| FLEUR, subst. fém. Partie de certains végétaux contenant les organes reproducteurs, souvent odorante et ornée de vives couleurs. A.− Domaine concr. 1. BOT. ,,Une fleur complète comprend d'ordinaire quatre cercles concentriques ou verticilles de pièces florales insérées sur le réceptacle (...); ce sont, de dehors en dedans : 1. le calice (...); 2. la corolle (...); 3. l'androcée ou organe mâle, formé d'étamines (...); 4. le pistil ou organe femelle`` (Bot. élém., Classes de cinquième A et B. Paris, Larousse, s.d., p. 45). Pétale de fleur, fleur printanière, fleur double : 1. ... l'enfantement progressif du raisin s'élabore. Chaque grappe de fleurs se change en grappe de grains, aussi fournie qu'il y a de pistils, tandis que la parure embaumée qui enveloppait les parties vitales se dessèche et s'en va, à mesure que le fruit est conçu...
Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 85. 2. Usuel a) La fleur elle-même, le rameau qui la porte et, p. ext., plante que l'on cultive pour l'agrément. Fleurs coupées; planter des fleurs; arroser des fleurs; pot, parterre de fleurs. Le vent secouait les grands arbres en fleurs, et c'était une pluie de pétales d'un rouge de carmin qui tombaient jusque dans l'église (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 157).Alors on voit, un bouton de rose se former, s'ouvrir, s'épanouir en fleur et mourir (Barrès, Cahiers, t. 10,1914,p. 289);)cf. bouquet1ex. 2 : 2. ... toutes les fleurs diverses, toutes les fleurs libres, bleues, rouges, jaunes, violettes, lilas, roses, blanches, si gentilles, si fraîches, si parfumées, toutes les fleurs de la nature qu'on cueille en se promenant et dont on fait de gros bouquets.
Maupass., Contes et nouv.,t. 2, M. Parent, 1886, p. 617. ♦ Eau de fleur d'oranger (cf. Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog.,t. 1, 1821, p. 239). ♦ En fleur (au sing.), lorsqu'il s'agit de fleurs de la même espèce : arbre, pommiers en fleur; en fleur signifie : « dans le temps de la floraison ». En fleurs (au plur.), lorsqu'il s'agit de différentes espèces de fleurs : une prairie, un verger en fleurs; en fleurs évoque la multiplicité de fleurs, d'où le pluriel. ♦ Fleur de la passion. Fleur dont les différents éléments représentent les instruments de la Passion du Christ. Synon. grenadille, passiflore. ♦ Tisane des quatre fleurs. Tisane pectorale de fleurs de mauve, de pied-de-chat, de pas-d'âne et de coquelicot. − Locutions ♦ Fleur au fusil. [En parlant des soldats partant en guerre avec des fleurs ornant le canon du fusil] Avec enthousiasme, joie, entrain. Fleur au fusil, tambour battant il va Il a vingt ans, un cœur d'amant qui bat (...) Quand un soldat s'en va t'-en guerre, il a (...) (F. Lemarqueds Le Livre d'or de la chanson fr.,Paris, Éd. Ouvrières, t. 3, 1975, pp. 196-197).V. aussi Prévert, Paroles, 1946, p. 111. ♦ (La petite) fleur bleue. Cf. bleu. ♦ Langage des fleurs. Signification symbolique attachée aux fleurs isolément (selon leur espèce, leur couleur) ou assemblées (selon leur disposition). Le langage des fleurs, à cause de sa nature même, ne peut être ni devenir un langage grammatical; il est et restera toujours un langage hiéroglyphique (L. de Laere, F. Fertiault, F. de Melmecey, La Fleuriste des salons,Bruxelles, Bruylant-Christophe et Cie, s.d. [1856], p. 186). ♦ Passer fleur. [En parlant de la vigne et des arbres fruitiers dont les fleurs passent sans qu'aucune intempérie n'empêche la formation des fruits] Il fait beau ce soir, nous aurons une belle journée demain! − Un beau