| FORLONGER, verbe. VÉNERIE A.− Emploi intrans. [Le suj. désigne un animal traqué] S'éloigner de son séjour habituel (cf. forpayser). Roger n'est pas là de venir; z'ont débûché sur la Bouvinière, et la bête forlonge (La Varende, Nez-de-Cuir,1936, p. 127). B.− Emploi trans. [Le suj. désigne un cerf traqué par les chiens] Prendre une grande avance sur, distancer, laisser loin derrière. Le cerf a forlongé les chiens (Ac.1932). − Emploi pronom. réfl. La bête de chasse se forlongeait mais c'était au chasseur de ruser, de lui laisser prendre sa distance (Vialar, Bête de chasse,1952, p. 211): ... Ronflant avait rembuché le cerf rouge (...) un cerf vaillant, qui se forlonge et qui échappe après une poursuite de quinze lieues, à un tel cerf un vrai veneur doit son hommage.
Genevoix, Dern. harde,1938, p. 172. Rem. On relève l'inf. subst. forlonger. Il [La Futaie] veut revoir le Rouge (...) avant que les vieux hêtres gris aient refermé sur lui [un cerf] les rangs profonds de leur colonnade. Il sait qu'(...)il va poursuivre une bête invisible (...) sur les voies de son forlonger (Id., ibid., p. 204). Prononc. et Orth. : [fɔ
ʀlɔ
̃
ʒe], (il) forlonge [fɔ
ʀlɔ
̃:ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 forsloignier trans. « éloigner » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 21990); 2. ca 1375 vén. intrans. « (du gibier) prendre une avance considérable sur les chiens » (Modus et Ratio, 22, 121 ds T.-L.). Issus de éloigner* pour 1 et de élonger* pour 2 par substitution du préf. fors* au préf. (e)s-, cf. FEW t. 5, p. 405 a et 414 a. Pour le mot et sa famille, v. Tilander Mél., pp. 124-140, qui cite déjà chasser de forsloigné ds La Chace dou cerf (2emoitié xiiies.). |