| * Dans l'article "FOUILLER,, verbe." FOUILLER, verbe. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne le sol] a) Creuser. On fouille la terre pour établir les fondements (Littré).D'innombrables chevaux hennissent et fouillent le sol du pied dans les écuries du palais (Gautier, Rom. momie,1858, p. 279).Votre martyre n'est pas fini (...) et le fer vous blessera encore, quand la bêche du paysan fouillera votre tombe (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 317). − P. anal. « Si le soldat tremblait, dit-elle, qui m'assure Que le fer jusqu'au fond fouillera la blessure... » (Bouilhet, Melaenis,1857, p. 157): 1. Pour occuper ses doigts, il coupait des baguettes, les taillait, les enjolivait en marchant de toutes sortes d'arabesques; (...) les yeux ne quittant plus son couteau qui fouillait le bois.
Zola, Page amour,1878, p. 863. − P. ext. Malgré les planchettes, ses tibias fracturés lui entrent dans les chairs, des pointes rougies à blanc lui fouillent les moelles (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 757). b) Creuser pour trouver quelque chose. Fouiller l'emplacement d'une cité antique. Poule qui fouille les broussailles (cf. Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 408).Ces étranges cimetières que les bédouins fouillent et bouleversent pour trouver des antiquités destinées aux voyageurs (Du Camp, Nil,1854, p. 78).Je fouillerais, jusqu'à son secret, la terre du pot à fleurs (Colette, Sido,1929, p. 42). ♦ Emploi abs. Le fer en main, tristement nous fouillons, nous arrachons la houille à la terre fangeuse (Barbier, Ïambes,1840, p. 239). 2. P. anal., SCULPT. Creuser avec le ciseau certaines parties d'un ouvrage pour accentuer le relief de l'ensemble. Fouiller le marbre. La fantaisie des architectes gothiques qui fouillent la pierre comme de la dentelle (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 465). − Au fig. Travailler avec minutie et précision. Fouiller une étude, son style. Le conférencier avait fouillé son sujet (Davau-Cohen1972). 3. P. ext. a) [L'obj. de la recherche est d'ordre matériel] Explorer avec minutie et en tous sens l'intérieur d'un endroit ou d'une chose. Fouiller un bois, une valise, une armoire. La force armée cerna l'hôtel et l'envahit; on le fouilla de fond en comble inutilement. Le condamné s'était évanoui comme une vision (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 193).Un loup et un renard, rôdeurs infatigables (...) qui battent tout un pays dans une journée et fouillent une forêt dans une nuit (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 86): 2. M. Vabre (...) ne laissait pas de testament. On fouilla en vain tous les meubles (...); on découvrit seulement sept cent trente-quatre francs en pièces de dix sous, une cachette de vieillard gâteux.
Zola, Pot-Bouille,1882, p. 220. ♦ Emploi abs. : 3. César et son père cherchèrent, fouillèrent et espionnèrent, on ne trouva rien, ou du moins très peu de chose, pour un millier d'écus, peut-être, d'orfèvrerie, et pour autant à peu près d'argent monnayé...
Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 226. − Fouiller les poches, les vêtements de qqn ou, p. ell., fouiller qqn. Examiner soigneusement les poches, les vêtements de quelqu'un pour y découvrir ce qui peut y être caché. Fouiller un voleur. Quoiqu'une jeune fille bien élevée ait ordre de ne pas le faire, je fouillai ses poches (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 197).Le capitaine (...) posa son revolver, que prit le lieutenant. Katow entra et le fouilla : il n'avait pas d'autre arme (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 233). b) [L'obj. de la recherche est d'ordre intellectuel] Faire de minutieuses recherches dans. Fouiller les bibliothèques. Madame Gérard, toujours acharnée à agir, fouilla, pendant deux jours de suite, tous les papiers de famille (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 45).Ce n'est pas très hygiénique pour un quinquagénaire de fouiller les archives de l'Italie méridionale (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 220). 4. Au fig. Fouiller des yeux, du regard; fouiller la vie de qqn. Sarcelotte « donnait ses coups de lanterne », fouillait partout la nuit profondément (Genevoix, Raboliot,1925, p. 253).Je ne vois plus rien : j'ai beau fouiller le passé je n'en retire plus que des bribes d'images (Sartre, Nausée,1938, p. 51). B.− Emploi intrans. 1. Faire un creux dans le sol. Les sangliers, les cochons fouillent (Ac.). − Spéc., ARCHÉOL. Creuser le sol pour mettre à jour des vestiges. Canossa (...) offre les ruines d'une ville immense. On ne peut y fouiller qu'on ne trouve des ruines magnifiques, aussi est-ce défendu (Courier, Lettres Fr. et It.,1805, p. 692). 2. P. ext. Fouiller dans qqc. Chercher une chose précise en déplaçant tout ce qui peut la cacher. J'ai trouvé une fois Françoise, ayant ajusté de grosses lunettes, qui fouillait dans mes papiers (Proust, Prisonn.,1922, p. 366): 4. Elle devait prendre une clef dans un secrétaire, ouvrir, au fond de l'appartement, la chambre de débarras, fouiller dans la penderie, remuer des caisses, des malles, trouver un certain carton vert, qui contenait deux châles de deuil et des voiles de crêpe.
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 264. − Fouiller dans les poches (de qqn), dans sa poche. En explorer le contenu : 5. − « ... Où sont-ils tes vingt sous? dit Robert plein de défiance; tu ne les as jamais eus. »
Lagache fouilla dans sa poche, en retira un mouchoir ayant des nœuds à chaque extrémité; il délia le premier nœud, en tira une pièce de dix sous...
Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 52. 3. Au fig. Faire des recherches pour mettre à jour ce qui était oublié ou perdu. Fouiller dans l'Antiquité, dans l'histoire; fouiller dans sa mémoire, dans le passé de qqn. Il s'occupait d'une histoire des Stuart et me fit demander à fouiller dans nos archives diplomatiques (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 764).Il fouillait avec une obstination acharnée dans ces cinq années de mariage, cherchant à retrouver tout, mois par mois, jour par jour (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 594). C.− Emploi pronom. réfl. Chercher dans ses poches pour retrouver ce qu'on y a mis. Jeuselou, qui se fouillait, changea de visage. Sa bourse! Mais, sacré bonsoir! (Pourrat, Gaspard,1925, p. 226). − Fam., p. iron. [Précédé du verbe pouvoir] Attendre en vain ce qu'on croyait pouvoir obtenir. Il peut se fouiller! Vous avez compté sur mon témoignage! Eh bien! ma petite dame, vous pouvez vous fouiller, si vous avez des poches! (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 264). REM. 1. Fouillé, ée, part. passé et adj.,sculpt. Ciselé avec soin (supra A 2). Et la merveille de sculpture que ce lit (...) avec son bateau sur l'enchevêtrement strié duquel se détache au milieu un listel enfermant un bouquet-miniature si bien fouillé (E. de Goncourt, Mais. artiste,t. 2, 1881, p. 197).Au fig. Travaillé avec minutie. Une étude fouillée. Je ne saurais trop vous dire combien j'ai trouvé votre œuvre excellente d'un bout à l'autre, c'est d'un style très haut, très ferme et très fouillé (Flaub., Corresp.,1860, p. 408). 2. Fouillage, subst. masc.a) Agric. Opération qui consiste à ameublir le sous-sol sans le remonter à la surface (cf. Ballu, Mach. agric., 1933, p. 128). b) Action de fouiller quelqu'un (supra A 3 a). Le fouillage terminé, on redressa Javert, on lui noua les bras derrière le dos (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 342). 3. Fouillement, subst. masc.Action de fouiller (supra A 3 a, b). Le fouillement des livres (Flaub., Corresp.,1851, p. 334).Les forçats (...) revenaient du travail, fouillement d'un chacun (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 319). 4. Fouille-merde, subst. masc. invar.Insecte coléoptère coprophage. (Dict. xixeet xxes.). Au fig., fam. Personne qui enquête sur des affaires douteuses. Certains journaux ont parlé d'« assertions », d'« insinuations », de « calomnies »; un anonyme nous traitant même de « fouille merde » (Les Échos) et un autre confrère-sic de « champignons vénéneux » (L'Humanité) (Le Canard Enchaîné,7 nov. 1979, p. 4). 5. Fouillure, subst. fém.,sculpt. Action de fouiller (supra A 2). La chapelle : délicieuse, ouvrage de fouillure, de ciselé (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 160). 6. Fouillonner, verbe,rare. a) Emploi trans. ou intrans. Fouiller sans application. Il fouillonnait des livres dans une bibliothèque (Huysmans, Marthe,1876, p. 66).Il fouillonnait dans une commode, mettait du linge, en paquet, sur un fauteuil (Huysmans, En mén.,1881, p. 15).b) Emploi trans., au part. passé. Chiffonné. La couche était défaite, les couvertures fouillonnées au hasard des plis (Huysmans, Marthe,1876, p. 84). Prononc. et Orth. : [fuje], (il) fouille [fuj]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1250 « creuser la terre (d'animaux) » (P. Gatineau, S. Martin, 1281 ds T.-L.); 1559 « explorer, chercher en tous sens » (Amyot, Dion, 18 ds Littré). Du lat. vulg. *fodiculare, dér. du class. fodicare « percer » et prob. « creuser », dér. de fodere, v. fouir. Fréq. abs. littér. : 2 121. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 897, b) 4 214; xxes. : a) 3 971, b) 2 742. COMP. Fouille-au-pot, subst. masc. a) Vx. Petit marmiton. Des fouille-au-pot (Ac.). b) Au fig.
α) Fam. Homme méticuleux qui intervient dans les menus détails du ménage. Il reprit ses allures du fouille-au-pot... Et d'économe tatillon (...) il devint tout à fait ladre (Richepin, Cadet, 1890, p. 92).
β) Vulg. ,,Débauché qui aime à palper les femmes`` (Macr. 1883). Pendant le premier mois, Nana s'amusa joliment de son vieux. Il fallait le voir, toujours en petoche autour d'elle. Un vrai fouille-au-pot, qui tâtait sa jupe par derrière, dans la foule, sans avoir l'air de rien (Zola, Assommoir, 1877, p. 725). − [fujopo]. Ds Ac. 1740-1932. − 1reattest. 1706 (J. Moreau de Brasey, Suite au tome III du Virgile Travesty, p. 120 d'apr. J. Pohl ds Fr. mod. t. 31, p. 298); composé de fouille, 3epers. de l'ind. prés. de fouiller*, au* et pot*.BBG. − Gougenheim (G.) Chercher et fouiller. In : [Mél. Harmer (L.C.)] London-Toronto-Wellington, 1970, pp. 17-20. − Quem. DDL t. 6 (s.v. fouille-merde). |