temps pour que les pommiers passent fleur! (Balzac, Vieille fille,1836, p. 349).L'expression passer fleur n'est pas, je dois le dire, de la façon de l'écrivain [Mmede Gasparin]. « Dans tout le centre de la France, m'écrit-on, dans l'Ouest, dans le Poitou, il n'y a pas un jardinier qui s'exprime autrement » (Sainte-Beuve, Nouv.. lundis,t. 9, 1863-69, p. 263).Au fig. Alors on reconnaissait des figures de jeunes filles, d'autres ayant passé fleur depuis longtemps et jusqu'à des vieillardes (Guèvremont, Survenant,1945, p. 117). ♦ (Prière de n'envoyer) ni fleurs, ni couronnes. [Dans un faire-part de décès] Prière de n'envoyer ni fleurs coupées, ni couronnes mortuaires. À son enterrement, où il n'avait voulu ni fleurs ni couronnes (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 170).P. ext., fam. De manière simple. − Proverbe. Il ne faut pas battre une femme, même avec une fleur. Battre les femmes avec une fleur, eh, pourquoi faire? Ça ne leur ferait pas du tout de mal (P.-J. Toulet, Les Trois impostures,Émile-Paul, 1925, p. 29). − Loc. pop. et fam. ♦ Comme une fleur. De manière douce, ingénument. Ce qu'il faudrait, c'est le filet des gladiateurs romains que j'ai vu un jour au ciné : avec ça, t'aurais le bul [Bulgare] comme une fleur et vivant! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 145).Ingénument, de manière confiante. ♦ Être fleur. [P. réf. à la fleur coupée, fauchée] Être démuni d'argent. Cf. Céline, Mort à crédit, 1936, p. 69. ♦ P. métaph. Synon. de cadeau, pourcentage, avantage consenti à qqn. (sur une affaire).Faire une fleur à qqn. Il demandait pour lui-même qu'une « fleur »... si j'obtenais la commande... rien que cinq pour cent... C'était pas exagéré (Céline, Mort à crédit,1936p. 204). − Arg. Fleur de nave*. b) P. compar. Couleur rose fleur de pêcher (Lapparent, Minér.,1899, p. 557).Couleur d'un rouge fleur de pêcher (Lapparent, Minér.,1899p. 572). 3. [Reproduction de la fleur] a) Fleur artificielle. Fleurs en papier. Fleurs artificielles en cire. − On les fait (...) en cire d'abeille, bien blanchie et de première qualité (Rousset, Trav. pts matér.,1928, p. 76).Cf. Barrès, Greco, 1911, p. 111; Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 39. b) [En représentation dans l'art] Elle venait de jeter, sur une autre feuille, toute une grappe de fleurs imaginaires, des fleurs de rêve, extravagantes et superbes (Zola, Dr Pascal,1893, p. 11): 3. Le décor le plus fréquent semble avoir consisté en fleurs simples dans le goût de la décoration sur porcelaine; un peu plus tard, on rencontre des bouquets de fleurs, le dessin entourant la fleur faisant un cerne noir (la fleur ainsi exécutée est dite « chatironnée »); on voit aussi des fleurs en relief.
G. Fontaine, Céram. fr.,1965, p. 66. ♦ Fleur de lys/lis. Fleur de nature contestée, généralement connue comme fleur de lys d'eau ou d'iris, qui, stylisée, servait d'emblème à la royauté en France à partir du xiiesiècle; p. ext., symbole de la monarchie. L'œuvre polémique qu'accompliront, au cours du XVIIesiècle, contre la monarchie des fleurs de lys, tous les propagandistes comtois anti-français (L. Febvre, Combats pour hist.,Langue en fr. xviiies., 1926, p. 195).Une tente fleurdelisée montre qu'ils [les grands feudataires] sont « princes des fleurs de lis », c'est-à-dire proches parents du roi de France (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 418): 4. ... le sceau in absencia magni fit son apparition sous Philippe VI de Valois sous la forme de trois fleurs de lis surmontées d'une couronne.
