| FLIBUSTIER, subst. masc. A.− [Aux xviieet xviiies.] Membre d'une association de pirates des mers d'Amérique. Les flibustiers ont fait des entreprises qui demandaient une audace extraordinaire (Ac.1932) : 1. ... ces fameux et célèbres flibustiers, si remarquables par le mélange des races humaines, par le courage porté à l'excès, ainsi que la résolution, l'amour du pillage et la cruauté.
Balzac, Annette,t. 1, 1824, p. 167. B.− Au fig. Celui qui vit de vol, de fraude, d'escroquerie. Un comportement, une existence de flibustier. Cet homme d'affaires est un flibustier (Littré) : 2. Cette criminologie à col blanc [des classes aisées et moyennes, d'après les Américains] se rencontre surtout dans les milieux d'affaires, de banque et de finances, et les noms des grands flibustiers comme Ivar Kruger, Staviski, Lovenstein, Joanovici, sont encore dans toutes les mémoires.
Traité sociol.,1968, p. 222. − Emploi adj., rare. [En parlant de pers. ou de leur comportement] Qui est voleur; qui est d'un voleur. Ces aptitudes flibustières dont s'honore la Bourgeoisie (Bloy, Lieux communs,1902, p. 211). Prononc. et Orth. : [flibystje]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Subst. 1666 « corsaire des îles d'Amérique » (J. Clodoré, Memoire sur la ville de Saint-Domingue, ms. des Archives nationales, Colonies, C 9 B (1), 2 ro-vods Fr. mod. t. 45, p. 32); adj. 1722 (J.-B. Labat, Nouveau voyage aux Iles d'Amérique, II, 250, ibid., t. 26, p. 51); 2. subst. a) 1756 « brigand, voleur à main armée » (Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, éd. R. Pomeau, t. 1, p. 180); b) 1828-29 « homme malhonnête, escroc, filou » (Vidocq, Mém., t. 4, p. 50); adj. 1859 « personne d'une conscience peu délicate » (Bonn.-Paris). Empr., dans la région des Antillescf. R. Arveiller, Sur l'origine du français « flibustier » ds Fr. mod. t. 45, 1977, p. 22-32) à l'angl. freebooter « corsaire » (dep. 1570 frebetter ds NED); également empr. par le néerl. vrijbuiter de même sens (dep. Kiliaen, cf. Valkh.), cf. aussi l'a. liégois vribute, vributeur « voleur de grand chemin » (Gdf.) et le m. b. all. vributer, cf. all. Freibeuter. Le passage de fr- à fl- (cf. flibuste) peut s'expliquer par l'infl. de flibot « sorte de petit navire », du néerl. vlieboot « petit cargo ». La forme flibustier avec un -s- est une hypercorrection, d'abord purement graphique, qui a fini par entrer dans la prononc. au début du xviiies. comme dans d'autres mots en -st-. Fréq. abs. littér. : 48. Bbg. Aebischer (P.). Au dossier du fr. flibustier, esp. filibustero. R. Ling. rom. 1969, t. 33, pp. 38-52. − Arv. 1963, pp. 231-233. − Boulan 1934, p. 108, 142. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 289. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 412. − Pamart (P.). Néol. Vie Lang. 1971, p. 370. − Quem. DDL t. 3. |