| FLUER, verbe intrans. Littéraire A.− Couler. La fontaine fluait à cinq pas devant la porte (Pourrat, Gaspard,1922, p. 41). ♦ En partic., MÉD. [Le suj. désigne un liquide ou une sérosité s'échappant du corps] Couler, s'épancher. L'humeur qui flue de ses oreilles (Ac.). − P. ext. Se répandre. Devantures, chansons, omnibus et les danses Dans le demi-brouillard où flue un goût de rhum (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 2, Amour, 1888, p. 23).Sens-tu fluer vers toi les parfums d'alentour, − Ton corps est cette nuit profond comme la terre (Noailles, Cœur innombr.,1901, p. 33). − Spéc. [Le suj. désigne la mer effectuant son mouvement de marée] Monter. La mer flue et reflue (Ac.1835, 1878) : 1. ... la cause non encore examinée du cours de l'océan indien, qui flue six mois vers l'orient et six mois vers l'occident...
Bern. de St-P., Chaum. ind.,1791, p. 71. B.− P. métaph. ou au fig. [En parlant du temps] Se dérouler. Diderot accueillant tout et faisant confiance à la vie qui flue et reflue et s'écoule et se recompose (Faure, Espr. formes,1927, p. 115). 1. [En parlant de ce qui échappe plus ou moins à notre contrôle] S'écouler : 2. Il déplore que nous n'ayons pas, chacun de nous, un Eckermann, un individu « sans vanité personnelle aucune », notant, selon mon expression, tout ce qui flue de nous d'original dans les moments d'abandon...
Goncourt, Journal,1888, p. 858. 2. [En parlant des conséquences d'une chose] Découler. Les premiers vouloient que le gouvernement découlât des mœurs; les seconds que les mœurs fluassent du gouvernement (Chateaubr., Essai Révol.,t. 1, 1797, p. 168). Rem. S'emploie souvent en parlant d'une façon fluide de s'exprimer. Grâce à ce débarras qu'il a bravement procuré dans ses livres, la pensée flue pure d'un cours limpide et sinueux sous les mille ombrages fleuris (Verlaine, op. cit., t. 3, Tout bas, 1896, p. 141). REM. 1. Fluant, ante, part. prés. et adj.Qui change. L'intelligence fonctionne en partie pour couvrir de schémas la fluante réalité (Mounier, Traité caract.,1946, p. 614). 2. Fluée, subst. fém.,au fig. Fait de fluer sans arrêt. Et le salon, avec sa tapisserie de vieilles dames qui dorment le long d'un mur (...) et l'averse des conversations, la fluée des sornettes, la pluie sans fin des polkas et des valses! (Huysmans, En mén.,1881, p. 4). Prononc. : [flye], (il) flue [fly]. Étymol. et Hist. 1281 « couler » (Livre Roisin, 296 ds T.-L.); spéc. méd. 1370 (N. Oresme, Le Livre de Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 502). Empr. au lat. class. fluere « couler ». Fréq. abs. littér. : 53. DÉR. Fluage, subst. masc.,technol. Phénomène de déformation lente d'un métal solide soumis, dans un espace fermé et ne présentant qu'un trou d'échappement, à des pressions fortes et constantes, à une température normale ou supérieure à la normale, et qui le fait se comporter comme un liquide visqueux. Cf. J. phys. et Radium, 1928, p. 504.− [flya:ʒ]. − 1reattest. 1922 (Lar. univ.); du rad. de fluer, suff. -age*. BBG. − Gohin 1903, p. 364. |