L'Hist. et ses méth.,1961p. 414. B.− [P. réf. à une qualité particulière de la fleur] 1. [P. réf. à la position de la fleur à l'extrémité supérieure de la plante, du rameau] Ce qui est à la surface de quelque chose; ce qui est supérieur à quelque chose. [P. réf. à la floraison] Époque où certaines personnes ou certaines choses sont dans toute leur beauté, dans tout leur éclat. Façon ingénieuse, compréhensive et délicate de discourir sur toutes les surfaces des choses, de cueillir la fine fleur de tous les sujets, de se promener en observateur multiple dans un coin de l'universel (Renan, Avenir sc.,1890, p. 142): 5. − J'aurais dit qu'en se peignant lui-même, La Fontaine avait fait le portrait de l'artiste, de celui qui consent à ne prendre du monde que l'extérieur, que la surface, que la fleur. Puis j'aurais posé en regard un portrait du savant, du chercheur, de celui qui creuse, et montré enfin que, pendant que le savant cherche, l'artiste trouve...
Gide, Faux-monn.,1925, p. 1142. ♦ P. métaph. À l'ombre des jeunes filles en fleurs, roman de Proust. a) [Sans valorisation] − Domaine techn. ♦ CHIM. ANC. Substances réduites en poudre et sublimées. Fleurs de soufre, de zinc, d'arsenic, d'antimoine (Ac.1932).Cf. Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 554; Garcin, Guide vétér., 1944, p. 143; Levadoux, Vigne, 1961, p. 81. ♦ NUMISM. Fleur de coin (cf. coin1B). ♦ TANN. Côté de la peau tourné vers l'extérieur et qui portait les poils. Cf. côté ex. 6. − Loc. prép. À fleur de. Synon. à ras de, à même. ♦ À fleur d'eau. Une flaque de lumière au loin, c'était la mer à marée basse. Quelques écueils à fleur d'eau trouaient de leurs têtes cette surface de clarté (Sartre, Nausée,1938, p. 73). ♦ À fleur de sol. On laboure la vigne en rejetant la terre au milieu du sillon, on la déchausse pied par pied. On aère ainsi la souche, on détruit son système radiculaire à fleur de sol, on la force à chercher en dessous, dans la masse remuée par la charrue défonceuse et plus outre, les couches vierges où tout est substance (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 110). ♦ À fleur de peau. Il était tout en vif-argent. Il était pur. Et sensible comme un thermomètre. La sensibilité à fleur de peau. Et par là, il était moderne (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 334). b) [Avec valorisation] La meilleure partie, la plus belle d'une chose. La fleur de la chevalerie. Synon. choix, élite.Ces travailleurs récoltaient du froment la plus pure des fleurs (Jammes, Géorgiques,chants 1-2, 1911, p. 6).L'homme sélectionne pour tirer la fleur de tout (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 255).La bourgeoisie spirituelle, la vraie, la pure, la très vaticane, la non moins patriote, le sel de la terre, la fleur des élus (H. Bazin, Vipère,1948, p. 112): 6. ... le clergé séculier ne peut être qu'un déchet, car les ordres contemplatifs et l'armée des missionnaires enlèvent, chaque année, la fleur du panier des âmes...
Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 72. ♦ (Fine) fleur (de farine). Cf. fin2II B 1 b. − Région. (Canada). Synon. de farine.Le lundi matin on ouvrait une poche de fleur et on se faisait des crêpes plein un siau (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 75). − Fam. [Souvent en parlant d'une pers.] La fleur des pois. Ce qu'il y a de plus élégant, de plus recherché. Le plus brillant, est le vicomte d'Escarel, une vraie fleur des pois, la coqueluche de ces dames (Feuillet, Voyageur,1884, p. 237). 2. [P. réf. à l'évocation, à l'aspect de la fleur] a) P. métaph. Ces étranges fleurs minérales qu'on nomme roses du Souf (Gide, Feuilles de route,1896, p. 82).Papillon, fleur vagabonde (Renard, Journal,1908, p. 1191): 7. Car ce sont de vraies fleurs que ces filles dans leur robe de danse, corolle renversée, leurs jambes en pistil secret que découvrent la volte ou certains pas chassant l'étoffe et son ampleur.
