| * Dans l'article "FOURBIR,, verbe trans." FOURBIR, verbe trans. A.− Vieilli. [Le compl. désigne une arme, l'équipement du soldat] Nettoyer en frottant. Fourbir une baïonnette, une (lame d')épée, un fusil; fourbir des armes à la meule. Synon. astiquer.Les plus pacifiques passaient le jour à fourbir leurs armes, à chasser ou à s'enivrer (Thierry, Récits mérov.,t. 1, 1840, p. 339).Les soldats fourbissaient (...) leur haubert (Grousset, Croisades,1939, p. 275).Cf. astiquer ex. 3. − Au fig. ♦ Fourbir ses armes. ,,S'armer, se préparer à la guerre`` (Rob., Lar. Lang. fr.). P. ext. Se préparer au mieux à affronter un danger, une épreuve (généralement morale). N'ai-je pas eu raison de faire auparavant [avant de me livrer corps et âme au drame en cinq actes] fourbir mes armes par Esculape-Nacquart? (Balzac, Lettres Étr.,t. 2, 1850, p. 220).Elle [la Parisienne] (...) trouvera dans deux magnifiques apparences : Greta Garbo et Marlène Dietrich, l'exemple d'un idéal qui consiste (...) à fourbir contre les hommes les armes du sex-appeal (Cocteau, Portr.-souv.,1935, p. 123). ♦ Préparer avec soin (comme une arme). Fourbir un épigramme. La vie moderne n'exige pas d'autres armes que l'esprit et la bravoure, De Ryons a fourbi son esprit et sa bravoure; mais, à cette défiance continuelle, il a perdu l'habitude de s'abandonner (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 61).Il en est [des hommes] qui préparent leur crime, qui méditent leur trahison, qui fourbissent leur mensonge (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 966). B.− P. ext. [Le compl. désigne des objets domestiques, des surfaces polies] Nettoyer, faire briller en frottant vigoureusement. Fourbir une casserole, des couverts; fourbir qqc. avec de l'émeri, du grès pilé, du sable. Synon. astiquer, polir.Elle garde, comme reliques, une paire de souliers élégants pour la scène (...) elle les fourbit et les enferme comme des armes précieuses (Colette, Belles saisons,1954, p. 102): ... j'ai vu les servantes en sabots blancs, en bonnets volants, en caracos d'indienne, qui fourbissaient les escaliers et frottaient les carreaux; par l'entrebâillement des portes, on aperçoit des acajous resplendissants (...) des cuivres qui brillent comme de l'or; c'est une monomanie de propreté, un vertige, une folie!
Du Camp, Hollande,1859, p. 15. ♦ Emploi abs. Elle [Mélanie] fourbissait, récurait, frottait du matin au soir (Huysmans, En mén.,1881, p. 104). − P. plaisant. [Le compl. désigne une pers.] Nettoyer en frottant vigoureusement, en s'attachant avec minutie à rendre parfaitement propre. On me nettoyait hebdomadairement à la maison (...). On m'avait fourbi le samedi; le dimanche on me passait à la détrempe; ma mère me jetait des seaux d'eau (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 127).May enfonce son index (...) dans chaque narine (...) elle fourbit ses cavités avec la virtuosité d'un plongeur qui rince des flûtes de Champagne (Colette, Entrave,1913, p. 56). − P. métaph. ou au fig. Exécuter, façonner de manière brillante et avec un soin minutieux jusque dans les moindres détails; préparer avec soin. Synon. polir.Il faut au peuple un dieu par les prêtres fourbi (Hugo, Châtim.,1853, p. 354).Vous reverrai-je, mademoiselle? − Je l'espère, monsieur, répondit Clotilde, peu capable, en ce moment-là, (...) de fourbir un protocole (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 96). Rem. Fourbir la marmite, région. (Anjou). La « visite des lieux », promenade à travers les bâtiments et les champs qui appartiennent au père et à la mère de la fiancée (...); parfois cette visite s'étend jusque chez les parents proches ou les parrains et marraines sans enfant et dont les avoirs reviendront plus tard au futur ménage : on dit alors que « l'on fourbit la marmite » (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 24). Prononc. et Orth. : [fuʀbi:ʀ], (il) fourbit [fuʀbi]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 furbir « nettoyer un objet de métal de façon à le rendre brillant » (Roland, éd. J. Bédier, 1925). Du germ. occ. *furbjan; cf. m. h. all. vürben, vurben « nettoyer » (Lexer). Fréq. abs. littér. : 78. DÉR. Fourbissage, subst. masc.Action de fourbir; résultat de cette action. Je suis de quart. Personne encore sur le pont; seulement quelques matelots qui font leur fourbissage (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 248).Rem. Fourbissure, subst. fém,synon. La fourbissure d'une arme (Ac.1798, 1835et 1932). − [fuʀbisa:ʒ]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1402 (Reg. aux publications, 1393-1408, A. Tournai ds Gdf. Compl.); du rad. du part. prés. de fourbir, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 1.BBG. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, p. 73. − Walt. 1885, p. 77. |