieille demoiselle fourragea son bonnet de dentelles noires, d'un geste de main coutumier qui semblait tirer de ces coques la résolution de toutes les difficultés graves...
Vogüé, Morts,1899, p. 94. ♦ Pop. Fourrager les seins d'une femme. Les trois copains fourragent les dessous des trois femmes (Romains, Copains,1913, p. 244).J'ai la ressource de fourrager en pensée dans les nichons de Gerty; je peux même (...) entretenir en moi cette volonté formelle de ne pas les fourrager qu'en pensée, et de les peloter réellement (Abellio, Pacifiques,1946, p. 307). − Emploi pronom. réfl. indir. Le garçon se fourrageait la tignasse, sans me regarder (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 42). REM. Fourragement, subst. masc.Action de fourrager. Sa barbe sanglière semblait tirée, comme tourmentée par un fourragement fiévreux de mains (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 209). Prononc. et Orth. : [fuʀaʒe], (il) fourrage [fuʀa:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1357-61 fourragier « couper, amasser du fourrage en parlant des troupes qui ravageaient la campagne pour approvisionner leurs chevaux » (J. Le Bel, Chron., éd. J. Viard et E. Déprez, t. 2, p. 60); 2. a) trans. 1684 « mettre en désordre en faisant des recherches » (N. Le Breton, sieur de Hauteroche, Esprit follet, III, 4 ds Littré); b) intrans. 1691 « id. » (La Bruyère, Les Caractères, éd. G. Servois, t. 3, 1, p. 7 [var.)]. Dér. de fourrage*; dés. -er. |