T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 112. b) Au fig. [Par évocation de la fleur, de sa fragilité, de sa fraîcheur, de son éclat] Je ne dirai point ces choses, car l'émotion perdrait sa fleur de spontanéité sincère, à être analysée, pour l'écrire (Gide, Journal,1890, p. 14).Car la femme estivale est belle, et une fleur de féminité (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 666): 8. Ceux [des portraits] exposés au présent Salon sont charmants, surtout celui d'une petite fille assise de profil, qui est peinte avec une fleur de coloris telle qu'il faut remonter aux anciens peintres de l'école anglaise pour en trouver une qui l'approche. Curieusement épris des reflets du soleil sur le velouté de la peau, des jeux de rayons courant sur les cheveux et sur les étoffes, M. Renoir a baigné ses figures dans de la vraie lumière et il faut voir quelles adorables nuances, quelles fines irisations sont écloses sur sa toile!
Huysmans, Art mod.,1883, p. 203. ♦ Les Fleurs du Mal. Titre d'un recueil de poèmes de Baudelaire. Qu'est-ce qu'il a écrit, Baudelaire? − Les Fleurs du Mal. − Ah! − Rassurez-vous. Ce sont des fleurs de beauté, des confidences, des tendresses, des terreurs (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 134). 3. [P. réf. à la fleur considérée comme une production de la plante] Expression, fruit, résultat (de quelque chose). a) J'ai rencontré dans les stades féminins quelques jeunes filles, extrêmes fleurs de ces familles de noblesse bretonne (Montherl., Olymp.,1924, p. 281): 9. Aux deux phases de la pensée humaine correspondent, en effet, deux sortes de littératures : − littératures primitives, jets naïfs de la spontanéité des peuples, fleurs rustiques mais naturelles, expressions immédiates du génie et des traditions nationales; − littératures réfléchies, bien plus individuelles ...
Renan, Avenir sc.,1890, p. 265. b) Vous nous trouverez toujours prêts à faciliter l'éclosion de la plus humble fleur de justice sur le terreau décomposé de la société capitaliste (Vogüé, Morts,1899, p. 5).L'art lui-même, cette fleur délicate jaillie des profondeurs communes à tous les hommes (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 199): 10. Dans les merveilleux, dans les très douloureux jardins des âmes
Peuple jardinier qui as fait pousser les plus belles fleurs
De sainteté Par la grâce de cette petite espérance.
Péguy, Porche Myst.,1911, p. 272. 4. [P. réf. à l'épanouissement de la fleur et à la floraison] La plus belle époque. a) Étape transitoire (maximum, plénitude, épanouissement au physique ou au figuré) précédant le début du déclin. Assurément elle avait perdu ce qu'on est convenu d'appeler la fleur de la jeunesse (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 20).Cela va bien (...) tant que la nation est saine et dans la fleur de sa virilité. Mais un jour vient où son énergie tombe (Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 985): 11. Celui qui veut vendre, c'est moi, qui suis à la fleur de l'âge. Cinquante-et-un ans! Quoi! C'est le milieu de la vie.
Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 166. b) Vieilli. La première vue, le premier usage de. Voilà une étoffe qu'on n'a encore montrée à personne, vous en aurez la fleur (Ac.1798-1878).Ce matin, elles ont tâché de se lever avant leurs voisines pour que leurs vaches aient la fleur de l'eau à la fontaine (Pourrat, Gaspard,1931, p. 31): 12. ... il lui restait à l'âme une singulière et inexplicable rancune contre feu Souris qui avait possédé cette femme le premier, qui avait eu la fleur de sa jeunesse et de son âme, qui l'avait même un peu dépoétisée.
