| FORCENER, verbe trans. Vieilli. Rendre fou furieux. Être vaincu! Une semblable idée le forcenait. Il acquiesça en apparence aux conseils de son ami, mais à l'air sombre et farouche de son visage on eût pu deviner que quelque noir projet de vengeance s'ébauchait déjà dans sa cervelle (Gautier, Fracasse,1863, p. 249).Crime! ô le plus affreux des meurtres, flatterie! (...) Dénaturer un cœur! forcener un cerveau! (Hugo, Pitié supr.,1879, p. 108).Rem. Ds la docum. 2 attest. au sens de « rudoyer, malmener ». Il s'approcha de Gringoire et le poussa rudement par l'épaule. Gringoire se leva. − C'est vrai, dit-il, j'oubliais que nous sommes pressés. − Ce n'est pourtant point une raison, mon maître, pour forcener les gens de la sorte (Id., N.-D. Paris, 1832, p. 525). Les allées et venues des vagues, entre temps, frappaient les corps et forcenaient la barque (Queffélec, Recteur, 1944, p. 124). REM. Forsenant, ante, part. prés. employé comme adj. (graph. conforme à l'anc. orth.),vén. Chien forsenant. Chien qui a beaucoup d'ardeur. (Dict. xixes.). Prononc. et Orth. : [fɔ
ʀsəne], (il) forcène [fɔ
ʀsεn]. Ds Ac. 1694, s.v. forsener (d'apr. sens) mais avec l'indication : ,,On escrit ordinairement forcener.`` L'adj. est plus usité. Étymol. et Hist. A. 1. Adj. ca 1050 forsenede « qui est hors de sens, qui perd la raison » (Alexis, éd. Chr. Storey, 423); 2. verbe a) intrans. ca 1150 « être, devenir fou de colère » (Charroi de Nîmes, éd. D. Mc Millan, 79 : a pou n'est forsenez); b) trans. 1553 forcener « égarer, rendre fou, furieux » (O. de Magny, Les Amours, sonn. 99 ds Hug.).
B. Subst. 1174-76 forsené « personne en proie à une crise de folie furieuse » (G. de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4906). Composé de la prép. fors*, de l'a. subst. sen « raison, intelligence, sagesse » (v. sens) et du suff. -é; dés. -er. L'orth forcené est due à un rapprochement avec force. Fréq. abs. littér. : 3. |