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Vengeur, 1883, p. 911. c) Absol. La virginité (d'une femme). Trahie, vendue, outragée et goujatement lapidée d'ordures par celui même à qui elle avait sacrifié son unique fleur, quel châtiment rigoureux pour la folie d'un seul jour! (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 36).La fille du roi de France et de « la reine Constantine », enlevée par un chevalier, et voulant garder sa fleur, lui dit qu'elle est fille de lépreux, de sorte qu'il ne la touche pas (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1445). 5. [P. réf. à l'emploi, l'aspect décoratif, ornemental de la fleur] a) Agrément verbal. − Compliment, louange décerné(e) à quelqu'un (oralement ou par écrit). Jeter des fleurs à qqn. Il devrait me couvrir de fleurs et il me jette à la porte. Il a sûrement un but (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 224). − Fleurs (de rhétorique). Ornements conventionnels ou poétiques du style, du discours; rhétorique. Justinien reprit; rien ne décourageait son éloquence. À présent, c'était le comte de Passavant qu'il couvrait de fleurs de sa rhétorique (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1166).Je ne peux plus lire Nolhac du tout : ce style tout en fleurs défleuries, ces pâles bénédictions académiques (Du Bos, Journal,1928, p. 56): 13. Ils se moquent de Realito, et des fleurs exubérantes du verbalisme andalou, héritier direct du style oriental. Ils réprouvent que, pour des entrechats de donzelles, Realito, transportant dans sa littérature le saint délire de la chorégraphie, invoque à tout bout de champ les glorieux ancêtres et la conquête des Indes...
Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 669. b) Agrément de valeur morale. − Non indispensable à l'essentiel. En de certains jours comme aujourd'hui, par exemple, je m'étonne de n'en pas crever. Si vous saviez ce que je fais vous auriez pitié de moi! Et dans une vie si aride pas « une fleur », rien? Voilà le vrai (Flaub., Corresp.,1879, p. 269).Il s'obstina, ne dit qu'une messe basse, expédia les cinq communiants, n'ajouta pas une fleur, pas un oremus de consolation (Zola, Terre,1887, p. 272). − Ornement, agrément cachant la véritable nature de quelque chose : 14. Mais la vérité suprême, conclut-il avec lyrisme, c'est qu'au-dessus des maîtres apparents, il y aura les maîtres cachés. J'en suis et vous en êtes. Seulement, avant, pour nous, le chemin n'est pas précisément couvert de fleurs ...
Abellio, Pacifiques,1946, p. 72. ♦ Expression. [En parlant de qqc. qui est dangereux, caché sous des apparences séduisantes] Le serpent est caché sous les fleurs. Sans doute, reprit le moine, ce n'est qu'après l'avoir lu [Lamennais], quand on y réfléchit, qu'on aperçoit le serpent caché sous les fleurs de la séduction (Sand, Nouv. lettres voy.,1876, p. 78). Prononc. et Orth. : [flœ:ʀ]. Enq. /fløʀ/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 bot. flor (Roland, éd. J. Bédier, 2871); 2. ca 1100 flur « élite, le meilleur de quelque chose » (ibid., 2431); 3. 1121-34 « fine farine » (Ph. Thaon, Bestiaire, 983 ds T.-L.); 4. xives. a la fleur de l'iaue (Modus et Ratio, 80, 69, ibid.). Du lat. flos, floris « fleur; partie la plus fine de quelque chose » au fig. « élite »; le sens 4 peut-être p. réf. à l'idée de « partie la meilleure de quelque chose » d'où « partie supérieure » et « surface de quelque chose » ou bien d'apr. les emplois agric. fleur de vin « moisissures à la surface » et surtout fleur de lait « crème », la loc. paraissant s'être formée en Normandie (cf. affleurer). Fréq. abs. littér. : 15 502. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 23 765, b) 26 601; xxes. : a) 24 900, b) 16 417. Bbg. Buyssens (E.). Le Double probl. de la fleur de lis. Archivum linguisticum. 1951, t. 3, pp. 38-44. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 248. − Duch. Beauté 1960, pp. 102-103. − Giese (W.). Myosotis, ein Beispiel volkstümlicher Namengebung. Beitr. rom. Philol. 1966, t. 5, pp. 168-170. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 318. − Lommatzsch (E.). Blumen und Früchte im altfranzösischen Wörterbuch. Z. fr. Spr. Lit. 1966, t. 76, pp. 312-336. − Quem. DDL t. 8, 14. − Rommel 1954, p. 112, 114, 117, 120. − Spitzer (L.). Fleur et rose, synon. par position hiérarchique. In : [Mél. Pidal (M.)]. 1950, t. 1, pp. 135-155. |